C’est dans ce contexte que Vincent reprend sa route. On l’attendait à Constance, il semble en prendre le chemin mais il ne s’y rendra pas. À travers les Corbières et la région toulousaine, il gagne le Massif Central, se recueille à Notre-Dame du Puy, le Lourdes du Moyen-Âge. C’est là qu’il reçoit une première invitation du Duc de Bretagne, Jean V, mais il continue sa route vers le Nord, il passe à Issoire ; Clermont et Montferrand gardent le souvenir de sa présence.
Il est à Lyon en avril 1417. Il prêche en Bourgogne et en Franche-Comté où il rencontre à deux reprises sainte Colette de Corbie, la réformatrice des clarisses. Le prédicateur itinérant et la mystique cloîtrée, qui avaient appartenu l’un et l’autre à l’obédience d’Avignon, conféreront sur l’état de l’Église et prieront ensemble pour son unité en voie de reconstruction. S’il avait eu l’intention d’aller à Constance où les Pères Conciliaires le réclamaient, il semble bien qu’après ses entre- tiens avec sainte Colette du 4 au 9 juin 1417, sa route l’en éloigne.
Quand on sait que le Concile de Constance, dominé par les universitaires (10), devait consacrer les thèses du conciliarisme, proclamer la supériorité du Concile œcuménique sur le pape et organiser le gouvernement de l’Église par des assemblées conciliaires décennales, on comprend les réticences de Vincent Ferrier.
Il prend donc le chemin de la France profonde, de Nevers à Bourges où au mois de décembre il reçoit une deuxième invitation de Jean V, de Bourges à Tours où le Duc de Bretagne lui adresse une troisième lettre. C’est à Tours qu’il apprend, par des envoyés du Concile de Constance, l’élection du Pape Martin V, le 11 novembre 1417. Le nouveau Pape le confirme dans sa mission de légat du Christ.
(10) Participent au Concile de Constance : outre une trentaine de cardinaux et cinq cents évêques, plus d’un millier de nobles et deux mille universitaires