Mouvement de passage animé par des veufs/ves ayant traversé l’épreuve du deuil, « Espérance et vie » s’adresse à toutes celles et ceux qui, après la perte douloureuse de l’être cher, ont un chemin à parcourir : de la douleur à l’acceptation de l’absence définitive et, au bout, le recouvrement de la joie de vivre.
« Quand les jours sont plus sombres et plus courts, il faut veiller à ne pas s’isoler chez soi » ; « Quand il y a une réunion de famille, la ‘place vide’ se ressent davantage » ; « on attend les coups de fil des enfants, tout en étant conscients qu’ils sont très occupés » ; « les dates anniversaires sont éprouvantes ». Quelles qu’aient été les circonstances du décès de leur époux(se), leurs expressions se font échos, traduisant une commune expérience du veuvage.
Vivre la solitude dans le veuvage
Proposée sur le thème de « vivre la solitude dans le veuvage », la récente rencontre du mouvement «Espérance et vie» (mouvement chrétien pour les premières années de veuvage) aura une fois encore permis à ses membres de partager leurs joies et leurs difficultés, afin de guérir et d’aller de l’avant.
Sous l’impulsion de veufs et veuves qui ressentent le besoin de partager et d’avancer, plusieurs équipes sont nées, en différents secteurs du département : Languidic, Hennebont, Josselin, Muzillac, Arradon, … « Au bout d’un moment, nous pouvons aller jusqu’à dire que notre deuil se change en allégresse, nous découvrons la communion des saints ; celui qui est parti est toujours présent », témoigne Thérèse le Jallé, présidente du mouvement, après 13 années de veuvage. « Notre souhait serait d’accompagner, sur le diocèse, toutes celles et ceux qui sont dans la souffrance : on voudrait bien que les autres guérissent aussi »…
Cette dynamique de guérison, dans laquelle les personnes désirent entraîner leur prochain, anime le mouvement. « ‘Espérance et vie’ permet de traverser le deuil. Quand on a soi-même été guéri(e) dans cette traversée, il est important de prendre conscience que l’on peut être témoin auprès des autres que cette guérison est possible » renchérit Thérèse.
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PROCHAINEMENT : Rassemblement national à Lourdes les 14, 15 et 16 avril 2016
Pas si seuls !
Après une réflexion sur « la solitude dans le veuvage » du Père Jean Jouvence, aumônier du mouvement, Marie-Françoise Lemercier, psychologue et bénévole du service « Ecoute Sainte-Anne », est intervenue à son tour sur cette solitude que vivent les veufs et les veuves. Forte de son expérience dans l’écoute et l’accompagnement, Marie-Françoise a égrené quelques remèdes très concrets. En premier lieu, il est essentiel de poser un regard positif sur son vécu, afin de pouvoir se reconstruire. « La solitude, le vide, le manque demeurent sous forme de cicatrice mais l’amour qui a été porté au défunt et qu’il a lui-même donné ne disparaîtra jamais ».
« Souviens-toi et va ! »
- Trouver des occasions de souder les liens familiaux.
- Découvrir des activités qui permettent de se ressourcer (le corps physique, le corps psychique et le corps spirituel) : faire des retraites, etc.
- Programmer dans le temps les activités, pour se donner des buts.
- Partager son vécu avec d’autres veufs/ves.
- Développer ses dons et talents
- Prendre le temps de nourrir sa richesse intérieure. Se centrer non plus sur soi mais en soi :
« Intériorisez ! Vous souffrirez moins. ‘Souviens-toi’ et ‘va’ ! sont deux mots-clés dans la Bible », souligne Marie-Françoise. Si la solitude découle souvent d’évènements qui lui sont extérieurs, la personne elle-même peut en être la cause, « lorsqu’on s’isole volontairement, que l’on bâtit sa tour d’ivoire, que l’on développe de l’agressivité, etc. », alerte Marie-Françoise. « Autrefois, la solitude était assumée en famille. Aujourd’hui, les personnes se retrouvent plus souvent seules face aux grandes questions de leur existence. La réflexion sur la mort, le sens de la mort, … L’antidote est la communication, la parole, … ».
Apprivoiser la solitude
La peur de la solitude s’estompe lorsque les personnes vivent dans un réseau relationnel chaleureux, rempli d’attention et de préoccupation pour le devenir des autres. « Se centrer en soi est un travail intérieur de toute une vie. Nous avons besoin de solitude pour pouvoir intégrer les évènements de notre vie et les intérioriser. Quand nous cherchons l’excitation à l’extérieur de nous-même, nous vivons une dispersion sans être présent à nous-même (activisme) ».
La solitude peut être vécue dans l’isolement, l’absence de communication, le refus de l’engagement : c’est alors qu’elle détruit. Mais, si elle est acceptée, la solitude peut construire. « Elle nous amène à être créatifs, poursuit-elle, il nous faut nous réserver des temps forts pour nous ressourcer intérieurement, plonger en nous-mêmes pour puiser de la force ».
Réunis en petits groupes, les personnes ont réfléchi aux formes de solitude auxquelles elles sont confrontées et aux manières de l’apprivoiser.
« Il faut aller de l’avant, même si on est bancal. Même si on n’a pas toujours envie, il faut se faire violence pour sortir, accepter les sollicitations de l’extérieur, … car l’isolement peut venir vite ».
« Le sentiment de ‘présence dans l’absence’ nous permet de sortir de cette solitude. A nous de faire des efforts pour être agréables et non renfrognés, pour nous faire accepter par les autres ».
« Dans notre groupe, une dame nous a partagé son vécu de femme de marin : son témoignage nous a fait avancer, en montrant que l’absence n’est pas l’absence totale ».
« Le V de la Vie comprend deux branches : la branche de la rencontre avec les autres, de l’extériorité… Et la branche intérieure : parler au conjoint, le rejoindre dans la prière. Personnellement, j’ai un rendez-vous quotidien avec mon mari : l’eucharistie. Car son âme est vivante dans le Seigneur et nous sommes de nouveau unis dans la communion au Seigneur ».