Monseigneur Centène, évêque de Vannes, a souhaité la mise en place d’une plateforme afin de conseiller, coordonner, soutenir, l’accompagnement juridique, social, humain et spirituel des demandeurs d’asile réfugiés irakiens et syriens, en lien avec les associations accueillantes et en communion avec les communautés chrétiennes.
- Quatre associations
- Veilleurs de la Paix
- Aide à l’Église en détresse – AED
- Ordre de Malte
- Ordre du Saint Sépulcre
- Œuvre d’Orient
- Jumelages : Pour aider les chrétiens qui restent sur place malgré les persécutions, des jumelages se développent : entre communautés chrétiennes (paroisses, congrégations…), entre écoles catholiques, entre associations, mais aussi par des pèlerinages en Terre Sainte.
« J’invite chacun à s’investir »
« On ne peut rester sur le registre de l’émotion. Au-delà de l’accueil, il faut accompagner, soutenir dans la durée, intégrer ou favoriser un retour au pays d’origine. Ceci demande du temps, de la persévérance et de la volonté. Ceux qui sont investis dans cet accueil des chrétiens persécutés, dans notre diocèse, depuis plus d’un an, peuvent en témoigner. Que de dévouement et d’heures passées aux côtés de ces exilés pour trouver un logement, régulariser des situations administratives complexes, donner des cours de français, trouver du travail ou une école ! En terre de Bretagne, on connaît la valeur de toute vie humaine.
La charité nous pousse à faire face à une situation d’urgence : ceux qui sont obligés de fuir leur pays à cause de la persécution et de la violence endémique qui s’y manifestent ont le droit d’être accueillis. L’éthique fondée sur notre foi, nous le demande. J’invite chacun à s’investir, d’une manière ou d’une autre, pour porter secours à ces familles en souffrance ».
Mgr Centène, évêque de Vannes (Editorial – Chrétiens en Morbihan 1431 – Extrait)
Texte intégral du pape François en 2016 : “Accueillir l’étranger et vêtir celui qui est nu”
« Chers frères et sœurs, bonjour !
Poursuivons notre réflexion sur les œuvres de miséricorde corporelle, que le Seigneur Jésus nous a livrées pour garder notre foi toujours vivante et dynamique. En effet, ces œuvres mettent en évidence que les chrétiens ne sont ni fatigués ni paresseux dans l’attente de la rencontre finale avec le Seigneur, mais que, chaque jour, ils vont à sa rencontre, en reconnaissant son visage dans celui de nombreuses personnes qui demandent de l’aide.
Nous nous arrêtons aujourd’hui sur cette parole de Jésus : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25,35-36). De nos jours, l’œuvre qui concerne les étrangers est plus que jamais d’actualité. La crise économique, les conflits armés et les changements climatiques poussent les personnes à émigrer. Cependant, les migrations ne sont pas un phénomène nouveau, mais font partie de l’histoire de l’humanité. C’est l’absence de mémoire historique qui fait penser qu’elles ne concernent que notre époque.
La Bible nous offre de nombreux exemples concrets de migration. Il suffit de penser à Abraham. L’appel de Dieu le pousse à quitter son pays pour aller ailleurs : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai » (Gn 12,1). Cela s’est produit aussi, de la même façon, pour le peuple d’Israël, qui de l’Égypte, où il était esclave, partit et marcha pendant quarante années dans le désert jusqu’à ce qu’il arrive sur la Terre Promise de Dieu. La Sainte Famille, également, – Marie, Joseph et l’enfant Jésus – fut obligée d’émigrer pour fuir la menace d’Hérode : « Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode » (Mt 2,14-15). L’histoire de l’humanité est une histoire de migrations : à chaque latitude, il n’y a pas un peuple qui n’ait connu le phénomène migratoire.
Au cours des siècles, nous avons assisté, à ce propos, à de grandes expressions de solidarité, même si les tensions sociales n’ont pas manqué. Aujourd’hui, le contexte de crise économique favorise malheureusement la montée de comportements de fermeture et de non-accueil. Dans certaines parties du monde, se dressent des murs et des barrières. Il semble parfois que l’œuvre silencieuse de beaucoup d’hommes et de femmes, qui de façons différentes, font de leur mieux pour aider et assister les réfugiés et les migrants, soit ternie par le bruit de ceux qui expriment un égoïsme instinctif. Or, la fermeture n’est pas une solution, bien au contraire, elle finit par favoriser les trafics criminels. La seule et unique voie d’issue est celle de la solidarité. Solidarité avec le migrant, solidarité avec l’étranger…
L’engagement des chrétiens, dans ce domaine, est urgent aujourd’hui comme dans le passé. Si nous ne considérons que le siècle dernier, rappelons la merveilleuse personne de Sainte Francesca Cabrini, qui consacra sa vie, elle et ses compagnes, aux migrants vers les États-Unis d’Amérique. Aujourd’hui encore, nous avons besoin de ces témoignages pour que la miséricorde puisse atteindre le plus grand nombre de ceux qui sont dans le besoin. C’est un engagement qui concerne tous, personne n’en est exclu. Les diocèses, les paroisses, les instituts de vie consacrée, les associations et les mouvements, comme chaque chrétien, nous sommes tous appelés à accueillir nos frères et sœurs qui fuient la guerre, la faim, la violence et les conditions de vie inhumaines. Tous ensemble, nous sommes une grande force de soutien pour ceux qui ont perdu patrie, famille, travail et dignité.
Il y a quelques jours, il s’est passé quelque chose, une petite histoire de ville. Il y avait un réfugié qui cherchait son chemin, et une dame s’est approchée de lui et lui dit : “Mais, vous cherchez quelque chose ?”. Il était pieds nus, ce réfugié. Et il lui répondit : « Je voudrais aller à Saint-Pierre pour passer la Porte Sainte » Et la dame pensa : « Mais, il n’a pas de chaussures, comment pourra-t-il marcher ? » Puis, elle appela un taxi. Or, ce migrant, ce réfugié sentait mauvais et le chauffeur de taxi hésita à le prendre, mais à la fin, il se résolut à le laisser monter. La dame, assise à côté de lui, lui posa des questions pendant le trajet, sur son histoire de réfugié et de migrant : dix minutes pour arriver. Cet homme lui raconta son histoire douloureuse, de guerre, de faim et les raisons qui l’avaient poussé à quitter sa Patrie pour émigrer ici. Quand ils furent arrivés à Saint-Pierre, la dame ouvrit son sac pour payer le chauffeur de taxi, mais celui-ci, qui, au début, ne voulait même pas le faire monter parce qu’il sentait mauvais, dit à la dame : « Non, Madame, c’est moi qui dois vous payer parce que, grâce à vous, j’ai entendu une histoire qui a changé mon cœur ». Cette dame savait ce qu’était la douleur d’un migrant, parce qu’elle était arménienne et qu’elle connaissait la souffrance de son peuple. Quand nous faisons quelque chose de ce genre, au début, nous refusons parce que cela nous incommode, « mais…il sent mauvais… ». Et à la fin, l’histoire parfume notre âme et nous fait changer. Souvenez-vous de cette histoire, et pensons à ce que nous pouvons faire pour les réfugiés.
L’autre chose est vêtir celui qui est nu : qu’est-ce que cela veut dire si ce n’est rendre la dignité à celui qui l’a perdue ? C’est certainement donner des vêtements à ceux qui n’en ont pas ; mais pensons aussi aux femmes victimes de la traite, jetées sur les trottoirs, ou aux autres trop nombreuses façons d’utiliser le corps humain comme une marchandise, et cela concerne même les mineurs. C’est aussi la même chose, ne pas avoir un travail, une maison, un salaire juste, c’est une forme de “nudité”, devant laquelle, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à être attentifs, vigilants et prêts à agir.
Chers frères et sœurs, ne tombons pas dans le piège de nous refermer sur nous-mêmes, indifférents aux besoins de nos frères et sœurs, et préoccupés seulement par nos intérêts personnels. C’est justement dans la mesure où nous nous ouvrons aux autres que la vie devient féconde, que les sociétés acquièrent à nouveau la paix et que les personnes récupèrent leur pleine dignité. Et n’oubliez pas cette dame, n’oubliez pas ce migrant qui sentait mauvais, ni ce chauffeur de taxi à qui le migrant avait changé le cœur. »