Deux fois par an, les week-ends vocationnels « Vocare » accueillent une trentaine de jeunes étudiants et professionnels, garçons et filles, se posant ou non la question de la vocation.
Messe, participation aux offices, adoration, confession, conférences, marche, témoignages, veillée de prière mais aussi la rencontre avec des religieux et religieuses… Ces week-ends sont d’abord l’occasion d’une rencontre personnelle avec Dieu. Les jeunes repartent aussi avec des « outils »pour relire leur vie à la lumière de l’Evangile et des éclairages sur des éléments clés. « Qui est l’être humain ? Qui est Dieu ? Si l’appel de Dieu ne vient pas nous rejoindre dans ce qu’il y a de plus profond en nous, c’est que ce n’est pas un appel de Dieu », développe le Père Louis de Bronac, délégué épiscopal aux vocations.
« Développer la culture vocationnelle dans l’Eglise, c’est prendre conscience que même si je ne suis pas appelé personnellement au sacerdoce ou à la vie consacrée, la question des vocations me concerne et dépend de moi ». Ainsi, si certains jeunes viennent aux week-ends avec une question vocationnelle, d’autres viennent prier pour les vocations. « Cela donne une dimension ecclésiale au discernement vocationnel ».
Une Église vocationnelle et missionnaire
Dans le sillage du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel
A l’issue des trois semaines de synode, le Pape François dispose d’un document foisonnant : 170 paragraphes qui pourraient inspirer une prochaine exhortation apostolique post-synodale. Les Églises particulières sont d’ores et déjà invitées à poursuivre la démarche synodale. Zoom sur quelques balises et pistes pastorales ouvertes par les pères synodaux.
Un premier fruit peut être identifié dans le processus même du synode, qui a vu une forte implication des jeunes. Le synode appelle les communautés chrétiennes à vivre la synodalité, comme dynamisme indispensable pour relever le défi de l’intégration des jeunes et générer une nouvelle impulsion missionnaire. (n°119 et suivants).
« L’accompagnement dans la croissance humaine et chrétienne vers la vie adulte est l’une des modalités par lesquelles la communauté est capable
de se renouveler et de renouveler le monde. (n° 92) ».
Un accompagnement intégral
Comment aider les jeunes à discerner pour poser les choix fondamentaux de leur vie ? Le synode promeut la complémentarité entre accompagnement personnel et accompagnement communautaire, pour un accompagnement intégral, où interagissent les aspects spirituels, humains, sociaux.
Premières communautés de foi,« Eglises domestiques », les familles sont un lieu privilégié où le jeune peut commencer à discerner sa propre vocation. Comment aider les familles à s’ouvrir à la dimension vocationnelle de leur mission éducative ?
Les évêques rappellent également la nécessaire proximité de l’Eglise avec les écoles et les universités qui ont un rôle « irremplaçable » dans la formation intégrale des jeunes.
Les courroies de transmission entre la famille, la paroisse, les établissements scolaires, la pastorale des jeunes, les mouvements, etc. sont donc crucialespour que les jeunes puissent mûrir leur vocation chrétienne.
Le synode pointe les trois charnières autour desquelles construire un temps de discernement : la vie fraternelle, une expérience spirituelle forte, enracinée dans la prière et les sacrements, et la dimension apostolique.
Un renouvellement de la paroisse
Le synode invite les paroisses à redynamiser leur vocation missionnaire, afin d’encourager les jeunes générations à prendre part à la vie ecclésiale et à devenir apôtres dans l’évangélisation de leurs semblables.
« Comment la communauté paroissiale aide le discernement des jeunes ? Et comment, étant théoriquement mère des vocations, enfantent-elles des vocations ? interroge le Père Louis de Bronac, délégué épiscopal aux vocations. Il est évident que pour assurer cette responsabilité, la paroisse doit être missionnaire et faire de la place aux jeunes… Or, leur confier des responsabilités reste un véritable défi pour la vie paroissiale » observe-t-il.
Le défi du renouvellement des paroisses passe par le renouvellement du regard porté sur les jeunes : quelle espérance ? « Chaque jeune que l’on côtoie dans une paroisse est une éventuelle occasion de générer des vocations. Sachons voir la beauté de la jeunesse qui a encore une soif d’idéal, et dont les modes de raisonnement sont différents mais valides ! ».
Une autre piste de renouvellement identifiée par le synode concerne la diaconie : le service des pauvres, des souffrants et des plus vulnérables constitue un espace privilégié pour se donner et discerner un appel. « De nombreux jeunes sont activement engagés dans le bénévolat et trouvent dans le service la façon de rencontrer le Seigneur. »
Le sacrement de Réconciliation
« Les jeunes ont besoin de se sentir aimés, pardonnés, réconciliés et ont un désir secret pour l’étreinte miséricordieuse du Père » remarque le document final.
Pour le Père Louis, ce point devrait trouver un écho puissant dans la réflexion du saint Père. En effet, « la devise du pape « miserando atque eligendo »- choisi parce pardonné – manifeste que son propre appel au sacerdoce a résonné avec son expérience de la confession. L’expérience du pardon est l’expérience d’une attention particulière du Seigneur pour nous. En nous pardonnant, Dieu nous remet en route vers notre finalité : la sainteté. Cela éclaire la question de notre vocation ». C’est d’ailleurs sur ce thème que se déroulera le prochain week-end Vocare, organisé par la mission étudiante Mémo à l’abbaye de Timadeuc.
La prière pour les vocations
« Que dans toutes les communautés chrétiennes, à partir de la conscience du baptême de leurs membres, une véritable culture vocationnelle se développe et un engagement constant de prière pour les vocations ». (n°80)
Afin de développer une véritable « culture vocationnelle », le synode exhorte toutes les communautés chrétiennes às’engager dans une prière constante pour les vocations. De nombreuses paroisses du diocèse lui dédient déjà des temps d’adoration ou de chapelet. Å noter aussi l’initiative du « monastère invisible », la journée mondiale de prière pour les vocations (4e dimanche de Pâques).
3 questions à :
Père Louis de Bronac, délégué épiscopal aux vocations
Sur la lancée du synode, quels sont les fruits à mûrir pour notre diocèse ?
Si le prêtre a un rôle spécifique dans l’accompagnement personnel, le synode a redit l’importance d’associer tous les états de vie au cheminement du jeune : vie consacrée, laïcs, … ainsi que l’importance de la vie familiale, de la fréquentation des communautés religieuses et de la vie en Eglise.
Cela rejoint l’intuition de la maison de discernement « Talitha Koum » (lire encadré). Bien que la vie paroissiale apparaisse souvent au second plan dans la vie chrétienne et l’expérience d’Eglise qu’ont les jeunes (par rapport aux mouvements, aux rencontres internationales, aux communautés), elle est une dimension essentielle à enrichir pour faciliter leur discernement. C’est à travers les expériences concrètes ecclésiales que l’on peut entrer dans le mystère de l’Eglise ; la vie paroissiale en fait partie et doit permettre de cheminer plus facilement ».
Comment le souci de la vocation et la responsabilité de l’accompagnement peuvent être portés en Eglise ?
L’Eglise est par nature vocationnelle. L’Église, ce sont ceux qui sont appelés à la sainteté. Le Pape François insiste sur la prise de conscience que la vie est vocation. La pastorale vocationnelle ne peut être une pastorale sectorielle ; le souci des vocations doit innerver toute la vie de l’Eglise.
Par ailleurs, dans le mot « accompagnement », il y a l’idée de « partager le pain ». L’Eglise a le devoir de vivre avec les jeunes, d’avoir des moments et des lieux de véritable écoute… d’écoute profonde ! Dans son homélie de clôture, le Pape a souligné avec humour un écueil: « Excusez-nous si, souvent, nous ne vous avons pas écoutés ; si, au lieu de vous ouvrir notre cœur, nous vous avons rempli les oreilles ».
Le synode a insisté sur le lien entre mission et cheminement vocationnel. Comment cela se manifeste dans notre diocèse ?
Vivre concrètement la mission est important pour progresser dans le discernement de sa vocation. A vivre le don de soi, on vit la joie du don de soi et le désir de se donner plus. Cela pose la question vocationnelle en termes de don de soi-même, de toute sa vie.
Dans notre diocèse, les week-ends« Vocare » permet aux jeunes de cheminer progressivement, de sorte qu’ils n’aient pas « peur » de la vocation, qui est toujours une proposition faite à l’amour de la personne : si tu le veux… Ces week-ends se font en lien avec des lieux de vie pour les étudiants et des invitations à participer régulièrement à des missions, pour apprendre à se donner. Le fait de vivre à la fois ces temps de retraite et de don permet aux jeunes de vivre une vie chrétienne intense, d’éduquer leur coeur et de les aider ainsi à mieux discerner. «
Se donner pour mieux discerner
Tout donner à Jésus pour être pleinement heureux… C’est au cours d’un week-end Vocare que cette certitude saisit Marie, 21 ans. Lors d’un autre week-end Vocare, les pères accompagnateurs de Mémo évoquent le projet d’une « maison » de filles : Marie a la réponse que son cœur attendait ! Depuis la rentrée, elle a rejoint à Guer la maison « Talitha Koum » où elles forment avec Hélène et Catherine une petite communauté. Elles ont choisi de vivre une année de césure, en lien avec le service des vocations et dans le cadre des Mémo, pour avancer dans le discernement de leur vocation. Avec la formation et la prière (offices, oraisons, messes, retraites en abbaye), un troisième pilier oriente leur vie : la mission, auprès des enfants (catéchèse scolaire, préparation aux sacrements) et des personnes âgées (visites des malades, service en Ehpad,etc.).
Même tension apostolique du côté de la propédeutique Bienheureux Pierre-René Rogues de Sainte-Anne d’Auray où les propédeutes participent aux soirées étudiantes organisées à Vannes et Lorient par Mémo pour donner une fois par mois, un enseignement ou un témoignage.[c=�