Mot latin signifiant « un espace de trois jours », le Triduum pascal, qui va de la messe du soir le Jeudi Saint au dimanche de Pâques inclus, est le centre de gravité de l’année liturgique. De la Cène à la Résurrection s’écoulent ces trois jours auxquels le Seigneur a souvent fait allusion dans l’Évangile et qui, ensemble, constituent le Mystère pascal.
Lors de la dernière Cène, Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du Lavement des pieds, qui a la même signification que l’Eucharistie : Jésus est venu pour se faire serviteur et offrir sa vie.

Dans la liturgie du Vendredi Saint, nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du salut est accomplie.
Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus.
Après la longue veille dans l’obscurité de la Vigile pascale, l’Alléluia de la résurrection retentit de nouveau. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui.
JEUDI SAINT
Évangile selon saint Jean 13, 12-14
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : «Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.»
Comment comprendre la mort de Jésus sur la croix ? Comment réaliser qu’il se fait serviteur de l’humanité en offrant sa vie à la place des pécheurs ? Comment est-il possible qu’un pareil Roi se fasse pareil esclave ? Jésus commence donc par accomplir la besogne peu gratifiante d’un serviteur ordinaire… Et déjà montent les protestations des apôtres ! Comment saisiront-ils la croix ? Comment s’engageront-ils sur le chemin du service comme le leur commande le Maître ? Comment moi, qui entends cet évangile, puis-je recevoir l’amour du Christ en croix et décidé-je de le suivre en servant mon prochain ?

VENDREDI SAINT
Évangile selon saint Jean 19, 28-30

« Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. »
Sur la croix, le Christ fait don de lui-même à son Père, par amour pour lui en accomplissant sa volonté telle qu’elle se révèle dans l’Écriture, et par amour pour nous à qui le Père veut faire, en lui, miséricorde. Quand Jésus paraît vaincu, c’est là qu’il remporte la victoire. Il a réalisé en tout point sa mission. Sa supplication est exaucée. Il peut ressusciter le sabbat fini. Il peut nous ressusciter au dernier jour. Les bras de Dieu s’ouvrent, sa vie nous est offerte, le salut est venu jusqu’à nous. Alors qu’en ferons-nous ?
Voici le bois de la Croix, qui a porté le salut du monde. Venez, adorons !
Missel romain
DIMANCHE DE PÂQUES
ÉVANGILE DE LA VEILLÉE PASCALE
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24, 1-12
Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : ‘Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.’ » Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites. Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux
Onze et à tous les autres. C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

« Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? ». Ainsi s’interrogent les disciples d’Emmaüs et c’est bien l’expérience spirituelle qu’ont fait de grands saints contemplant le Coeur de Jésus. Le pape François les appelle à la barre : Marguerite Marie, Thérèse, Augustin, Charles de Foucault, Faustine et les autres… C’est toujours une histoire de rencontre et de coeur à coeur. À nous d’accepter cette rencontre, ce coeur à coeur, et d’être de ces « disciples bien-aimés » (Jean 13,23).
Écoutons le pape François dans son encyclique « Dilexit nos : DN 39″. L’Évangile nous raconte qu’un homme riche vint à lui, rempli d’idéaux mais manquant de force pour changer de vie. Alors, « Jésus fixa sur lui son regard » (Mc 10, 21). Peut-on imaginer cet instant, cette rencontre entre le regard de cet homme et le regard de Jésus ? Lorsqu’Il t’appelle, te convoque pour une mission, Il commence par te regarder, Il pénètre au plus profond de ton être. Il perçoit et connaît tout ce qui est en toi, Il pose son regard sur toi : « Comme Il cheminait sur le bord de la mer de Galilée, Il vit deux frères […]. En avançant plus loin et Il vit deux autres frères » (Mt 4, 18.21).