De la tristesse à la confiance : témoignages de catéchumènes appelés au baptême en période de confinement
Voir le service nationale de catéchèse & catéchuménat
Au début du Carême, au cours de la célébration de l’appel décisif et de l’inscription du nom, Sofia, Elodie et Princia, ont chacune été appelées par leur évêque à recevoir le baptême dans la nuit de Pâques. La crise sanitaire et le confinement ont contraint les diocèses à reporter leur baptême. Elles évoquent en quelques lignes leur ressenti, leur chemin de foi comme catéchumène, leurs attentes …
Regarder le Témoignage en vidéo de Florine ci-dessous
Témoignage de Sofia, originaire de l’Équateur, appelée au baptême cette année
J’écris ce témoignage pour vous faire part de mon ressenti suite au confinement et l’arrêt brutal du chemin du baptême. Et oui ! J’utilise le mot « brutal » ; lors de l’annonce du confinement la peur m’a envahie comme si j’étais un enfant, je me suis demandé quelle était la suite. Les scrutins devaient commencer le dimanche qui suivait, je devais être reçue parmi votre communauté dans quelques semaines à peine, et après une annonce faite à 20h.… plus rien ! Uniquement de l’incertitude, j’avais la crainte que ma foi s’affaiblisse, j’allais me retrouver seule avec mes questions, j’avais peur de ne pas être assez solide pour continuer mon chemin seule, je me suis tout naturellement tournée vers mon accompagnatrice qui m’a rassurée. Le père Marc et les responsables du catéchuménat ont été présents tout au long de ces doutes, de cette peur, aujourd’hui je ressens plus fortement l’appel du Seigneur, ça me rappelle le texte selon Saint Jean 3,6 « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit », ainsi je suis chair, mais le souffle de l’Esprit a apaisé mon esprit, je suis impatiente de recevoir le sacrement pour lequel je me prépare.
À ce jour j’ai réfléchi aux paroles du père Marc lors de la retraite du mois de décembre : quelle est ma mission ? je suis consciente que le Seigneur est avec moi, il a fait disparaître mes craintes et accompagne ma réflexion quotidienne. Mon baptême étant reporté je profite de ce temps pour approfondir ma préparation pour l’accueillir. Je lis dans l’Évangile selon Saint Matthieu chapitre 4, 16-19 « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous car le royaume des Cieux est tout proche. » Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » ». Je me suis demandée comment je peux être l’outil du Seigneur pour partager sa parole, et à nouveau notre Père m’offre un début de réponse, il me donne l’opportunité de faire ce témoignage.
Donc pour revenir sur le fait que mon baptême soit reporté, en réalité je le vis plutôt bien, j’apprends chaque jour un peu plus sur ma foi et ma relation avec notre Seigneur. À chaque passage de la Bible que je lis je suis témoin de l’Amour qu’il a pour nous ; je fais face au Covid-19 en toute sérénité et confiance, le Seigneur est avec moi et avec nous tous.
Sofia
Témoignage d’Elodie, appelée du diocèse de Nanterre
En cheminant aux côtés des autres catéchumènes et accompagnateurs, on s’habitue à appartenir à une deuxième famille. Alors, bien sûr, lors du confinement, ça manque ! Je me rends compte que vivre son cheminement au sein d’une communauté est vraiment important et devient un besoin. Sans pour autant oublier que se ressourcer seul reste une étape cruciale pour se remettre en question, moduler sa façon d’entreprendre son cheminement, sa façon d’organiser son travail spirituel, car il s’agit là d’entreprendre une aventure intérieure qui transforme nos vies.
La technologie fait que l’on reste en contact, sans pour autant se voir. Mais je reste humaine et les liens sociaux sont importants. J’aurais aimé vivre les étapes de mon baptême en live. Pouvoir partager ces moments avec les personnes qui nous entourent me permet de pouvoir mettre en pratique les choses que j’apprends grâce à la Parole de Dieu. Tout ça sont de petites déceptions que je confie à Dieu. Prier Dieu me permet d’apaiser ces craintes et de renforcer ma relation avec Dieu.
Je reçois cette situation comme un don de Dieu qui nous offre du TEMPS. Du temps pour se rapprocher de Lui, pour se rapprocher de nous-même, de nos familles et de pleins d’autres choses que l’on ne privilégie pas dans notre quotidien habituel. Du temps qui me permet également de pouvoir réorganiser ma vie selon la Parole de Dieu. Une vie que je vais devoir mener chaque jour qu’Il fera.
Le report du baptême a été une très grande déception… il est une étape très importante dans ma vie et dans mon cheminement.
Puis, petit à petit, en ces temps particuliers, je me rends compte que Dieu me transmet quand même quelque chose. L’importance des autres autour de nous pour des choses si simples qui nous paraissent tellement futiles en temps normal. C’est une deuxième chance de pouvoir se rapprocher des choses essentielles avant de pouvoir « être digne ». Une deuxième chance de pouvoir avoir le temps de se consacrer aux choses que je ne fais plus à cause de toutes ses choses qui composent le monde et qui me détourne de Dieu. De pouvoir suivre la messe TOUS les dimanches. Je me rends compte également à quel point chacun de nous peut trouver du réconfort, de l’amour auprès de personnes : que Dieu nous protège, qu’Il est là avec nous même en ces temps que nous traversons.
Je sais aussi que mon baptême n’est que reporté, et lorsque ce jour viendra j’en serais d’autant plus fière de le vivre, et je prie Dieu tous les jours pour qu’Il me permette de vivre ce jour au moment qu’Il aura choisi. Je reste en confiance dans l’attente de ce jour où je serais lavée de tous pêchés et je pourrai enfin accueillir l’Esprit.
Elodie
Témoignage de Princia, appelée du diocèse de Nanterre
Lorsque j’ai appris que le baptême était annulé, à cause de la propagation du coronavirus, ce fut un choc et une profonde déception. Je me suis dit, j’ai attendu tout ce temps pour cela ? Pourquoi au moment où je décide de me faire baptiser il y a ce virus qui immobilise tout le monde jusqu’à nous interdire de glorifier notre Seigneur avec les autres ? Est-ce un signe du Seigneur pour me dire que je ne suis pas encore prête ? Ou bien est-ce le malin qui s’oppose à ma re conversion ?
Cette douleur que j’ai ressentie ce dimanche 15 mars, qui devait être notre premier scrutin, me bouleversa énormément. Moi qui étais tellement impatiente de recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne, j’avais l’impression que je ne serai jamais baptisée.
Le Seigneur est merveilleux et n’abandonne jamais ses enfants. Mais à cet instant là j’avais oublié tout cela car j’étais remplie de tristesse. Ce doute qui envahissait mon esprit, et toutes ces questions sans réponse, détruisaient ma confiance en Dieu. J’avais perdu espoir à cet instant.
Je me suis rapprochée de notre responsable pour le catéchuménat, qui avec une grande bienveillance m’a rassurée et réconfortée en me disant que c’était juste reporté. J’étais enfin en paix avec cette annonce et j’allais attendre cette cérémonie avec confiance et patience. Ce jour-là, tous mes proches m’avaient encouragée et je sus que Dieu m’avait rassuré en passant par mon entourage. Le message de Mgr Rougé (à visionner ici), ainsi que de notre curé, le Père Marc, m’avait aussi fait beaucoup de bien et redonné de l’espoir. Je me suis rappelé cette parole de Jésus : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Matthieu 14, 31)
Cette période de confinement me permet d’être dans la méditation, la prière et l’espérance. Durant ce cheminement le Seigneur m’inonde de ses grâces. Chaque jour il met sur ma route toutes ces personnes qui m’accompagnent, de près comme de loin, dans cette merveilleuse aventure vers mon baptême.
Princia