Témoignages de jeunes missionnaires et leur accompagnateur

Lorena

Ce n’est pas toujours évident d’aller vers les gens qui sont en train de profiter de leurs vacances. Et nous n’avons pas toujours une bonne réponse, parce que c’est comme ça la mission : nous devons toujours nous rappeler que nous sommes des envoyés, nous sommes des instruments de Jésus et nous devons nous laisser faire. Après, c‘est Jésus qui va nous utiliser pour partager et faire ce qu’il veut avec les gens. C’est très difficile pour nous autres mexicains, car ce n’est pas notre langue, notre pays. Nous ne connaissons pas très bien votre culture. Mais on se souvient toujours que nous avons été envoyés en France pour la mission, et que nous avons quelque chose à donner. On se rappelle de ça et on se tient bien dans la main de Maman Marie, c’est elle qui nous ramène là où Jésus veut que l’on soit.

J’ai rencontré une fille qui ne croyait pas trop mais qui avait très envie de connaître ; elle m’a posé beaucoup de questions. Je crois que c’est là que Jésus agit.

On rencontre aussi beaucoup de monde qui n’est pas intéressé, on continue à prier pour eux. On essaie de ne pas se décourager et d’aller vers ceux qui ont envie de connaître un peu plus la Parole de Dieu.

Louis-Hugo, 19 ans, étudiant BTS comptabilité-gestion à St Paul

J’ai souhaité tenter cette nouvelle expérience qui pouvait me permettre de parler de ma foi publiquement à des personnes que je ne connais pas, et donc un dépassement de soi, car ce n’est pas évident de parler de ces sujets. Les échanges sont très divers. Certaines personnes ont un point de vue très différent voire négatif, mais il est toujours intéressant de discuter et de les faire réfléchir.

Tous les jours, nous vivons la messe et l’adoration.
Entre missionnaires, il y a une très bonne ambiance et une entraide parce que nous avons des parcours différents mais nous sommes tous rassemblés par la même personne qui est le Christ.

A Louis-Marie Lefeuvre 

Quelle prière formulez-vous avant d’aborder les personnes ?

Sur le moment, on se sent toujours très petit et bien incapable. On pourrait avoir préparé toutes les réponses aux éventuelles questions que la personne pourrait poser, quand on se trouve devant la personne, le premier plan de bataille ne survient pas à la première balle. Je prie, c’est toujours une prière où on fait mention de notre petitesse face à la grandeur de Dieu, et on se rappelle qu’on est là juste pour Lui, pour être ses instruments.

Père Philippe Le Bigot, accompagnateur des MEMO

Le motif qui peut pousser un jeune à s’engager pour la mission ?

Avant tout l’Eglise est missionnaire, c’est sa nature, parce qu’elle vient du Christ. Ces jeunes ont un désir de rendre ce qu’ils reçoivent. Ils aiment Jésus. On le voit dans leur désir de prière, dans leur fidélité aussi. D’une certaine manière, la pastorale missionnaire est à la vie de prière, à la vie de foi ce que le geste est à l’amour ; c’est une manière d’exprimer et de rendre ce qu’ils reçoivent dans leur lien avec le Christ. C’est vrai pour chacun d’entre eux et c’est vrai aussi dans l’Eglise, au sens de ce qu’elle est dans sa nature.

Dans le texte préparatoire pour le mois missionnaire, le pape nous rappelle que tout baptisé a une mission et tout baptisé EST une mission.
On ne peut savoir ce que l’on va faire de quelquechose, que dans la mesure ou on sait ce que c’est. Si on ne sait pas ce qu’est un ciseau à bois, on risque de mal l’utiliser et de l’abîmer. Ce qu’est le ciseau à bois nous permet de savoir ce à quoi il sert et la manière de l’utiliser.

Pour les jeunes missionnaires qui viennent pour une année de mission et les jeunes étudiants qui viennent participer à la mission d’été, c’est une manière de découvrir leur nature de chrétien, leur être missionnaire à travers la prière et les activités pastorales missionnaires qu’ils développent durant ce temps de mission.

Les nourrir dans leur formation en vue de cette vie de disciple missionnaire ?

Tout d’abord, c’est une vie donc la première chose c’est de leur donner un milieu de vie porteur : une vie de prière commune où ils partagent ensemble le bien commun qu’est le Christ, la formation philosophique, théologique, la lecture de la Parole via les lectio divina, les sacrements qu’on les invite à vivre, la vie fraternelle, l’enseignement par la vie : à travers ce qu’ils vivent entre eux, à travers les temps d’évangélisation qu’ils partagent souvent deux à deux.

La vie chrétienne ne peut pas être qu’une vie théorique : c’est à la fois une vie, un milieu de vie dans lequel va se déployer toutes les dimensions chrétiennes, donc c’est une formation intégrale je crois. On ne peut pas séparer la formation théorique d’une vie concrète fraternelle, entre eux et dans la relation avec le Christ.

Quelque chose que l’on découvre progressivement aussi, c’est la nécessité de leur donner à vivre l’enracinement dans cette culture. C’est la racine qui nous porte. Prendre dans nos veillées, dans nos messes, un ou 2 chants bretons qui les enracinent dans cette culture, non pas de manière folklorique car ces vieux chants bretons sont très beaux, très riches théologiquement. Et les jeunes sont assez demandeurs de ça.

Comment cela peut-il essaimer ?

Je pense que la croissance d’une mission ne nous appartient pas. Il y a une façon fausse de recevoir l’universalité, c’est de croire que la mission est universelle parce qu’elle s’étend. Elle n’est pas universelle parce qu’elle s’étend mais parce qu’elle s’approfondit. Si Dieu veut féconder une mission et lui donner de nouvelles perspectives, cela appartient à l’Esprit-Saint. Nous avons à essayer de bien faire ce qu’on a à faire, parfois même sur un champ apostolique assez réduit. La charité de Marie, celle du Christ, elle ne s’est pas étendue ; elle s’est approfondie. Et l’extension, pour le coup, ça appartient à l’Esprit-Saint. Profondément, dans notre travail missionnaire, dans notre approche, il faut s’approfondir ; Et Dieu étendra ce qu’IL veut étendre parce qu’il voudra faire profiter de quelque chose à d’autres personnes.
Sinon le risque c’est d’avoir un regard très humain. Je sais que c’est très à la mode d’être leader de l’Evangile, d’avoir des techniques qu’on applique. Ça ne veut pas dire qu’on fait n’importe quoi et que tout est désarticulé, mais en grande partie, ça appartient à l’Esprit-Saint.

Une pastorale en terre missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée de doctrine qu’on essaie de s’imposer à force d’insister.

Evangelium gaudi

Ça rejoint la même idée : quelque chose nous dépasse et si la mission doit s’étendre, ce sera de toute façon parce qu’on aura mieux vécu, on aura plus approfondi, et que l’Esprit-Saint voudra l’étendre.