De retour de la Rencontre Mondiale des Familles à Dublin, voici quelques éléments qui nous ont permis de vivre des jours riches et forts !
Nous étions environ 250 français et une trentaine de Bretagne, avec l’Evêque de Saint Brieuc Monseigneur Denis Moutel et ses nouveaux délégués diocésains de la Famille. Nous avons pu rencontrer les autres délégations des différents diocèses de France, partager nos préoccupations, faire connaissance du nouveau président du Conseil Famille et Société de la Conférence des Evêques de France, Monseigneur Bruno Feillet (Evêque auxiliaire de Reims), accompagné d’Oranne de Mautort, responsable du pôle Famille.
Vivre 3 jours de congrès pastoral, une rencontre de plus de 30 000 personnes avec 116 pays, ce fut comme une grande fête de la famille. Au menu : des ateliers, conférences et temps de prière, articulés autour d’ « Amoris Laetitia », l´exhortation apostolique publiée par le pape François en 2016.
Plusieurs thèmes ont attiré notre attention :
- Comment aider nos enfants à grandir, baignés dans la culture du jetable, du consumérisme, du portable et des médias …qui imprègne jusqu’à nos vies de couple et de famille ? Plusieurs conférences et ateliers sur l’écologie et les nouvelles technologies étaient proposés. Apprendre dès la plus tendre enfance les principaux gestes pour sauvegarder la planète : ne pas gaspiller l’électricité, faire attention à éteindre la climatisation lorsque l’on quitte une pièce ou fermer le robinet dès que l’on a plus besoin d’eau, trier les déchets …autant de petits gestes utiles, de l’ordre de l’éducation familiale.
Prendre conscience aussi de l’influence de cette culture du jetable. Attention à ne pas considérer notre conjoint comme pouvant être un jour obsolète ! a rappelé Monseigneur Tagle, archevêque de Manille.
Ou encore prendre conscience que le temps passé sur nos portables est du temps enlevé à l’autre, et à Dieu. Comment privilégier nos relations humaines à nos relations virtuelles ? La principale idée reprise un peu partout était de redonner toute la place aux repas familiaux, de remettre le bénédicité au goût du jour, pour permettre à l’enfant de comprendre tout petit que la vie de prière est aussi importante et aussi fondamentale que la nourriture pour grandir !
- Comment vivre au sein de la famille en bonne harmonie, éteindre les feux de la jalousie, de la colère, de la dispute … qui sont inhérents à la vie ? Les fameux 3 mots : « s’il te plaît, merci et pardon » que le pape a fait répéter par toute la foule du Croke park le samedi soir. L’accent était mis sur le pardon et la réconciliation. Comment vivre de l’amour puissant de Dieu si on ne passe pas par le sacrement du pardon en familles et avec nos amis ensuite ?
- Pour la vie de famille intergénérationnelle, différentes conférences ont mis l’accent sur les apports de la succession des générations, on ne vient pas de nulle part, notre histoire permet de mieux se construire et de construire l’avenir. Prendre soin de nos grands-parents nous aide à aimer gratuitement et à vivre avec sagesse.
- L’accueil du différent, de l’enfant handicapé ou malade nous aide à prendre soin de l’autre, à nous préoccuper de l’autre. Il nous aide à aimer gratuitement et à nous révéler à nous même comme une personne qui peut aimer.
- Une conférence sur la théologie du corps et plusieurs ateliers sur l’éducation affective et sexuelle avec la nouvelle pédagogie ludique « du bus » ont donné des éléments pour aider le jeune à savoir attendre le « bon bus » et à faire confiance au « conducteur du bus ». « Le Seigneur t’aime et veut le meilleur pour toi, apprend à lui faire confiance et à rechercher le meilleur pour toi ».
- De nombreuses conférences également, ateliers et exposants sur la préparation au mariage. « Donner du piquant à notre vie conjugale », satisfaire les couples qui ont faim d’amour véritable … voilà où nous a transporté une démonstration culinaire du père Léo Patalinghug, prêtre américain, chef et auteur !! Chaque ingrédient : je t’aime, je m’oublie pour toi, je te pardonne, je veux apprendre de toi, je me donne, et je t’accueille jusque dans mon corps sont autant d’éléments nécessaires pour une bonne recette. Mais le sel est d’y ajouter l’amour fou de Dieu et la passion du Christ pour le suivre dans cet amour tout donné et jamais repris jusque dans l’éternité. Un long voyage qui ne se mesure que bien des années plus tard en regardant en arrière. La salle était en liesse. La joie et la foi de ce jeune prêtre fut source d’espérance en la beauté et la grandeur du mariage !
- La conférence qui m’a le plus marquée est celle sur la révolution de la tendresse, donnée par le Cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, archevêque du Honduras. Parce que cette tendresse peut être expérimentée depuis la plus tendre enfance. C’est le chemin le plus facile pour connaître et reconnaître l’amour de Dieu et le chemin le plus direct pour rejoindre le plus petit, le plus démuni, le plus pauvre et ainsi partager ensemble l’essentiel de l’homme, l’essentiel de Dieu, l’amour.
Tous ces éléments là et bien d’autres encore permettent à la famille de dépasser la culture de l’individualisme et du plaisir à tout crin qui laisse amer, triste et peu fier, pour une culture de la solidarité et de la charité. La voie de l’amour permet à la famille d’être remplie d’espérance et de joie. C’est cette bonne nouvelle qu’elle a à apporter à la société et au monde.
Le congrès fut clôturé par une rencontre magnifique au stade de Croke park, faite de témoignages de familles de différents pays, cultures et conditions, sur fond de splendides projections grand écran de paysages et d’animaux. L’apogée du spectacle fut ce temps magnifique de danse folklorique et de claquettes pour lequel les différentes écoles de danse d’Irlande s’étaient réunies, remplissant le stade. Elles mettaient en exergue la beauté de la femme et de l’homme, et de l’amour du couple. De quoi nous exalter et nous faire vibrer à la Création voulue par Dieu !
La messe papale de dimanche dans le splendide Phoenix park nous a tous rassemblés. Entendre le pape François plein de courage dénoncer les manques de l’Eglise, affronter ses fidèles en colère et demander pardon, m’a émue. J’étais heureuse de soutenir par ma présence le peuple irlandais qui a plus souffert que les autres de la pédophilie, et dont les églises se sont vidées depuis. Ainsi la prière pénitentielle particulière du Pape François nous a permis d’être tous en communion, de prier pour les victimes, les uns pour les autres, pour les familles du monde entier qui connaissent la guerre, la misère, l’éclatement. Mais aussi de rendre grâce pour ces jours magnifiques de rencontres, de partages, et de joie et pour la vie de famille qui aide le petit homme à apprendre à aimer, à partager sa tendresse et à vivre de la joie. Vie de famille qui permet de se soutenir pour dépasser les difficultés et espérer un lendemain meilleur, vie de famille qui permet de partager tendresse et joie d’être ensemble , vie de famille qui permet un accompagnement au rythme de chacun et d’aider le petit homme à s’épanouir et à devenir homme debout, vie de famille qui permet de connaître Dieu et de lui faire confiance.
Merci aussi aux Irlandais qui nous ont su être si accueillants et souriants pour nous tous.
Quel impact pour nous ?
Ce temps fort a permis à l’ensemble des pastorales familiales de se sentir soutenues et revivifiées. Le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix du Canada rappelait qu’il fallait aider les familles : leur apprendre à vivre le mariage et la famille avec l’aide de Dieu. Dieu est présent au sein des familles, sachons en faire le centre de nos vies familiales.
Pour les familles qui demandent un sacrement à l’Eglise, n’hésitons pas à les accompagner au-delà du sacrement, en aidant les paroisses si possible. Il pourrait y avoir un échange plus fort et régulier entre les paroisses et le service, soyons attentif aux demandes. Le service peut aider pour un temps particulier, un évènement, pour accompagner de façon plus régulière et rejoindre les familles dans leur vie quotidienne, pour aider à la formation chrétienne avec des catéchèses pour adultes, lors de la préparation au mariage et dès le plus jeune âge lors de la préparation des sacrements avec la catéchèse familiale en particulier.
Et puis développons toujours plus de lieux d’écoute et de parcours où les familles se sentent entendues, soutenues et accompagnées à travers les difficultés et les peines. Une autre idée qui a émergé à la lumière de ce temps fort, c’est de favoriser la joie des familles de se retrouver ensemble. Elles ont besoin de se sentir unies, solides et soutenues pour affronter les difficultés inhérentes à la vie : maladie, vieillesse, divorce, veuvage, chômage, éducation, addiction, difficultés d’orientation professionnelle, difficultés de choix de vie … et pour partager des moments festifs de joie. Aidons les familles à tisser des liens sociaux.
Par Hortense de Longvilliers, déléguée diocésaine à la Pastorale de la Famille