Sonnez du cor dans Sion, faites retentir la clameur sur ma montagne sainte !

Dimanche 12 septembre 2021 dernier, les sonneurs du Porhoët ont appliqué à la lettre ce verset du livre de Joël (J 2, 1) . Les voûtes de l’église saint Armel, à Ploërmel, ont retenti des échos de leurs trompes de chasse, réveillant à coup sûr statues et paroissiens !

Les trompes du Porhoët

Chaque année, ils viennent accompagner la messe dominicale au moment des courses hippiques de la région, au mois de septembre. L’association « les Trompes du Porhoët », basée à Mohon, anime des messes, sonne pour des mariages, des fêtes de chasse, se produit en concerts… et réuni ses membres pour le plaisir de sonner ! Pour le plus grand bonheur des paroissiens de saint Armel : « ça réveille ! » « quelle puissance, quelle force se dégage des sons, on jubile pour le Seigneur ! » diront les uns. « Avec ça, si le Seigneur ne nous entend pas … » se réjouit un autre.

Gérald Delanoë a créé une école de trompe de chasse pour petits et grands en 2003, (même les moins de 10 ans peuvent apprendre !), afin de promouvoir et développer l’instrument sur le canton et ses alentours. Aujourd’hui garde-forestier dans la forêt de Lanouée, il a commencé à sonner à l’âge de 12 ans, en 1985, avec le groupe de sonneurs « les Echos de Brocéliande ». « J’ai été baigné dans l’environnement de la chasse à courre depuis tout petit« , raconte-t-il.

Trompe de chasse et cor de chasse

« Il faut savoir que la trompe de chasse est aussi appelée trompe en Ré, à ne pas confondre avec le cor de chasse qui, lui, est accordé en mi », explique le musicien. « Un tout autre instrument pour une toute autre utilisation« … En effet, la trompe de chasse est, à l’origine, destinée à la chasse à courre, même si elle est aujourd’hui devenue un véritable art musical, alors que le cor est utilisé pour la musique militaire.  « On peut sonner de la trompe en duo avec l’orgue ou le piano, mais c’est un instrument difficile à marier« .

En savoir plus

La musique destinée à la trompe peut se séparer en trois grands groupes :
1) La vénerie, où les fanfares sonnées correspondent à des animaux de chasse ou à des circonstances de la chasse,
– Les fanfares d’animaux, permettant de signaler quel animal est chassé,
– Les fanfares de circonstances qui indiquent les péripéties d’une chasse,
– Les fanfares de maîtres et d’équipages, destinées à honorer des équipages ou responsables d’équipages de vénerie,
– Les fanfares de lieu-dit ou de forêts. En savoir plus sur le site venerie.org

2) Les fantaisies, qui peuvent honorer des personnes ou des événements particuliers.

3) La trompe liturgique.

La pratique actuelle de la trompe peut se faire en solo, duo, trio, quatuor ou groupes. La trompe peut être sonnée en forté, en mi-trompe ou en radouci.

L’art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité, est inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en décembre 2020.

©Source : Wikipedia

L’association compte aujourd’hui une douzaine de membres de 29 à 73 ans, dont deux femmes (le directeur de l’école de sonneurs nous dira que la pratique de l’instrument est très physique). Agriculteurs, retraités, chasseurs ou non, ses membres viennent d’un rayon de 40 kms autour de Mohon (Collinée, Paimpont, Merdrignac, La Trinité-Porhoët…), pour se réunir autour d’un objectif : travailler l’instrument.

Fanfares & fantaisies

« Nous interprétons, par exemple, des fantaisies pour trompes, de Hubert Heinrich*, [grand compositeur contemporain – ndlr], des fantaisies de Lully ( la Marche Royale), la messe de St Hubert avec « le grand retour de chasse » ou « les noces du chasseur », et d’autres morceaux standards créés depuis le 17ème siècle pour l’instrument », explique Gérald Delanoë.

Ils sonnent aussi des fanfares de chasse, composées pour communiquer entre chasseurs : « le lancer », « la vue », « l’animal » que l’on chasse, « car il faut savoir que chaque animal a sa fanfare« , précise-t-il. « Les pleurs du cerf », « hommage au piqueux », « le point du jour »… sont autant de titres de fanfares qui illustrent les scènes de chasse ! En savoir plus sur les fanfares ici

« Et pour remercier les personnes qui nous invitent, nous sonnons « les honneurs », ce que nous avons fait à la sortie de la messe, sur le parvis ! »

« Qui bien chante, deux fois prie« , disait Saint Augustin, au IVème siècle. Et « qui bien sonne, réveille l’âme » pourrait-on dire aujourd’hui à Ploërmel ! Car, comme le dit le poète Sully Prudhomme (1839-1907) : « la musique est le plus élevé des arts […] C’est par elle que nous nous rapprochons de Dieu« . 

Sonnez du cor dans Sion, faites retentir la clameur sur ma montagne sainte ! Qu’ils tremblent, tous les habitants du pays, car voici venir le jour du Seigneur, il est tout proche.

Livre de Joël 2, 1

*Hubert Heinrich, né en 1953 en Alsace, est initié très jeune à la trompe par son père, René, fondateur du rallye Trompes des Vosges. Champion de France de trompe, c’est un interprète et un compositeur de très grand talent qui ne cesse de créer des fanfares de maîtres, de grandes fantaisies, des messes de Saint-Hubert, et des pièces associant les trompes à l’orgue, aux choeurs ou à l’orchestre. Il dirige l’Institut Hubert Heinrich de musiques de chasse, qui à vocation à développer toutes formes d’expression de l’instrument. Voir le site de l’Institut

Contact :
Gérald Delanoë, Président des trompes du Porhoët
19, rue de paradis 
56490 Mohon 
Tél : 06 15 38 49 39
E-mail : gerald.delanoe56@orange.fr
www.lestrompesduporhoet.free.fr

Un aperçu de l’art musical des sonneurs de trompe de chasse du Porhoët

Des formations de sonneurs, il en existe près d’une dizaine dans l’Ouest. David Hentzien est président de l’école de trompes de Paimpont, créée il y a un an. Présent dimanche avec les trompes du Porhoët, il nous explique qu’il participe depuis de nombreuses années à leurs activités. « Le milieu de la trompe de chasse est une véritable famille, tout le monde se connaît« , explique-t-il. « Nous réunissons à Paimpont des personnes des Côtes-d’Armor, d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique« . Ils sont 25 à sonner au coeur de la mythique forêt. Voir les trompes de Paimpont sur Facebook.