Renouant avec une longue tradition de stage d’orgue à Sainte-Anne d’Auray, le camp Sainte Anne a accueilli une vingtaine de collégiens et lycéens. Pour tirer la dynamique de son sommeil, il aura fallu conjuguer la conviction des animateurs (séminaristes, diacre, jeunes prêtres), le concours des services diocésains (pastorale des jeunes et liturgie), les compétences des professeurs de l’Académie de Musique et d’art sacrés et l’enthousiasme des jeunes musiciens, chanteurs et servants.
Dans le chœur de la chapelle de L’immaculée, Mayeul s’applique à se tenir bien droit aux côtés de Monseigneur Centène. Servir la messe présidée par l’Evêque : point d’orgue des trois jours que le jeune servant vient de consacrer à progresser en liturgie. « Quand j’étais dans le banc avec mes parents, je m’ennuyais pendant la messe, confie-t-il. Voyant des enfants servir la messe, je me suis dit : ‘ça doit être amusant !’ ».Plus qu’un antidote à l’ennui, Mayeul va découvrir qu’« en fait, on ne sert pas l’autel pour s’amuser mais parce que Dieu nous a appelés à servir. C’est pour Lui faire plaisir et pour faire une bonne action ».
Véronique Le Guen, directrice adjointe et professeur à l’Académie de Musique et d’art sacrés, se réjouit du réveil de la belle endormie : » nous avons retrouvé une ambiance qui nous est chère, car nous-même avons grandi dans ces stages qui nous formaient musicalement et aussi ecclésialement, au service de la liturgie par la musique. A l’époque, il n’y avait pas de stage pour les servants ».
Former dans le sens de la liturgie
Si le « tronc commun » demeure – formation technique, liturgique, spirituelle et ecclésiale – les ateliers proposés se sont diversifiés, autour de trois options, complémentaires : musique (orgue et autres instruments solistes), chant choral/animation et service de messe. Pour Emmanuel Auvray, délégué diocésain à la pastorale liturgique et sacramentelle, la formation dispensée est surtout au service de la croissance spirituelle des jeunes. Au-delà de la progression technique et de la compréhension des rites, « il y a une réelle implication spirituelle des jeunes ».
En sacristie, l’un s’exerce à plier en 9 un corporal, un autre prépare consciencieusement et dans l’ordre calice, purificatoire, patène, etc. ; ici, on veille à la position de la croix et là, à porter dignement l’encensoir. Initiés de manière théorique, pratique et spirituelle à chaque vase sacré, linge d’autel, geste et attitude, les enfants absorbent à une vitesse étonnante.
« Ils aiment la liturgie ! », assure Gildas Colas des Francs, séminariste et directeur du camp. « L’idée de départ c’est de faire progresser les jeunes en liturgie et de les initier au sens de la liturgie, où le peuple de Dieu s’unit pour monter vers Lui, par la prière. Le but de ce stage, c’est d’aider par la liturgie et par notre service à faire monter tout le peuple vers Dieu par la prière à travers le chant, la musique, le service de messe ».
Rentrer dans la messe est affaire de « conversion personnelle », leur témoigne Johann Ribette, diacre : il faut rester fidèle !
La « clé » pédagogique du stage, ce sont eux, les séminaristes, diacre et jeunes prêtres. Naguère servants d’autel, ils témoignent auprès des jeunes de la place que tient la liturgie dans leur vocation. « Pourquoi un servant d’autel fait tous ces gestes ? interroge Gildas, Il les fait parce qu’il en a compris le sens ! Le principe de ces gestes c’est de réussir c’est de réussir à témoigner extérieurement ce qu’on vit intérieurement « .
Plus près de Jésus
» Et ces trois lettres,« IHS », brodées en fil doré sur la pale, que signifient-elles ?
– Jésus, sauveur des hommes ! « …
Tout est là… Au-delà de la « leçon », le sens des règles liturgiques, les gestes à accomplir, le respect dû à chaque objet et ornement s’éclairent tandis que les jeunes prennent conscience du don ineffable de Dieu.
Pour le premier atelier, les jeunes stagiaires ont « travaillé de manière théorique chaque objet, l’un après l’autre : son sens, sa signification. Puis on est allé dans la sacristie pour regarder un par un le côté pratique et le côté spirituel de chaque objet. Puis nous avons mis en pratique ce que nous avions appris lors des messes » explique Gildas.
Pour Maximilien, 11 ans, ce camp est venu compléter la formation reçue dans sa paroisse, à Pontivy, notamment à travers des « messes blanches ». « J’ai appris à préparer le missel, le calice, … Et puis avant je ne savais pas faire l’encens. Servir l’autel, ça m’aide à être plus près de Jésus ».
Homélie de Monseigneur Centène, lors de la messe de clôture du stage
« La liturgie nous aide à prendre conscience de la présence de Dieu, qui se réalise dans la liturgie tout particulièrement dans le saint sacrifice de la messe où il se rend présent d’abord de manière spirituelle, par la proclamation de sa parole, et puis et surtout par son corps et par son sang sous les apparences du pain et du vin.
Si nos liturgies sont bâclées, si nous n’y mettons pas de soin, la présence de Dieu dans notre conscience et dans le monde qui nous entoure cesse donc, nous en perdons la conscience ; nous finissons par ne plus l’apercevoir et nous agissons comme si Dieu n’était pas là, n’existait pas.
Au contraire si nos liturgies sont soignées, si nous mettons tout noter cœur, nos applications, nos soins, nous y percevons mieux la présence du seigneur et cette présence nous accompagnera tout au long de nos journées, de nos semaines et cette présence nous aidera à toujours choisir ce qui est bien, ce qui est juste ». ».
Apôtres, au service de Dieu dans leur paroisse
De son archet, Mariana, 16 ans, frotte les cordes de son violon, concentrée sur la partition « Laudate Dominum » et attentive au rythme du piano de Manon, 14 ans.
« Nous apprenons à jouer ensemble parce qu’on est plusieurs instruments et à jouer pour une assemblée : la vitesse à laquelle il faut aller, les réglages techniques pour s’accorder avant la messe, etc. réglages techniques ; et puis ça nous permet de sortir de nous-même, de notre zone de confort. Mais nous nous formons surtout pour servir Dieu du mieux possible, chacun dans notre paroisse ! ».
Grâce aux enseignements de sa professeure, Gabrielle, organiste, a gagné en subtilité : un jeu « ni trop pesant, ni pas assez présent » pour accompagner au mieux le chant de l’assemblée et l’aider à louer Dieu.
Gabrielle, 12 ans, orgue et chant.
Je joue de l’orgue depuis 5 ans. J’ai choisi cet instrument parce que j’aimais bien le son de l’orgue et pouvoir jouer à la messe.
De temps en temps, j’accompagne dans ma paroisse ma mère qui chante à la messe. J’ai l’impression que ça aide les gens à prier.
Ce stage m’a enrichie car ma professeure m’a montré comment bien accompagner un chant pour que ce soit ni trop présent, ni pas assez pesant. J’ai aussi bien aimé le fait d’être avec d’autres musiciens et de pouvoir faire des ensembles.
Elie, 14 ans, en section chant et piano
J’ai choisi de faire ce camp pour m’améliorer dans ma musique, le chant et surtout pour aider les gens à prier pendant la messe.
Le chant et la musique aident à se recueillir, surtout pour les personnes qui viennent s’y ressourcer après des périodes difficiles. Ça me permet de grandir dans ma foi !
Mayeul, 10 ans, service de messe
Quand je sers la messe, ça fait comme si on était dans une réunion militaire et que j’étais dans les officiers et qu’on représentait tous ceux qui sont dans les bancs. Quand on est sérieux, qu’on fait bien nos gestes, ça va aider l’assemblée à prier, car ils vont nous voir et essayer de faire pareil et de bien prier.
Dès le début de l’Eglise, il y a eu des règles très strictes. Par exemple, On ne prend pas une carafe pour mettre le vin, le sang du Christ. On le met dans une burette.
Il y a plusieurs mystères et on ne peut pas tout comprendre parce qu’on a juste un cerveau humain. Il y a une parole qui dit « je suis celui qui est » par exemple et bien même moi, je ne comprends pas très bien…
Source et sommet
Tous ont rejoint leurs paroisses, plus conscients de toucher les fidèles par leur voix, leurs instruments et leurs gestes dignes et d’aider ainsi Jésus à atteindre les cœurs. « La liturgie est la source et le sommet de toute vie chrétienne. La source parce que l’homme est fait pour louer Dieu, et la fin parce qu’au Ciel, nous serons en Dieu et on ne pourra que le louer pour la gratuité de son Salut », conclut Gildas.
« Que la beauté de nos liturgies nous rapproche toujours davantage
de Lui et nous aide à accomplir plus fidèlement Sa sainte volonté ».Homélie de Mgr Centène.