Près de 700 camping-caristes ont processionné le long du canal de Nantes à Brest à Malestroit, au volant de leurs 350 véhicules, avant de recevoir la bénédiction de Dieu, par l’intercession de Saint Gilles, devenu leur saint patron depuis le lancement de ce pardon unique au monde, en 2017.
L’évêque en tête de cortège, la procession démarre. Des paroissiens, des religieux et religieuses – sœurs du Sacré-cœur de Jésus, les sœurs augustines, les frères de l’instruction chrétienne de Ploërmel – et des jeunes du doyenné grimpent dans les camping-cars. Immatriculés dans l’Ouest de la France pour la majorité mais aussi en Belgique, en Savoie et même en Corse, ils sont 350 pour cette seconde édition du pardon de saint Gilles désormais patron des camping-caristes.
Présidée par Monseigneur Centène, cette édition vient confirmer l’accueil et la prière de l’Eglise pour les adeptes de cette forme de tourisme, en plein essor.
« Saint Gilles notre père, étends sur nous ta main, protège nous sur terre jusqu’au bonheur sans fin ». (Chant à saint Gilles)
La main de saint Gilles montre le chemin
« Perle de l’Oust », la petite cité de caractère déroule aux camping-caristes son tapis de verdure : sur le plan matériel, les conditions d’accueil sont privilégiées (tranquillité et gratuité de l’aire, proximité avec les commerces) et sur le plan humain, la communauté paroissiale se met à leur service pour leur offrir un accueil chaleureux et prier avec eux. Ils partagent en effet un précieux trésor : la foi en l’intercession de saint Gilles. « Saint Gilles réussit ce soir à tous nous rassembler : malestroyens, qui avez saint Gilles comme saint patron depuis le XVème siècle, avec cette magnifique relique : cette main qui arrête le mal, vous montre le chemin du ciel pour vous conduire jusqu’au Christ (…) Viennent s’ajouter maintenant les camping-caristes de Belgique, de France, de Bretagne… Désormais saint Gilles, que vous apprenez à connaître ici à Malestroit vous accompagne dans vos voyages. Qu’il vous accompagne aussi pour vous conduire au Christ et, par Lui, à Dieu notre Père dans le souffle de l’Esprit-Saint » a introduit Monseigneur Centène au début de la messe.
Le Père Yves Carteau, curé doyen et archiprêtre du pays de Guer-Malestroit, témoigne des liens très forts qui s’établissent entre les voyageurs et les habitants. « Il y a toujours une personne de la paroisse pour accueillir les camping-caristes. Ils confient souvent des intentions de prière pour la communauté chrétienne. Ils viennent à l’Eglise, au presbytère pour voir la main de saint Gilles. Les paroissiens sont heureux de les accueillir, d’être proches d’eux. Ils sont invités à monter dans les camping-cars… ». Les camping-caristes sont très divers dans leur cheminement, poursuit-il : « certains sont pratiquants, – j’ai même un sacristain ! – d’autres viennent chercher une bénédiction de Dieu, quelque chose… Nous les accueillons au cœur d’une fête chrétienne et, à travers cet évènement original, il s’agit de leur montrer le Christ « .
Une statue de saint Gilles près du Canal
Progressivement, la piété gagne les cœurs… et les véhicules, où la prière des campings-caristes et la médaille du Pardon trouvent leur place. D’autre part, le projet d’ériger une statue en granit de saint Gilles au bout de l’aire des camping-cars de l’écluse se concrétise, une parcelle ayant été vendue par la municipalité. « Nous avons une statue de saint Gilles dans l’église mais un peu comme nous , qui sommes appelés à sortir pour annoncer la bonne nouvelle, une nouvelle statue sera installée à l‘extérieur, près du canal où les malestroyens pourront croiser leur saint patron et où les camping caristes pourront aussi se recueillir car saint Gilles est aussi leur saint patron. Nous appelons aux dons, pour ancrer cette foi, grâce à saint Gilles, ici à Malestroit ». A l’issue de la messe, formant une unique file, marchant d’un même pas, paroissiens et camping-caristes ont vénéré la main reliquaire de saint Gilles.
« Que le Seigneur nous accompagne »
Au-delà de la dimension de tourisme et d’évasion Monseigneur Centène, évêque de Vannes, a insisté sur le sens chrétien du voyage : dans le grand voyage de la vie humaine, le Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie, accompagne et conduit les hommes vers le Royaume à venir. « Pendant cette messe et par l’intercession du grand saint Gilles, demandons au Seigneur qu’Il nous accompagne, qu’Il nous garde non seulement dans nos voyages estivaux et ludiques mais aussi dans le grand voyage de la vie, de cette vie dont il est à la fois l’origine et le terme, le départ et le but, Lui qui est le chemin, la vérité et la Vie ».
A travers la figure de Saint Gilles, dont la vie et l’œuvre sont intimement liées au voyage, l’évêque a invité les camping-caristes à épouser une spiritualité du voyage : invitation au renouvellement, au dépouillement et à l’approfondissement, le voyage éclaire l’homme sur sa condition : « Nous ne sommes que des gens de passage dans un monde qui ne nous appartient pas (…) Les chrétiens savent que leur véritable patrie n’est pas dans ce monde mais qu’elle est le Royaume à venir, que Dieu nous prépare, vers lequel nous nous dirigeons par ce long voyage de la vie et cela doit nous conduire à un détachement qui nous libère ». En se laissant émerveiller par la création, le voyageur s’ouvre également à la contemplation de Dieu Créateur. Enfin, le voyage dévoile le sens de la fraternité humaine : « parce qu’il nous dépouille il nous apprend à découvrir et à apprécier l’hospitalité. Ce faisant, il nous pousse à redécouvrir le sens du compagnonnage, celui avec qui on partage son pain. De cette solidarité retrouvée devrait découler la valeur de la fraternité, dont il faut raviver le sens dans nos vies quotidiennes – cette nature commune que nous partageons avec ceux que nous croisons ».
Brigitte et Gilles arpentent les routes de France depuis 10 ans. Ils témoignent de cette valeur du compagnonnage et de la fraternité inhérente à la pratique du camping-carisme. « Nous participons à la fête avec des amis, rencontrés sur une aire de repos, lors d’un voyage (…) Nous sommes venus pour recevoir la bénédiction, afin de continuer le voyage en toute tranquillité en camping-car, partager avec les autres, faire des rencontres. Ça compte pour nous de savoir que nous avons notre saint patron, pour confier nos sorties et nous protéger ».
En venant participer au pardon, ce couple avait saisi une double occasion : satisfaire sa curiosité quant à la mise en œuvre d’un tel évènement et découvrir la cité de caractère vantée par les brochures touristiques. Ils s’attendaient peut-être moins à repartir aussi « nourris ». « Nous avons retrouvé un sens au voyage ! » confient-ils.