Au lendemain de la première manifestation contre le projet de révision de la loi bioéthique (ce dimanche 6 octobre à Paris), des responsables départementaux d’Alliance Vita et des Associations Familiales Catholiques (membres du collectif « Marchons enfants ») expriment leur détermination à poursuivre la mobilisation sur le terrain : pour réveiller les consciences, faire réfléchir aux enjeux, sensibiliser le grand public et interpeler les parlementaires.
Ancrés, éveillés et mobilisés
Des plus jeunes aux plus âgés, ils ont afflué de toute la France en famille, en groupes ou seuls, pour former une cordée massive et résistante. « Ces personnes de tous horizons générationnels ont défilé dans une ambiance joyeuse, plutôt que pleine de rage, témoigne Margot du Reau, responsable de l’équipe lorientaise Alliance Vita. « Ceux qui ont manifesté ne considèrent pas que l’histoire est écrite, poursuit-elle, en revanche, ils pensent que si on ne fait rien, il ne pourra rien se passer… Oui, la détermination est là et il ne s’agit pas d’une minorité extrémiste ».
Revêtue d’un maillot aux centaines de milliers de pois verts et orangés, la cordée entamait dimanche la première étape de son ascension. La filiation père-mère pour sangle, les droits élémentaires des enfants pour mousquetons, des sourires fraternels pour piolets et leur détermination pour cale ; les pitons sont plantés, pour re-tracer la voie d’une civilisation qui protège la vie humaine. Mus par la brave assurance des premiers de cordée, résolus à garder l’équilibre pour les générations futures, les manifestants sont convaincus : la pente est abrupte et le vide vertigineux, la société ne doit pas basculer.
« Non, la loi bioéthique n’est pas pliée d’avance »
Depuis la place Edmond Rostand, la chaîne humaine s’est déroulée devant le Sénat, continuant de s’épaissir pour s’épandre dans les artères parisiennes saturées, jusqu’à la place du 18 juin 1940. Sûre de ses ancrages anthropologiques, la résistance affirmait ainsi qu’elle ne capitulera pas.
» Cette première mobilisation a été un gros succès – une densité énorme ! – et je pense que le mouvement va s’intensifier », assure Vincent Wallut, président des AFC du Pays de Vannes. Il relève la forte détermination ainsi que l’entraide venus caractériser cet acte I de la mobilisation initiée par le collectif « Marchons enfants ».
Trois cars ont été affrétés au départ de Vannes, Lorient et Pontivy (avec des tarifs préférentiels pour les jeunes étudiants et les familles nombreuses), des dizaines d’offres de co-voiturage, des possibilités d’hébergement dans des familles de région parisienne, des dons …
Les consciences se réveillent
Pour Vincent Wallut, les manifestants se sont mobilisés sur plusieurs fronts, et en particulier :
–La privation délibérée d’enfants de leur père. Alors que les personnes concernées par l’absence de père ne cessent d’exprimer leur souffrance, il est ahurissant que l’on envisage de l’instituer délibérément, par la loi.
– Le détournement de la finalité de la médecine : la médecine est faite pour soigner et non pour être asservie aux désirs individuels.
– La bourse de la sécurité sociale n’étant pas extensible, des malades qui voient déjà certains médicaments déremboursés devront-ils payer pour financer la PMA pour toutes ?
Ces dernières semaines, les gens ont été choqués par les dérapages du débat parlementaire. Ils sont de plus en plus conscients qu’on ouvre les portes à la marchandisation de l’être humain, à l’eugénisme et au transhumanisme.
Des consciences se réveillent. Comme chez Véronique, morbihannaise de 35 ans. « Il y a un mois, je n’avais pas du tout l’intention de venir manifester, je n’étais pas sûre que ce soit très utile, que ça fasse beaucoup changer les choses et la revendication n’est pas tellement mon mode d’expression. En écoutant les débats et les médias cette semaine, j’ai trouvé qu’on entendait tellement de choses inentendables que je me suis dit que j’allais faire un effort et être présente ! La déclaration d’Aurore Bergé, député LREM, affirmant d’un ton narquois qu’il n’y avait pas de problème : « Ni dans ce projet de loi, ni aujourd’hui, ni demain, nous n’empêcherons quelconques parents hétérosexuels de vouloir concevoir un enfant de manière charnelle », m’a fait bondir ! On marche sur la tête. Je suis gênée, aussi, par le remboursement de la PMA et je pense qu’on va tout droit vers la GPA ».
Quelles perspectives ?
Depuis plusieurs semaines, Alliance Vita 56 cible les députés des six circonscriptions du Morbihan à travers l’opération « cartes postales ».« Près de 2000 cartes, chacune signée par un citoyen morbihannais inquiet, leur ont déjà été adressées », expose la déléguée départementale d’Alliance Vita Morbihan. Extension de la PMA, sélection et modifications génétiques, embryons transgéniques, gamètes artificiels, dépistages prénataux et risques d’eugénisme, etc. : les cartes abordent plusieurs sujets relatifs au projet de loi car si l’attention médiatique se focalise sur l’extension de la PMA, les enjeux de la révision sont vastes. « Je compte vraiment sur vous pour éviter ces injustices » concluent leurs signataires. (En savoir plus)
À partir du 15 octobre (arrivée du texte en première lecture au Sénat), l’association s’efforcera de sensibiliser les trois sénateurs du département, en les rencontrant personnellement.
SOS fin de vie et SOS bébé : l’action de terrain menée par Alliance Vita s’enrichit de son expérience concrète d’écoute, à travers ces deux services téléphoniques. En savoir plus
Des personnes nous appellent au secours. Il y a une souffrance qui montre que les difficultés et les épreuves sont déjà grandes… Il ne faudrait pas en créer d’autres, ce serait une double peine ! déplore Margot du Reau. Par exemple, mieux vaut lutter contre les causes de l’infertilité plutôt que promouvoir la PMA et son remboursement pour des femmes fertiles.
Elle pointe l’incohérence du système : Tout le monde est d’accord pour constater les souffrances provoquées et les risques que représentent les avancées techniques. Il y a un certain consensus de la part des parlementaires et des personnes auditionnées par le Comité Consultatif National d’Ethique. Le drame, c’est que l’on y va quand même ! On voit le précipice mais on continue d’avancer...
Se manifester auprès des élus
Dans la continuité de l’action politique de long terme menée par les AFC, le « chantier socio-politique » des AFC du Morbihan a également sollicité des rendez-vous auprès des députés et sénateurs du département. Il encourage chaque morbihannais à adresser un courrier aux élus auxquels il appartient de se prononcer sur le texte de loi. « Tout le monde peut écrire aux députés et sénateurs ! Pour le moment, un seul d’entre eux (six députés, trois sénateurs) nous a annoncé qu’il allait voter contre…. S’exprimer n’est jamais inutile ».
Adresses des élus, modèles de courrier : en savoir plus