Luigi & Maria Beltrame Quattrocchi : conférence de l’abbé de Roeck

Dans le livre « Luigi & Marie Beltrame Quattrocchi, itinéraire spirituel d’un couple » qui vient de paraître, le père Antoine de Roeck dévoile l’itinéraire de vie conjugale de ce couple italien marié en 1905. Premiers époux béatifiés conjointement, le 21 octobre 2001 par le pape Jean-Paul II, Luigi et Maria ont accompli ensemble un chemin de sainteté vécu dans toutes ses dimensions.

A l’occasion de la sortie de son livre, l’abbé Antoine de Roeck donnera une conférence
mardi 16 novembre à 20h30
à l’Espace Montcalm à Vannes

Entretien avec Solange Gouraud pour la revue Chrétiens en Morbihan :

Qu’avez-vous découvert en vous approchant de Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi ?

D’abord un foyer heureux et bien inséré dans la vie sociale, qui vivait à Rome avec ses quatre enfants, deux garçons et deux filles, au début du XXe siècle. Luigi, homme discret et brillant, doté d’un grand sens de l’humour,
était avocat d’État. Maria, cultivée, intelligente et volontaire, écrivit énormément sur le thème de l’éducation (plus de 2000 pages).

Au cours de leur vie, extérieurement banale mais édifiante, ils se sont mutuellement aidés à approfondir leur foi et ont développé leur altruisme,
d’abord à travers leurs enfants. Le couple s’est beaucoup tourné vers les autres mais progressivement, en donnant la priorité à sa propre famille.
La carrière professionnelle de Luigi a pris de l’ampleur lorsque ses enfants étaient déjà éduqués. Maria a eu le souci de partager ce qu’elle avait approfondi en éduquant ses enfants. Tous deux ont été des piliers du développement du scoutisme catholique en Italie. Ils s’y étaient investis dans le but de donner une éducation saine à leurs enfants et l’ont, par là même, fait rayonner autour d’eux.

La vie chrétienne des couples est souvent prise dans un mouvement de balancier : d’un côté, l’élan de charité sociale tourné vers le monde risque de se faire au détriment de la famille ; de l’autre, le choix de privilégier la famille laisse de côté la vraie charité qui doit agir à l’extérieur. Dans le rite du mariage, la prière de bénédiction nuptiale exhorte les époux à s’engager dans le monde, mais ces derniers sont aussi appelés à fonder un foyer.

Maria et Luigi ont su concilier les deux, c’est un point très intéressant
dans leur itinéraire.

Pourquoi ont-ils été béatifiés ensemble ?

C’est par leur mariage que l’un et l’autre sont parvenus à ce degré de sainteté. Le mariage est un sacrement qui élève une réalité complètement naturelle. Le Seigneur a voulu le hisser au rang de sacrement, pour que ceux qui ont reçu la grâce du baptême puissent se servir du mariage pour continuer à grandir dans la vie de sainteté. On voit très clairement avec Luigi et Maria cette émulation vers la sainteté. Elle s’est faite à travers les
évènements petits ou grands de leur vie, sur le fond d’un amour croissant l’un envers l’autre et d’un désir de suivre Dieu, en se préoccupant l’un pour l’autre de la vie chrétienne.

Ils ont su s’entourer de personnes vivant vraiment leur foi sous un éclairage chrétien. Il est assez étonnant de voir que, dans leur cercle de bons amis, plus d’une dizaine ont un procès de béatification ouvert. Ce phénomène
de communion des saints a pour effet l’entraînement mutuel des uns et des autres vers la sainteté. Ce qui est vrai au sein du couple dans le mariage se fait aussi à l’extérieur.

Les deux époux ont accueilli les vocations au sacerdoce de leurs deux fils et l’entrée au couvent d’une de leur fille, sans les pousser ni les freiner, mais dans l’abandon.

Comment Luigi et Maria peuvent-ils être des modèles aujourd’hui ?

Un des risques, en lisant la vie des saints, consiste à vouloir les singer, c’est-à-dire à imiter stricto sensu ce qu’ils ont accompli. Mais la sainteté répond à une liberté personnelle qui pousse à s’engager personnellement comme disciples du Christ dans les oeuvres de sa vie. Il ne s’agit donc pas de faire la même chose qu’eux.

La vie des deux époux est très riche mais n’a pas été toujours rose. Ils ont connu des moments de doute, de fatigue, des épreuves de santé physique et morale, des difficultés extérieures, ils ont dû exercer leur patience l’un envers l’autre. Ils constituent un couple normal dont Jean-Paul II a dit, au moment de leur béatification : « Ils ont su vivre des choses ordinaires d’une manière extraordinaire. » Je crois que c’est ce qui nous est demandé
à tous.

Nous pouvons aussi demander par leur intercession une grâce de clairvoyance pour les foyers et les familles. Dans leur souci d’éducation, leurs préoccupations professionnelles, leur désir d’aider les autres, ils
ont toujours cherché à prendre du recul, à discerner en disciples du Christ.

Quelle est la fécondité de Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi ?

Comme Louis et Zélie Martin, Luigi et Maria n’ont pas eu de petits-enfants. Leur fécondité a pris une autre forme : Trois de leurs quatre enfants se sont consacrés à Dieu. L’aîné, moine bénédictin puis prêtre diocésain, a poursuivi le développement du scoutisme en Italie, commencé par ses parents. La seconde, moniale, priait pour le monde. Le troisième, moine cistercien, a beaucoup écrit sur les oeuvres spirituelles inspirées des
Saintes Écritures. Enfin Enrichetta la dernière, restée célibataire, s’est tellement donnée dans les oeuvres sociales que le pape François vient de la déclarer vénérable.

La fécondité des époux Beltrame-Quattrocchi s’est donc distillée à travers leurs enfants et les oeuvres qu’ils ont fondées. Elle continuera à se répandre si nous les prions pour savoir vivre saintement notre vie de tous les jours.