Les rogations, un acte de foi en la Providence de Dieu qui n’abandonne jamais ses enfants

Les 24 et 25 mai 2022 derniers, des rogations ont eu lieu en plusieurs endroits du diocèse. Notre évêque Monseigneur Centène les a célébrées à Bieuzy-Lanvaux, à la Maison Notre-Dame de Fatima, chez les soeurs Coopératrices du Christ-Roi. Nous vous livrons ici son homélie :

Rogations 2022

« Célébrer les rogations, c’est avant tout faire un acte de foi, un acte de foi en la Providence de Dieu qui n’abandonne jamais ses enfants, mais qui au contraire vient toujours au secours de leurs faiblesses, de leurs misères, de leurs difficultés.

Célébrer les rogations, c’est véritablement se reconnaître dépendant de Dieu. Les plus anciens d’entre vous se souviennent, dans les années 70,  lorsque ces pratiques sont tombées en désuétude. On disait parfois : l’irrigation a remplacé les rogations. C’était  dire que la technique et la science des hommes pouvaient se passer de Dieu, comme Adam et Eve avaient voulu se passer de Dieu en voulant devenir comme des dieux, lorsqu’ en suivant les suggestions du serpent, ils ont mangé du fruit défendu. Comme les bâtisseurs de la tour de Babel qui ont voulu que leur construction défie les cieux et s’élève face à Dieu pour braver sa gloire.

Dieu ne peut avoir que la première place

Mais l’histoire sainte nous montre que, chaque fois que l’homme a voulu se passer de Dieu, voire prendre sa place, cela tourne toujours en sa défaveur. C’est pourquoi aujourd’hui, par cette célébration, nous voulons d’abord affirmer que Dieu dans notre vie doit toujours avoir la première place. C’est lui qui est la clé de voûte de l’univers qu’il a créé et sur lequel il règne. Comme le dit le cantique de Tobie : Nul n’échappe à sa main. Dieu doit avoir pour nous la première place parce que Dieu ne peut avoir que la première place. Dieu ne peut pas avoir la deuxième place, Dieu ne peut pas avoir la troisième place, Dieu ne peut pas avoir la quatrième place. La seule place qui convient à Dieu, c’est la première place.

Dieu règne sur nos vies que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas

Dieu règne sur nos vies, sur le monde, que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas. Et lorsque nous ne faisons pas en sorte que Dieu règne par les bienfaits de sa présence, Dieu règne alors par les méfaits de son absence. Mais Dieu règne toujours sur l’homme, que l’homme le sache ou pas, que l’homme le veuille ou non. L’homme croit s’élever, il ne veut mettre sa confiance qu’en lui-même, il veut vivre en dehors de la loi de Dieu, il tyrannise la création, et puis il en subit les conséquences comme nous pouvons le constater aujourd’hui.

Après les fléaux, les épidémies, après les épidémies, la guerre, après la guerre la famine. Nous le demandons dans le chant des litanies des saints : « Des épidémies, de la famine et de la guerre, délivre-nous Seigneur ! »

L’homme doit prendre le chemin de la conversion

Après son péché et ses conséquences, l’homme doit prendre le chemin de la conversion. C’est la raison pour laquelle, pour les rogations, la couleur des ornements liturgiques est le violet. Les rogations sont une célébration qui revêt un caractère pénitentiel. L’Église a toujours fait le lien entre les péchés que commettent les hommes et les perturbations que connaissent le monde et la nature. Vous avez tous vu dans le livre de la Genèse l’histoire du déluge.

Le monde cesserait d’exister si Dieu cessait de penser à lui

Acte de foi dans la Providence de Dieu, notre célébration nous rappelle que Dieu veille avec amour sur sa création. Il ne s’est pas contenté de créer un monde dont il se désintéresserait par la suite. Mais au contraire, il le maintient quotidiennement dans l’être et l’univers. Il cesserait d’exister si, pendant un millième de seconde, Dieu cessait de penser à lui. L’évangile nous dit que Dieu nourrit les oiseaux du ciel et qu’il orne les lys des champs. Et pour nous les hommes, cette providence de Dieu se transforme en amour paternel : « Comme est la tendresse d’un père pour ses fils, tendre est le Seigneur pour qui le craint.

Rogations 2022

La force de la prière

Célébrer les rogations, c’est aussi faire un acte de foi dans la force de la prière. En priant pour les récoltes et les fruits de la terre, nous développons au fond cette demande du Notre-Père : Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, et nous voulons nous souvenir que Dieu exauce toujours une prière humble et sincère et qu’il veut pour nous le meilleur. Nous voulons nous souvenir que Jésus donne de l’assurance à notre prière : tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous l’accordera.

Aujourd’hui, frères et sœurs, à l’avant-veille de l’Ascension où Jésus retourne vers le Père, nous voulons lui confier notre prière pour qu’il la présente au Père. Nous voulons lui demander de se souvenir de cette humanité qu’il a voulu assumer dans le mystère de son incarnation, de son humanité qu’il rend présente auprès du Père dans son Ascension. Pendant cette messe, demandons au Seigneur qu’il bénisse les fruits de la terre, qu’il récompense les efforts de tous ceux qui les produisent au prix d’un dur labeur, demandons lui qu’il écarte de nous les fléaux des épidémies, de la famine et de la guerre et rendons-lui grâce pour les biens dont il nous comble tous les jours.«