Vincent Ferrier est prié d’y participer mais il refuse. À ses yeux, Jean XXIII est un usurpateur et le conciliarisme n’a pas sa faveur. Le triste épilogue du Concile de Pise semble lui donner raison.
Le Concile tourne à la confusion de Jean XXIII. Accusé de simonie et d’immoralité, il doit s’enfuir déguisé en moine pour ne pas se faire arrêter. Grégoire XII démissionne.
Benoît XIII seul reste en lice. Ne pouvant résider à Avignon qu’il a quitté depuis que la France, sous l’influence de l’université de Paris, a fait soustraction d’obédience pour choisir la neutralité en 1403, il vit dans le Royaume d’Aragon qui lui est resté fidèle.
Salle royale dans laquelle Benoît XIII et l’Empereur Sigismond se sont rencontrés.
Mandaté par le Concile de Constance, l’Empereur marche sur l’Aragon pour demander à Benoît XIII de renoncer au Pontificat pour la paix et l’unité de l’Église. Si cela s’avère nécessaire, il défera militairement ses sou- tiens temporels grâce aux troupes qui l’accompagnent. Prêtes à intervenir, elles campent entre Béziers et Narbonne. Les deux hommes se rencontrent à Perpignan le 20 septembre 1415. Les pourparlers se poursuivent plusieurs jours.
Alors que les autorités impériales menacent ses derniers fidèles, Benoît XIII s’arc-boute sur ses positions et se claquemure dans des arguties juridiques. Jean XXIII et Grégoire XII ont déclaré forfait, il est donc le seul pape. Par ailleurs, puisque l’on cherche à restaurer l’unité de l’Église, une évidence s’impose. Le grand âge auquel il est parvenu fait de lui le seul cardinal à avoir été créé par Grégoire XI, dernier pape de l’Église indivise. Les autres cardinaux, tous créés par des antipapes, n’ont donc aucune légitimité à participer à un conclave. Seul vrai cardinal, n’est-il pas le seul à pouvoir légitimement élire le pape ? Qui désigne-t-il ? Lui-même ! En sa personne l’unité de l’Église est retrouvée aussi bien dans l’espace que dans le temps ! Perpignan ressemblait à Byzance assiégée. Le pape y dissertait sur ses droits et ses prérogatives sans se soucier de la présence des troupes impériales prêtes à déferler sur les États de la Couronne.