Tout au long de l’année, mais surtout en été, les pardons sont nombreux en Bretagne. D’où vient cette appellation de « pardon » ? A-t-elle quelque chose à voir avec le pardon des offenses ?
« Aller au pardon »
Le pardon, c’est toute une vie, la nôtre, c’est aussi toute une histoire, celle de notre Église.
Aller au « pardon » prend tout son sens : c’est rejoindre le peuple de Dieu, après avoir reconnu ses torts et surtout en confessant la miséricorde de Dieu pour nous. Si elle est vécue dans l’esprit qui convient, cette pratique est d’un grand intérêt pour la vie humaine et chrétienne.
Le mot « pardon » appliqué à une fête religieuse est propre à la Bretagne ; les pardons bretons apparaissent au moment où les paroisses sont divisées en quartiers.
Dans chacun de ces quartiers ou confréries, les habitants se devaient assistance en cas de nécessité : par exemple, si une femme perdait son mari, le champ était travaillé par les voisins.
Cette solidarité n’excluait pas les disputes : il fallait donc périodiquement réconcilier les uns et les autres ; la fête religieuse du quartier était l’occasion de tourner la page d’où l’appellation de « pardons », qui a effectivement quelque chose à voir avec le pardon des offenses.
Se réconcilier
Cela se faisait d’une manière sacramentelle par la confession, mais aussi d’une façon plus spectaculaire par le feu de joie ou « tantad », auquel on peut donner un sens purificateur : les réjouissances marquaient ensuite la volonté de continuer à vivre ensemble.
Par la suite, on a désigné du nom de « pardon » d’autres rassemblements religieux qui avaient une origine différente, que ce soit une apparition comme à Sainte- Anne-d’Auray, ou un voeu comme à Pontivy ou encore Hennebont… Ceux-ci sont nés à la suite d’événements précis dont on connaît la date ; ils ont pour but de remercier solennellement le Seigneur, à travers Marie ou Sainte Anne, pour les faveurs reçues ; nombreux sont également ceux qui disent merci pour un bienfait personnel.
Fête, retrouvailles et réconciliation
Le pardon c’est l’occasion pour les chrétiens d’un quartier, d’un bourg, d’un village :
- De s’assembler pour fêter solennellement le saint patron de leur chapelle, de s’approprier son message évangélique, dans la foi, le recueillement, la prière, en écoutant pieusement le sermon du « pardonneur », en chantant un cantique traditionnel, en breton ou en français, avec ses expressions naïves d’antan, en célébrant l’Eucharistie, en processionnant jusqu’à la fontaine, en allumant un feu de joie, en faisant claquer des pétards.
- Occasion pour les familles dispersées durant l’année de se retrouver pour des loisirs, autour d’un repas de fête, de « retrouvailles », avec 500 convives ou plus.
- Occasion de se réjouir ensemble tout un après-midi par des jeux traditionnels, des concours de force ou d’adresse. Ainsi se resserrent les liens de l’amitié.
- Occasion de se souvenir qu’avant nous vivaient ici des chrétiens qui ont construit une
chapelle au 17ème siècle, au 16ème, peut-être au 15ème ou au 14ème. Après nous, de nouvelles générations nous seront reconnaissantes de l’avoir entretenue, améliorée, léguée en bon état.
- Occasion de redécouvrir le sens de la présence d’un lieu saint au coeur du hameau,
témoin des joies et des peines, des amours et des chagrins, signe de la présence
de Dieu dans la vie quotidienne, invitation à la prière.
- Occasion d’oublier éventuellement des litiges mal solutionnés, des paroles maladroites,
des blessures encore à vif. Les chrétiens vont plus loin, plus profond, en participant
humblement au sacrement du pardon, de la réconciliation.