À partir du premier dimanche de l’Avent, le 28 novembre prochain, une nouvelle traduction du missel romain va entrer progressivement en vigueur dans toutes nos paroisses, après 20 années de travail et de discussions.
Les ressources
Qu’est-ce que le missel romain ?
Le missel romain est un livre destiné à la célébration de l’Eucharistie, selon les normes en vigueur de l’Église catholique romaine. Il contient les textes de prière pour la célébration de la messe du dimanche comme pour tous les jours de l’année. Il est par ailleurs organisé en plusieurs parties, selon la structure de l’année liturgique et des fêtes chrétiennes, ainsi que des différentes étapes de la célébration de la messe. Même si le prêtre en fait habituellement usage, ce n’est pas le « livre du
prêtre », mais bien de toute l’assemblée.
En cela, il est prévu de manière à permettre à toute l’assemblée des personnes présentes de partager une même prière et louange. Le missel romain de 1970 illustre, en français, la mise en oeuvre pratique de l’art de célébrer la messe selon la constitution sur la liturgie (Sacrosanctum Concilium), fruit du concile Vatican II. La version initiale du missel romain a été publiée en latin, le 3 avril 1969, suivant la constitution Missale Romanum du pape saint Paul VI. Elle a été suivie de deux autres versions en 1975 et 2002.
C’est cette dernière, en vigueur aujourd’hui dans l’église catholique de rite latin, qui a été traduite à nouveau.
Trois critères de traduction essentiels
Ce travail de traduction repose sur trois critères essentiels : fidélité au texte original en latin (le sens des mots traduisant la foi de l’Église), fidélité à la langue (son génie propre et sa poésie) dans laquelle il est traduit, fidélité à l’intelligence du texte prié (donc compréhensible) par les destinataires.
Dans la recherche d’un équilibre exigeant et nécessaire entre ces trois aspects, des choix ont été assumés puis soumis à trois reprises au vote des évêques français en commission plénière. Cette traduction a alors reçu sa confirmation par la Congrégation du culte divin à Rome, le 1er octobre 2019.
C’est donc ici une oeuvre de réception en Église à laquelle nous sommes convoqués, sachant que ce missel s’inscrit dans la longue tradition de l’Église en prière. Le missel est, en effet, le fruit de la vie liturgique de l’Église qui, dès ses commencements, a exprimé sa prière et sa foi au travers de mots, de chants, de gestes et de prières. Progressivement, des textes sont apparus afin d’en conserver la mémoire et la richesse, mais également d’assurer ainsi la communion entre tous les chrétiens à travers le monde.
Quelques formules d’assemblée vont donc changer. Cependant, les nouveautés concernent surtout les paroles habituellement prononcées par les célébrants, ce qui nous permettra de renouveler notre écoute et sortir ainsi d’une éventuelle routine des textes et prières de la messe.
Exemples de changement
Pour ne citer que quelques exemples, la nouvelle traduction met l’accent sur :
➤ Une révision des traductions des prières, des préfaces et des dialogues rituels en les ajustant plus particulièrement au texte source.
➤ La mention de l’importance du silence pour la réception fructueuse de la Parole de Dieu.
➤ La mention, dans le symbole de Nicée-Constantinople, du terme « consubstantiel » remplaçant le « de même nature ». Le symbole des apôtres n’a pas été modifié.
➤ Le renouvellement des formules de la préparation des dons afin de mieux manifester que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.
➤ La mention « il dit la bénédiction » dans le formulaire de la consécration vient rappeler que Dieu est source de toute bénédiction.
➤ L’invitation à la communion « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » permet d’exprimer le mystère de l’Alliance avec Dieu.
➤ La revalorisation des termes de « sacrifice » et de « mystère » pour parler de la messe, ce changement devant être accompagné d’une juste et nécessaire catéchèse pour en saisir le sens profond.
➤ La revalorisation du terme « Seigneur » et la réécriture des doxologies qui toutes se termineront par « Dieu, pour les siècles des siècles ».
➤ L’ajout de l’invitation « Orate fratres ! » et sa réponse : « Priez, frères et soeurs, que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. » Le célébrant convoque désormais davantage l’assemblée pour, qu’avec lui, nous apprenions dans l’action de grâce à nous offrir toujours plus en sacrifice vivant et saint au Père, à la suite du Christ : « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église. »
➤ Nous citerons également une traduction renouvelée des anamnèses, l’apparition dans plusieurs passages de l’expression « frères et soeurs » pour traduire le terme « fratres », l’ajout du pluriel au mot « péché » qui devient désormais « les péchés du monde » (« Gloire à Dieu » et « Agneau de Dieu »).
Entrer dans une intelligence enrichie de la messe
Ces quelques points, et tous les autres, seront à découvrir progressivement afin d’entrer en profondeur dans l’acte même de la célébration. Dans notre diocèse, ce travail d’appropriation éclairée a été mené durant tout le mois d’octobre dans les différents doyennés avec les prêtres concernés, entourés de laïcs engagés en liturgie.
Reste à chacun d’aider les fidèles à entrer davantage, à partir de ces nouveautés, dans une intelligence enrichie de la messe en vue d’une participation active et fructueuse, c’est-à-dire en vivant l’actualisation du mystère pascal du Christ à chaque Eucharistie, ici et maintenant, en vue du repas des Noces de l’Agneau. C’est ce que rappelle avec insistance le pape François dans sa catéchèse du 8 novembre 2017 : « L’Eucharistie est un
événement merveilleux dans lequel Jésus Christ, notre vie, se fait présent. Participer à la messe signifie vivre encore une fois la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. »
C’est pourquoi Mgr Guy de Kérimel, président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, souligne combien « la sortie prochaine d’une nouvelle traduction du missel romain représente une opportunité pastorale pour nos églises diocésaines. Elle est l’occasion de déployer la richesse et le sens de la célébration de l’Eucharistie. »
Emmanuel Auvray,
délégué diocésain de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle
Article à retrouver dans la revue Chrétiens en Morbihan n°1514