Le billet spi de la fête des défunts 2023

Pourquoi « faire dire des messes » pour les défunts ?

Par le père Georges-Henri Pérès

Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. (Catéchisme de l’Église catholique, n°1032). Cela se traduit dans nos célébrations par le passage que l’on appelle le memento des défunts : « Souviens-toi de nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection… ».

La messe est toujours célébrée pour tous, mais l’Église permet aux fidèles de s’y associer plus étroitement, d’y participer plus intensément en confiant au prêtre une intention particulière.

Messe à la cathédrale Saint-Pierre de Vannes

De nombreuses intentions sont possibles, bien que le plus fréquemment, les intentions soient tournées vers nos défunts. « Faire dire une messe » pour les défunts a comme première signification de prier pour le repos de leur âme. En effet, ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du Ciel (CEC n°1030). La prière des vivants a alors pour but d’aider les défunts à accéder à la plénitude de la lumière de Dieu.

En outre, solliciter la prière de toute l’Église pour les défunts est une manière d’affirmer les liens qui unissent les vivants et les morts dans la communion des saints. Ainsi, les morts ne tombent pas dans l’oubli lorsque nous redisons que nous formons avec eux une famille formée de tous les membres de l’Église que l’on nomme dans la prière eucharistique : pape, évêques, prêtres, diacres, baptisés, vivants, morts, saints.

Enfin, c’est aussi poser un acte de foi en la résurrection. La célébration de la messe est avant tout une action de grâce pour le sacrifice de Jésus qui, par sa mort et sa résurrection, réconcilie les hommes avec son Père et nous ouvre les portes du Ciel. En nous souvenant de cela dans chaque eucharistie, priant pour nos défunts, nous confessons que nous croyons que cette résurrection nous est aussi promise.


Saint Cyprien de Carthage, De Mortalitate

Notre patrie c’est le Ciel : là se trouvent nos ancêtres, c’est-à-dire, les patriarches ; pourquoi ne pas nous hâter de jouir de leur vue ? Là nous attendent ceux qui nous sont chers : nos pères, nos frères, nos fils, l’assemblée entière des bienheureux, assurée de son immortalité, mais inquiète de notre salut. Quel bonheur pour eux et pour nous de se rencontrer, de se réunir de nouveau ! Quelle volupté d’habiter le royaume céleste sans craindre de mourir et avec la certitude de vivre éternellement ! Peut-il exister une félicité plus complète ? Là, se trouve l’assemblée glorieuse des apôtres, le chœur des prophètes, le peuple innombrable des martyrs victorieux dans les combats et dans la souffrance. Là sont les vierges triomphantes qui ont soumis aux lois de la chasteté la concupiscence de la chair. Là sont les miséricordieux qui ont distribué aux pauvres d’abondantes aumônes et qui, selon le précepte du Seigneur, ont transporté leur patrimoine terrestre dans les trésors du Ciel. Hâtons-nous, mes frères, de nous joindre à cette auguste assemblée ; souhaitons d’être bientôt avec eux en présence du Christ.

Article paru dans la revue diocésaine Chrétiens en Morbihan n°1530 de Novembre 2023