Le pape François ne perd jamais une occasion d’insister sur la double qualité de «disciple – missionnaire» pour caractériser le fidèle du Christ. L’exercice d’une mission confiée par l’Église ne se réduit pas à l’accomplissement d’une tâche réglementée. L’exercice de la mission ne peut être fécond que s’il est d’abord le débordement d’un coeur de disciple. Être disciple, se mettre à l’école du Christ est toujours premier.
Que cette année jubilaire soit donc l’occasion de faire le point sur notre relation personnelle avec le Christ :
► quel contact entretenons-nous avec lui ?
► comment nous laissons-nous renouveler constamment par le Ressuscité
pour faire de Lui le Maître de notre existence ?
► est-il pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie ?
► quelle lumière recevons-nous de lui face aux idéologies qui cherchent à exclure Dieu du monde qu’Il a créé ?
La prière personnelle et communautaire, le contact avec la Parole de Dieu pour nourrir notre foi et surmonter nos doutes, la place essentielle de l’Eucharistie qui est la source et le sommet de la vie chrétienne sont les liens qui nous unissent au Christ Ressuscité. Après avoir écouté la Parole, les disciples d’Emmaüs ont prié Jésus de rester avec eux et ils l’ont reconnu à la fraction
du pain avant d’être envoyés vers les autres disciples.(25) Le livre des Actes des Apôtres ne nous rappelle-t-il pas que les premiers chrétiens « étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (26) » ?
La rencontre personnelle avec le Christ est une rencontre transformante. Sans cette rencontre, l’évangélisation risque de n’être qu’un ensemble de méthodes, de techniques, de recettes destinées à convaincre mais qui passeront toujours à côté de leur véritable objectif.
Sans cette rencontre et l’ouverture à la conversion permanente qu’elle suscite, l’Église risque de n’être qu’une O.N.G. en quête d’influence.
Après vingt ans passés au service de l’Église, saint Vincent Ferrier a vécu une véritable conversion : « Ma conversion fut en Avignon ». Cette seconde conversion est la concrétisation de la parole de Jésus à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis, parce que tout ce que j’ai reçu de mon Père, je vous l’ai fait connaître (27)».
Notre vie chrétienne a toujours besoin de ce second souffle. Certes, il est un don de Dieu, il n’est pas le fruit d’une décision de notre part, mais il est toujours le corollaire de notre ouverture à la grâce et de notre désir de nous donner. La pastorale ne peut être authentique et féconde que si elle est le débordement d’un coeur qui aime, le témoignage de l’amour de Dieu reçu et communiqué. C’est en ce sens que le Pape Paul VI aimait à dire :
« L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins (28 )».
L’Évangélisation ne repose pas d’abord sur l’action, sur des techniques, sur l’investissement de moyens humains et financiers. Il n’y a pas de retour sur investissement à attendre. Elle repose d’abord sur l’authenticité de notre vie de foi, sur le primat de la grâce et de la vie spirituelle.
Le « disciple-missionnaire » est d’abord disciple, faute de quoi il n’entretient que des structures auto-référentes mais malheureusement trop souvent vides.
Celui qui est devenu disciple devient à son tour missionnaire parce que tout baptisé est invité à marcher sur les traces du Christ et, en même temps, est envoyé en mission par la force du Saint-Esprit. Tous les baptisés, disciples de Jésus, sont responsables pour que la Bonne Nouvelle arrive jusqu’aux extrémités de la terre. Celui qui a rencontré le Christ Ressuscité dans sa vie et qui tâche de vivre l’Évangile devient témoin dans son milieu de vie. « Finalement, celui qui a été évangélisé évangélise à son tour : il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole et se soit donné au Règne sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour. (29)»
(25) Lc 24, 13-35
(26) Ac 2, 42
(27) Jn 15, 5
(28) Paul VI, Allocution aux membres du Conseil des Laïcs, 2 octobre 1974 AAS 66, Evangelii Nuntiandi n°41, page 56.
(29) Paul VI, Evangelii Nuntiandi n°24.