Devant autant d’entêtement et d’inconscience, le roi Ferdinand d’Aragon convoqua une assemblée d’évêques et de docteurs auxquels se joignirent les ambassadeurs de Castille, de Navarre et des Comtés d’Armagnac et de Foix, c’est-à-dire tout ce qu’il restait de l’obédience avignonnaise, à l’exception de l’Écosse. Saint Vincent Ferrier y participait. Il y fut établi que Benoît XIII pouvant rendre la paix à l’Église et, se refusant à la lui procurer, on était en droit de se soustraire à son autorité. Quant à son successeur, on se rangerait derrière celui que le Concile de Constance allait élire.
Le 6 janvier 1416, saint Vincent Ferrier, celui-là même qui, par son « Traité du schisme actuel », avait naguère convaincu tous les souverains de la péninsule ibérique des droits des papes d’Avignon, lisait en chaire leur acte de sous- traction d’obédience. Désormais, Benoît XIII, abandonné de tous, se retire au château de Peñiscola, près de Valence, où il mourra sept ans plus tard, plus que nonagénaire, toujours persuadé de sa légitimité et sûr que son bon droit avait été injustement bafoué. Le schisme était terminé. Le conclave qui se tient à l’ombre du Concile de Constance élira le pape Martin V, le 11 novembre 1417. Saint Vincent Ferrier avait fait le sacrifice de sa logique et de ses sentiments pour le bien de l’Église et pour son unité.