Chaque année, Notre-Dame du Roncier, à Josselin, accueille les professionnels et amis du monde agricole pour une journée en souvenir des agriculteurs défunts, en particulier ceux suicidés. Cette année elle a eu lieu dimanche 23 octobre 2022.
Portée par quatre volontaires, dont deux agriculteurs et deux diacres, ainsi que le service diocésain de la diaconie, cette journée propose un temps de marche, avec prière du chapelet, une messe, un temps de pique-nique, et cette année deux conférences sur les saints guérisseurs*. L’abbé Yves-Marie Kindel, diacre missionné auprès du monde agricole depuis 4 ans, raconte : « c’est un moment convivial important, on sent un très grand besoin de se retrouver, se rencontrer, partager autour d’un repas. L’isolement est répandu dans le milieu agricole, aggravé par une fracture générationnelle : les jeunes communiquent peu avec les anciens, ils n’ont pas les mêmes visions des choses ni les mêmes pratiques. Autrefois la paysannerie était portée par la solidarité, aujourd’hui, la compétition et la concurrence règnent, pour beaucoup de raisons », déplore l’abbé Kindel. D’où cette journée annuelle, en mémoire des défunts, mais aussi pour éviter que d’autres suivent ce chemin, et pour recréer du lien, de la fraternité.
L’homélie, prononcée par le diacre Marc Jouan, incitait à la paix : « Le Seigneur ne nous abandonne jamais. La famille s’éloigne, les amis disparaissent, mais pour traverser les épreuves, le doute, et tout ce que la vie nous apporte parfois de difficile, le Seigneur nous accompagne. Il est proche du cœur brisé. Il veut notre bonheur et nous apporte la force de surmonter les heures de tristesse et de solitude. […] Le monde paysan se tourne vers toi Seigneur, pour ceux qui nous ont quitté par leur disparition brutale en se donnant la mort. […] »
« Si la mise en terre de la semence réclame la sueur du front et les larmes, dans l’espérance et la persévérance, la récolte du fruit de la terre procurera la joie et la paix. Il y a nécessité des pleurs pour faire jaillir une source », insiste Marc Jouan.
« Comme il est dit dans les Béatitudes : Heureux vous qui pleurez maintenant, vous serez consolés. De ces pleurs jaillit l’Espérance, comme une source qui ne se tarit pas. »
Chaque année, des dons sont récoltés, reversés auprès de familles en difficulté. Nouveauté cette année : une messe mensuelle pour les agriculteurs suicidés, tous les deuxièmes samedis du mois, à la basilique à 11h. « Nous avons pu la mettre en place grâce aux dons », explique l’abbé Kindel.
Conférences
Augustin Debacker et le père Georges-Henri Pérès ont donné chacun une conférence sur le thème des saints guérisseurs et protecteurs des cultures, pour le premier, et des sacramentaux** pour le père.
« Le but est de rappeler que le ciel s’est toujours penché sur la terre », explique le père Georges-Henri Pérès. « Dans la tradition juive, chrétienne, on a un certain nombre de pratiques, les sacramentaux, que sont les bénédictions, de la terre, du bétail, notamment pendant les rogations, et les offrandes des prémices. Il y a toujours un lien entre Dieu et les hommes de la terre. Le travail est béni par Dieu […] Chacun doit être capable de remettre son travail à Dieu, rendre grâce et en même temps demander. Mon souhait est que chacun reparte avec l’Espérance que Dieu n’abandonne pas et qu’à travers ces pratiques Il se penche sur la Terre. »
** Signes sensibles et sacrés, qui tout en ayant une analogie avec les sacrements n’en sont pas. Ils sont porteurs d’une réalité spirituelle. Les consécrations et bénédictions, mais aussi les objets bénits, eau bénite, médailles, scapulaires sont des sacramentaux. Glossaire Eglise Catholique
Exposition sur les saints guérisseurs
Prêtée par Mme Hélène Barazer, conférencière sur le patrimoine breton, l’exposition retrace l’histoire de saints guérisseurs en Bretagne, des pardons aux représentations. Elle est prolongée jusqu’au mois de Novembre. A voir dans la basilique ND du Roncier de Josselin.
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La complainte du paysan, composée par l’abbé Pourchasse, missionnaire diocésain (1720-1796) révisée par l’abbé Pierre Le Goff, aumônier de N.D des pins à Bieuzy-Lanvaux (1860-1941) a été chantée, en breton, lors de la messe :
D/ Lakait de greskein, o men Doué,
Er bléad ér parkeù,
Strèùet arnomp get larganté
Holl ho tonézoneù.
1- Hwi é, men Doué, dré ho puisais
E vag ho pugalé :
Bamdé hwi e ra o béùañs
D’er horf ha d’en éné.
2- Er parkeù e zo bet hadet
Get er brasañ soursi ;
Hep sekour Doué ne vo estet
‘Meit poén ha kerteri.
3- Kær e vo d’er hæh labourér
Poéniein én é labour,
Ar en douar n’en do ‘meit mizer
Mar nen det d’er sekour.
4- Gwarantet doh er fall amzér
Hor bléad hag hor gwé ;
Strèùet er glaù hag en toemmdér
Ar en toézad eue.
5- Ha ‘pe vo achiù hon deùeh,
Treménet hor buhé,
Reit demp diskuéh ha leùiné :
Én néañv ‘vo sul bamdé.
R/ Faites croître, mon Dieu
la récolte dans les champs,
répandez sur nous avec générosité
tous vos dons.
1- C’est vous, mon Dieu, qui par votre puissance
nourrissez vos enfants :
Chaque jour vous leur donnez leur nourriture
pour le corps et pour l’âme.
2- Les champs ont été semés
avec le plus grand soin ;
sans l’aide de Dieu, ne seront récoltées
que peine et disette.
3- Le pauvre paysan
a beau peiner dans son travail,
sur la terre il n’aura que misère
si vous ne venez à son aide.
4- Protégez du mauvais temps
notre récolte et nos arbres ;
répandez également la pluie et la chaleur
sur les épis.
5- Et quand sera finie notre tâche,
passée notre vie,
donnez-nous repos et joie :
au ciel ce sera dimanche tous les jours.
