Une journée de partage avec l’aumônerie des gens du voyage

L’aumônerie catholique des gens du voyage et forains du diocèse a organisé une journée de partage dimanche 3 juin à l’abbaye de Timadeuc. Depuis plus de dix ans le diacre Patrick Le Galliot, également chargé de mission auprès de l’association des gens de la rue « Stéphane Bouillon » basée à Auray, accompagne l’aumônerie :

« Nous organisons une fois par an une rencontre festive et familiale à l’abbaye de Timadeuc avec Barbecue, messe, échanges, etc… » explique-t-il. « Pourquoi à Timadeuc ? Parce qu’il y a traditionnellement un vieux lien entre les moines de l’abbaye et les gens du voyage. Lorsque ces rencontres ont démarré, il y a plus de 20 ans, elles duraient plusieurs jours. Il fallait un terrain pour faire du feu, mettre des caravanes… Les moines ont accueilli les gens du voyage, et depuis, même si ce n’est plus que pour une seule journée, ils continuent de venir. »

« C’est un vrai plaisir de les accueillir » confie le frère Yves-Marie. »Ils ont une foi très forte. Je me souviens encore du papa de Mario qui a dû improviser les méditations pour un chemin de croix. Il l’a fait avec tout son coeur, je n’en ai jamais eu de comme ça depuis, j’en suis encore marqué. »

Co-responsable de l’aumônerie catholique depuis la rentrée 2017, Patrick Le Galliot est en binôme avec Pierrick Blandineau, diacre à Lorient et tertiaire franciscain. Ce dernier a intégré l’aumônerie il y a trois ans. Et la mémoire de l’aumônerie, c’est soeur Monique, de la congrégation des Filles du Saint- Esprit  : « ça fait 26 ans que je viens. Infirmière en prison, j’ai pris ma retraite en 1995, et depuis je fais partie de l’équipe. Avant moi c’était soeur Marguerite, qui a fondé l’aumônerie avec l’abbé Mayeul, actuellement en maison de retraite. Aujourd’hui le prêtre accompagnateur est le père Lucien Pedron. »

« Les gens du voyage nous donnent des leçons de vie »

« Nous ne sommes pas très nombreux dans l’aumônerie, mais ça tourne bien, et nous recevons tellement de ces rencontres ! » nous disent d’une seule voix Patrick, Pierrick et soeur Monique. « Les gens du voyage nous donnent des leçons de vie : le sens de la famille, très fort, la solidarité entre tous, l’accueil particulier et le respect des enfants, des handicapés et des personnes âgées…Ils peuvent veiller un malade 24h sur 24. D’ailleurs cela peut poser des problèmes lorsque c’est à l’hôpital ! » « Ils nous apportent énormément, par leur simplicité, sans faux-semblant. Ils ont une affirmation de leur identité qui fait leur force » nous dit Pierrick. « Ce sont eux qui m’évangélisent » poursuit Patrick. « Leur foi est très profonde. Ils n’ont pas besoin d’une grande catéchèse, ils possèdent le fond. »

Les familles sont accompagnées pour les préparations aux baptêmes ou pour les funérailles. Les baptêmes se font souvent par fratrie entière, car chez les « manouches » comme ils s’appellent eux-mêmes, on ne peut célébrer de baptême dans l’année s’il y a eu un décès… Le baptême est aussi l’occasion d’une très grande fête, qui nécessite donc des finances. Et si vous êtes invité chez l’un d’entre eux, n’allez pas offrir des fleurs : elles sont pour les morts …

Par contre « ils ne se marient que très peu : le mariage est surtout coutumier chez eux. » explique le père Pédron, « rachaï » (prêtre)  du groupe, en langue Romi.

Nous sommes là pour la Parole de Dieu

Francis et Jacqueline au centre

« Nous sommes là pour la Parole de Dieu« , c’est la première chose que dira Francis, le « patriarche » de toute la famille réunie aujourd’hui (plus de trente personnes, trois générations).

Francis fait lui aussi partie de l’aumônerie. Il se souviens : « Le premier pèlerinage dans les champs, c’est nous qui l’avons créé, c’était en 1990. Quel travail ! Il avait fallu dégager les bois pour faire le chemin de croix ! »

Fier d’être manouche, fière de mes enfants

« Je suis sédentarisé depuis 30 ans. Aujourd’hui dans ma famille nous sommes tous sédentarisés, et habitons dans le département. Mais je suis fier d’être manouche. » dit Francis. Et il rajoute fièrement « tous mes enfants ont un travail« .

Sa femme Jacqueline continue : « je suis fière de mes enfants, j’ai su les élever, je ne les ai pas laissé filer. Ce sont des enfants sérieux, ils ne touchent pas à l’alcool ni à la drogue, ils ont tous la foi. » « J’ai trois filles et six garçons. Ils sont tous mariés avec des sédentaires, » –des gadgés– « mais c’est bien ainsi. Et nous avons élevé trois enfants de mon frère car sa femme est morte en mettant au monde un enfant. »

Jacqueline est manouche par sa mère, et sédentaire par son père.  « Il voulait être père blanc, mais il a rencontré ma mère et il l’a trouvé tellement jolie qu’il s’est marié avec elle… »

Il faut donner, c’est ça qui apporte le bonheur 

Marielle, l’aînée de la fratrie, est heureuse de nous expliquer que ses parents sont un bel exemple pour leurs enfants : « nos parents aiment accueillir, c’est sans doute aussi pour cela que nous aimons partager, accueillir, sans à-priori sur les gens. »

Malgré les épreuves de la vie, et la peur d’être rejeté. Car il y en a des stigmatisations racontent-ils ! « La faute est toujours sur les gens du voyage » dit Stéphane, frère de Marielle. « Moi on me dit que mes enfants sont des exemples d’éducation. Mais je préfère leur dire de ne pas dire qu’ils sont manouches, pour qu’ils ne soient pas rejetés. »continue Marielle.

Puis elle conclue, lumineuse : « il faut donner, c’est ça qui apporte le bonheur« .

Un peuple venu d’Inde, une langue en voie de disparition

Le peuple ROM a migré massivement de l’Inde pour échapper à l’esclavage et aux pressions. Il est arrivé en Europe vers le XIVème siècle. Alors qu’une langue se perd normalement au bout de 4 à 5 générations chez un peuple migrant, les ROM ont conservé la leur pendant plus de 1000 ans. « Depuis la 2ème guerre mondiale et les persécutions du peuple tzigane, la langue romani a quasiment disparue. En Bretagne plus personne ne la parle « , déplore Ritchie, jeune frère de Marielle passionné d’histoire. Il nous explique que la langue romani est une langue d’emprunt, venue du yiddish et du sanscrit, du perse, du latin, de l’arménien avec des influences, françaises, allemandes, italiennes… « J’apprends la langue, c’est important pour nos racines. J’ai un dictionnaire, et j’ai un collègue qui parle romani. »

En savoir plus sur l’histoire

4000 manouches dans le diocèse

Aujourd’hui ils sont entre 3500 et 4000 gens du voyage dans le département, dont environs 1300 catholiques.

« Ils voudraient que l’on fasse plus de choses en aumônerie », confie Patrick, « être plus souvent visités, mais nous sommes à court de temps. Il faudrait plus de bénévoles »  « Nous avons un gros défi pour l’aumônerie aujourd’hui : si on ne répond pas à leurs attentes, ils iront chez les évangéliques. » Et Pierrick explique :  »  Les évangéliques sont plus nombreux et prosélytes. Ils ont des caravanes chapelles, sont plus solidaires, se cotisent en cas d’enfant malade, de décès, etc… Il nous faut occuper le terrain, être plus présents. »

…Venez et voyez ! Intégrez l’aumônerie

S’il y a un appel à lancer c’est bien auprès de futurs bénévoles : venez et voyez ! Il y a autant à apprendre qu’à apporter….

Les missions de l’aumônerie des Gens du voyage et forains :

  • Annoncer aux voyageurs et artisans de la fête (forains) un « Dieu qui aime chacun d’entre nous ».
  • Etre présence d’Eglise auprès des voyageurs et forains : leur dire l’attention, l’affection de l’Eglise diocésaine.
  • Faire Eglise avec les voyageurs et forains : les inviter à rejoindre les paroisses, mouvements, à participer à la vie du diocèse.
  • Accompagner les paroisses, mouvements et services pour qu’ils soient accueillants aux gens du voyage et forains.
  • Enrichir l’Eglise diocésaine de la culture spécifique des voyageurs et forains.

Contacts :

Patrick LE GALLIOT, diacre, aumônier in solidum 02.97.56.32.95 – 06.75.50.45.31
Pierrick BLANDINEAU, diacre, aumônier in solidum 06 77 53 25 18 pblandineau@yahoo.com 
Sr  Monique TATARD 02.97.47.13.16 – 06.76.25.86.03

En savoir plus 

Gens du voyage, artisans de la fête ou forains, circassiens, … quelles sont les différences ? Les gens du voyage sont souvent artisans indépendants, nomades ou sédentarisés. Les forains travaillent dans les attractions, manèges, stands de foire, étals de foire et de marché, et les circassiens dans les cirques.

En savoir plus sur l’aumônerie catholique des Gens du voyage du Diocèse de Vannes

Voir le site de l’aumônerie catholique des gitans et gens du voyage