A la veille des ordinations sacerdotales, 12 « prédicateurs » ont pris part au « concours de prédication » qui s’est déroulé sur le parvis de la cathédrale, là-même où le frère prêcheur dominicain saint Vincent Ferrier « a tant et tant prêché la bonne nouvelle du Christ ». Les instigateurs de ce concours inédit ont réussi leur pari : profiter de la dimension missionnaire des ordinations sacerdotales et du jubilé saint Vincent Ferrier pour rappeler combien l’annonce de l’Evangile et le témoignage de foi sont plus que jamais d’actualité !
Interpellés par la scène qui, en ce samedi après-midi, se joue sur le parvis de la cathédrale, de nombreux passants interrompent leurs déambulations pour prêter l’oreille. Face à un auditoire assis sur des bancs et à six membres du jury, de jeunes –et moins jeune- orateurs se succèdent au pupitre. Exercices de style ? Concours d’éloquence ? Match d’improvisation ? s’interrogent les quidams. Beaucoup s’attardent, interpellés par les prédications, livrées sur le thème des fins dernières cher à saint Vincent Ferrier.
« Les intervenants étaient tous très imprégnés de leur foi », constate Elisabeth. « Ils ont su la transmettre au public ». Demeurée en retrait, elle a pu en effet observer « des personnes, qui ne partagent pas notre foi, touchées par leurs interventions ». « En tant que catholique pratiquante, j’ai été moi-même très touchée, ça a été un enseignement pour moi. Ces personnes nous ont fait grandir dans l’amour de Dieu ».
Etudiants pour la plupart, jeunes professionnels, séminariste ou même encore un père de famille, venu concourir aux côtés de ses enfants… Prédicateurs et prédicatrices ont déployé des « trésors » d’éloquence et de profondeur spirituelle. Auparavant, dans la salle du chapitre de l’ancien Carmel de Vannes, les candidats ont « planché » 60 minutes pour bâtir leur discours en s’appuyant sur les trois versets d’Evangile enfin dévoilés (Mt 6, 19-21).
Durant les cinq minutes qui leur étaient imparties, tour à tour, et chacun dans un style singulier, ils font face à l’auditoire et aux six membres du jury présidé par Monseigneur Centène. Ils puisent dans les Ecritures, les Pères de L’Eglise, les saints, … Souvent lumineuse, parfois incisive et provocatrice, toujours très inspirée, leur prédication exhorte, questionne, bouleverse, bouscule le public et fait s’attarder les passants.
« Malheur à moi si je n’annonce pas… »
Pourquoi un tel concours ? «Pour rappeler que la Parole de Dieu doit être proclamée ! », développe Etienne, qui à l’issue d’une année de propédeutique, entre au séminaire. Deux évènements ont présidé à cette initiative : les ordinations sacerdotales et le jubilé saint Vincent Ferrier. « Trois jeunes futurs prêtres seront envoyés en mission, dans le diocèse ou à Madagascar pour Gabriel de Lépinau. On a profité de la dimension missionnaire de leur sacerdoce et du jubilé saint Vincent Ferrier pour introduire un concours de prédication ». En charge du fil rouge, ce dernier s’est employé à approfondir la figure du prédicateur dominicain saint Vincent Ferrier à travers de courts intermèdes. « Les candidats eux-mêmes jouent en fait ce rôle de saint Vincent Ferrier. Dans le contexte apocalyptique qui était celui de son époque, la prédication de saint Vincent était très forte et a énormément converti : parmi les chrétiens qui ont remis leurs cœurs à l’ouvrage et aussi parmi les musulmans, les juifs, les païens ». Il s’agit à la fois de susciter le zèle missionnaire et d’interpeller les personnes, en les invitant à se poser des questions. « Dans notre contexte propre, nous avons à annoncer l’Evangile à la manière de saint Vincent Ferrier, c’est-à-dire adaptée à notre époque. Ce concours est une tentative d’actualiser la méthode de saint Vincent pour aujourd’hui ».
« Le message nous dépasse »
Quelques minutes avant de s’exprimer au micro ou après leur passage, les participants livrent leur motivations.
Le message que tous nous avons prêché, même si nous ne sommes pas de grands orateurs, même si nous avons nos faiblesses, il nous dépasse. Il va bien au delà de ce que nous sommes et il est pour tout homme ! C’est pour moi une grande grâce, une chance de pouvoir témoigner de ma foi auprès d’autres jeunes. D’exprimer le bonheur de la partager. En cette fin d’année, c’est aussi une façon de tout ramener à l’essentiel : le Christ, qui est dans tous nos choix de vie. Yannick, étudiant
Mes motivations étaient de présenter le cadeau qui m’a été offert par Dieu à ceux qui ne le connaissent pas forcément. Je suis nouvelle convertie. J’ai déjà gagné le cœur de Dieu et cela me suffit largement ! Je voulais juste que quelques personnes, des passants, puissent entendre mon témoignage. J’ai préparé ce concours en essayant de lire des passages de la Bible – je pense aux mots de Mc 13, 11 – il fallait que je fasse confiance, c’est l’Esprit-Saint qui allait parler à ma place. Je me suis laissée inspirer, en m’abandonnant au Père. Faites confiance à Dieu car il est beaucoup plus grand que nous ! Nolwenn, nouvelle baptisée « néophyte »
Les enjeux dans une prédication sont double : réussir à instruire une personne te il faut réussir à la toucher parce que si je ne fais que l’instruire mais qu’après elle n’essaie pas d’appliquer ce que je lui ai dit, ça ne sert à rien. Il faut la convaincre de mettre en application ce que je lui ai dit donc il faut la toucher. On va voir si je vais y arriver, avec la grâce de Dieu peut être ! Gildas, séminariste au séminaire saint Yves de Rennes
Adrien (prédicateur d’or) et Augustin, (prédicateur d’argent), étudiants au foyer Mémo de Vannes et amis d’Antoine Le Garo, ordinand : « Tous les deux, nous aimons parler en public. C’est idiot de ne pas utiliser cette capacité à parler en public surtout s’il s’agit d’annoncer la parole de Dieu ! (…)
Il y a plusieurs types d’éloquence. C’est quelque chose qui doit être assez court et qui doit faire passer pas forcément la globalité d’un sujet mais l’idée essentielle d’un thème, ce que faisait saint Vincent Ferrier (… ) Quand on creuse l’histoire de Vannes, c’est une terre missionnaire, très riche spirituellement et saint Vincent Ferrier n’y est pas pour rien ! La ville est imprégnée de sa marque. Etant breton, j’ai été touché et inspiré par son zèle pour prêcher la parole de Dieu en public. (…) L’ingrédient clé pour tout type d’éloquence, c’est d’être convaincu d’abord soi même de ce que l’on dit. Le deuxième ingrédient, c’est de « se lâcher » soi même.
A l’issue de ses délibérations, le jury a décerné trois prix et désigné un « coup de cœur ».
Prix d’or : Adrien
Prix d’argent : Augustin
Prix bronze : Gildas, séminariste
Coup de cœur du jury : Nolwenn
Les ingrédients d’une « bonne prédication »
Mais précisément, quels sont les critères, les ingrédients qui font une « bonne prédication » ? Le Père Le Bigot, vicaire général et membre du jury, répond : « Au-delà du fond et de la forme, la prédication se travaille dans la lecture de la parole, dans la méditation et dans l’oraison ; c’est là que l’on puise et que l’Esprit-Saint nous travaille pour nous faire entrer dans le sens infini de ce que Dieu nous dit ».
Quant à la forme, s’agissant pour la plupart de jeunes étudiants, le jury se prononce sur des critères d’éloquence ainsi que sur l’habileté à ordonner, présenter et transmettre ses idées.
« Sur le fond, c’est le mystère du salut qui est donné dans une parole humaine : il y a aussi à faire entrer dans le sens d’abord humain. Ce n’est pas le fait de faire une analyse de texte, c’est d’essayer de conduire le fidèle à saisir quelque chose du mystère du Christ. On ne peut pas tout dire ni donner le sens absolu à la parole de Dieu en une prédication (…) C’est toujours un parti pris. On espère simplement qu’il soit sous le souffle de l’Esprit ».
Le point essentiel souligné par le Père Le Bigot est que la vraie prédication s’enracine dans un vécu. C’est bien en cela que saint Vincent Ferrier est un modèle, lui qui, à la suite d’une conversion intérieure, s’est laissé pousser sur les routes par l’Esprit-Saint, pour prêcher l’Evangile jusqu’en terre bretonne. « Les saints nous invitent à saisir qu’il s’agit d’abord de vivre ce que l’on prêche et ensuite de prêcher ce que l’on vit. La prédication doit conduire à une vraie conversion, une vraie adhésion ».
Morceaux choisis
Jésus vient nous dire comment faire pour devenir vraiment riche. Il faut donner. Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir, chose que j’ai mis beaucoup de temps à comprendre car pour moi, il y avait plus de plaisir à recevoir qu’à donner… ». Edouard
« Faites-vous des trésors », c’est au présent donc c’est maintenant, c’est ici ! Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur : en posant des actes qui nous rapprochent de Dieu maintenant, alors mon cœur et mon corps seront en Dieu, qui est éternel et toujours présent. A l’heure des fins dernières, je pense que Dieu regardera là où on aura placé notre cœur… dans l’amour ou dans les choses qui passent. Ce que l’on peut vraiment retenir, c’est que l’amour jamais ne passera et c’est Dieu qui est amour. Marie
La plus belle parole qui me fut donné d’entendre ça a été le 31 mars 2018 : « tu es devenue enfant de Dieu ». Elle ne m’a plus jamais quittée parce que je venais de trouver un père qui m’a aimée profondément et qui me guide tous les jours. Notre passage sur terre est là pour nous aider à trouver l’amour et à pouvoir goûter de cet amour du père. mais cet amour n’est que le reflet de ce qu’est vraiment Dieu; comme la lune – nous, reflète la lumière du soleil. Il a laissé une signature sur ses œuvres. L’un des plus gros regrets que peut avoir une personne qui rencontrer Dieu un peu plus tard que les autres, c’est le regret de se demander ‘Pourquoi je n’ai pas vu cette vérité avant ? Pourquoi j’ai perdu toute ma vie jusque maintenant sans Dieu ?’ (…) Mais il n’est jamais trop tard pour suivre Dieu, malgré nos fautes, nos péchés. L’Eternel est miséricordieux et compatissant. La miséricorde, c’est l’action de l’amour de Dieu pour nous, ! Je n’ai qu’une question à vous poser : c’set quelle est voter heure à vous pour choisir de suivre Dieu ? Nolwenn, Lorient
Encore un jour qui passe et qui me rapproche de la vie car la vie c’est le Christ, notre tendre et cher amour, le but ultime de notre vie donc bienvenu à toi sœur la mort qui me rapproche ainsi du Christ. Le vrai trésor se trouve dans notre intériorité.
Dieu ne nous laisse pas seul, il nous laisse sa grâce qui passe à travers les sacrements : la messe, rendez-vous compte ! La grâce passe à travers cette messe. Et la confession – la lessive qui lave plus blanc que blanc ! – mon âme peut être immaculée ! Pourquoi ne courons-nous pas au confessionnal ? Mettre son trésor dans le Christ pour que dans le Christ réside notre cœur, notre vie et notre éternité.
Nous sommes sur terre pour nous préparer à cette vision béatifique. Afin que le jour de notre enterrement ne soit pas une mise en terre mais un véritable en-ciel-ement qui nous emmène vers le Christ pour que nous puissions le contempler pour l’éternité. Augustin
Demain, trois hommes vont donner librement leur vie pour servir Dieu comme prêtres pour proclamer la bonne nouvelle du salut. Nous pouvons nous laisser toucher par leur exemple, par l’offrande qu’ils font de leur vie. Choisir la vie, c’est choisir l’amour. Yannick
Quel est votre but ? Dieu nous invite à faire notre cœur un cœur tourné vers l’éternité. Alors je vous le répète, quel est votre but ? Notre cœur tourné vers lui, c’est notre trésor. « Si tu nous désires pas, tu meurs ». Confiance, espérance : c’est cela que le Christ nous demande : certes il y aura de la souffrance, il y aura de la peine mais elles ne suppriment pas la joie : la joie, c’est un choix libre que l’on fait chaque matin en se levant. Le Seigneur nous pardonne tout ! Adrien