Culture & Foi : les saints de l’été – Sainte Hélène

Cet été nous vous proposons de (re)découvrir la vie de saints bretons fêtés durant la période estivale, selon le propre* du diocèse de Vannes. Ils ont souvent donné leur nom à des églises, chapelles ou paroisses.

Le calendrier d’une Église diocésaine est un témoin autorisé de la fécondité de l’Évangile dans une région. Fêter les saints du terroir au cours d’une année, c’est évoquer une longue histoire et rendre grâce pour le don de Dieu qui ne s’est jamais démenti au cours des siècles. Ainsi en va-t-il du calendrier de l’Église de Vannes.

Rubrique proposée par le père Georges-Henri Pérès.


Sainte Hélène, fêtée le 18 août

D’après le martyrologe romain

Ste Hélène, Surzur

À Rome, sur la voie Labicane, vers 329, sainte Hélène est la mère de l’empereur Constantin le Grand. Elle subvenait aux besoins de toute sorte de personnes et, mêlée à la foule, aimait à visiter pieusement les églises. Elle fit le pèlerinage de Jérusalem pour rechercher les lieux de la Nativité, de la Passion et de la Résurrection du Christ et fit construire des basiliques pour honorer la crèche et la croix du Seigneur.

D’après les Bollandistes**

L’empereur Constantin avait vu paraître au ciel une croix plus éclatante que le soleil, et sur laquelle ces paroles étaient écrites : Tu vaincras par ce signe ; et, ayant effectivement vaincu le tyran Maxence, par la vertu de ce signe, il en conçut une si grande estime, qu’il prit d’abord un soin particulier d’en faire connaître la grandeur et le mérite dans toute l’étendue de son empire. Pour cet effet, il fit peindre des croix sur les bannières impériales, au lieu des aigles qui y étaient auparavant ; il en fit marquer la monnaie publique de l’empire, et se fit lui-même représenter tenant dans sa main droite un globe d’or, sur lequel était une croix, pour faire entendre que c’était par elle que le monde avait été racheté.

Fontaine Ste Hélène, Bubry

Sainte Hélène, mère de cet empereur, eut une dévotion encore plus particulière à ce mystère de notre salut : par un mouvement divin, dès que le concile de Nicée fut terminé, elle résolut d’aller en personne à Jérusalem, pour y visiter les Saints-Lieux et y chercher ce bois salutaire, où le Rédempteur du monde avait été attaché. Mais elle ne le trouva pas sans difficulté : il n’y avait plus personne qui sût l’endroit où on l’avait mis après que ce divin crucifié en avait été détaché ; tout l’espace du Calvaire avait été tellement rempli de décombres, qu’il était malaisé de reconnaître le lieu de son crucifiement et de sa sépulture. Elle surmonta néanmoins tous ces obstacles par le secours du ciel : elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre-Seigneur, et les anciens de la ville, qu’elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu’était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d’ardeur et de diligence, qu’elle découvrit enfin ce trésor, que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu’il ne fût point brûlé par les idolatres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui put rendre ses adorations.

Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu’elle n’eût osé l’espérer : car, outre la croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir : les clous dont Notre-Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant une chose la mit extrêmement en peine : les croix des deux larrons, crucifiés avec lui, étaient aussi avec la sienne, et l’impératrice n’avait aucune marque pour distinguer l’une des autres.

Ste Hélène, Fontaine de Bubry

Mais saint Macaire, alors patriarche de Jérusalem, qui l’assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté : ayant fait mettre tout le peuple en prières, et demandé à Dieu qu’il lui plat de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : Une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu’elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu’alors à tous les remèdes humains, et qu’elle fût entièrement désespérée des médecins.

Le même jour, saint Macaire rencontra un mort qu’une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu’on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita. Sainte Hélène, ravie d’avoir trouvé le trésor qu’elle avait tant désiré, remercia Dieu d’une si grande faveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la croix, qu’elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l’église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais de Sertorius, et qui a toujours retenu depuis le nom de Sainte- Croix-de-Jérusalem.

L’empereur, signalant de nouveau son respect pour l’instrument sacré de notre salut, dans la vingtième année de son règne, défendit de crucifier désormais les malfaiteurs, ce qui s’est toujours observé depuis dans les pays chrétiens. Ainsi, ce qui avait été une marque d’ignominie, devint un titre d’honneur, et fut élevé sur la couronne des rois, et sur le sceptre des plus grands monarques de la terre.


*Le propre d’un diocèse est le calendrier particulier d’un territoire où l’on fait mémoire ou célèbre la fête de saints locaux.

**La Société des Bollandistes est une société savante belge fondée au XVIIᵉ siècle par Jean Bolland dont le but premier est l’étude de la vie et du culte des saints.