Journée pour les couples
Mobiliser, réveiller, ressourcer les couples déjà impliqués ou désirant s’impliquer dans la mission et l’évangélisation : c’était l’objectif de l’avant-première du Congrès Mission, vendredi 1er octobre. Une journée entièrement réservée et pensée pour les couples, en écho au pape François : « J’appelle les couples à la mission. Ils sont souvent les mieux placés pour annoncer Jésus-Christ. J’invite les couples à s’engager davantage, de manière concrète et créative. » (Pape François, 10 septembre 2015). Plus de 80 couples avaient répondu à l’appel !
La journée, présidée par Monseigneur Jacques Habert, évêque de Bayeux-Lisieux, a alterné temps de louange et de prière, enseignements, témoignages, partages, eucharistie et envoi en mission, sous le patronage de sainte Thérèse, patronne des missions.
Trois thèmes ont présenté les étapes à vivre dans l’engagement missionnaire en couple :
(re)découvrir que le sacrement de mariage est la source de la mission, avec un enseignement de Pierre et Raphaëlle de Rosambo, membres de la communauté Priscille et Aquila et formateurs pour la mission, puis le témoignage de Renaud et Marie-Agnès, partis d’abord en mission au Brésil avec l’ONG Points-Cœurs puis cinq ans dans l’Oise avec l’association Lazare dans une colocation entre jeunes pros et personnes sans-abri.
Discerner et vivre l’appel missionnaire en couple et en famille, avec Olivier et Marie Beleil, membre de la communauté du Verbe de vie, suivi du témoignage d’Albéric et Charlotte Bischoff, partis en mission avec la Fidesco pendant deux ans, avant de s’engager au sein de leur paroisse.
Conversion pastorale et couples missionnaires, avec Bernard et Catherine Laromiguière qui ont présenté comment, concrètement, les couples ont leur place dans la transformation de la paroisse.
Ils ont participé
Sophie et Rémi Loche, coordinateur de la journée Couples missionnaires
« Préparer cette journée a été l’occasion de vivre un bel évènement d’Église qui permet aux couples d’être renouvelés pour la mission. Elle n’est pas réservée aux prêtres et aux religieux ! Nous avons-nous aussi notre place car nous sommes au cœur du monde.
S’engager et partir en mission est un désir qui habite le cœur de beaucoup de couples : nous avons envie de nous donner, d’apporter quelque chose à notre société qui manque cruellement de joie, d’espérance. La mission se trouve aussi dans notre quotidien, notre famille, nos enfants, notre travail, nos relations, nos associations, nos activités, là où nous sommes.
Le renouveau missionnaire lancé par le pape Jean-Paul II, poursuivi par Benoit XVI et le pape François, appelle les couples à la mission là où ils sont, dans le monde, pour renouveler le monde de l’intérieur. Les couples sont très bien placés pour le faire alors, allons-y ! »
Martin, Line et Jean-Dominique, animateurs des temps de louange
Jean-Dominique : « Nous avons été invités par notre paroisse, du côté de Nantes, à nous engager dans le Congrès Mission. Pour Line et moi, il était important d’être au service, en couple. Nous prions pour que l’Esprit Saint porte du fruit à travers ce service. «
Line : « Ce qui m’a motivée, c’est de partager les charismes que le Seigneur m’a donnés. Lorsqu’on met Dieu au cœur de notre couple, il est là concrètement et nous conduit où il veut que nous allions. Nous pouvons nous laisser porter par Lui. Nous avons beaucoup de belles choses à vivre, mais pour y être attentifs, il faut se poser un peu. »
Martin : « Je retiens de cette journée qu’on ne se marie pas pour s’installer. Jésus ne s’engage pas dans notre mariage pour que nous nous aménagions dans un appartement, pour que nous ayons un mode de vie bien casé. Au contraire, il nous envoie en mission « deux par deux », comme il est écrit dans l’Évangile. Les témoignages de cette journée donnent envie de se bouger ! »
Étienne et Annie Roginsky, paroissiens de la paroisse cathédrale, Vannes
Étienne : « Pour nous, la mission fait partie de la vocation de tout baptisé. Les intuitions de cette journée nous montrent que les couples ont un rôle particulier à jouer, qu’au nom même de leur mariage, ils ont reçu beaucoup et sont amenés à s’ouvrir, à donner ce qu’ils ont reçu. C’est une joie de partager cela avec tous les couples aujourd’hui.
Un petit clin d’œil : c’est ici, dans l’église de Toussaints, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois il y a plus de 40 ans, au pied de l’autel ! Et c’est aujourd’hui la fête de sainte Thérèse de Lisieux que nous aimons beaucoup, ainsi que ses parents, Louis et Zélie Martin. C’est une très belle journée ! »
Annie : « Ce qui m’a marquée : l’insistance sur l’efficacité au quotidien du sacrement de mariage dans le couple. Un couple qui vit son sacrement de mariage, c’est plus qu’un homme et une femme qui vont annoncer l’֤Évangile parce qu’ils sont baptisés. Il y a une grâce particulière, le Seigneur est vraiment à l’œuvre dans le couple missionnaire qui vit son sacrement de mariage. »
Etienne : « Une précision nous réconforte : on n’a pas besoin d’être un couple parfait pour être envoyé en mission. Les couples baptisés de toute l’Église, tels qu’ils sont, avec la réalité de leur vie conjugale, ses grandeurs et ses ombres, sont appelés à la mission.
Pour nous, le mariage a été un peu comme un second baptême. Nous avons eu la chance de vivre nos missions dans les paroisses, des paroisses très différentes, avec des prêtres d’âge, de condition, d’origine variés. Mais nous avons constaté que nous avons toujours trouvé notre place : en servant la paroisse, nous servons le corps du Christ. C’est une joie d’être au service : on donne, mais on reçoit beaucoup aussi. »
Benoît et Marie Genuyt, paroisse Larmor-Ploemeur
Marie : « Nous sommes venus pour nous rebooster. L’un comme l’autre, nous avons besoin d’être bougés dans notre confort habituel et dans notre petit train-train, au bout de 5 ans de mariage. La mission est un thème qui nous attire beaucoup. Nous rêvons de pouvoir nous donner, nous sommes ici avec ce désir, peut-être pourquoi pas pour partir loin, mais surtout pour mieux prendre conscience que la mission commence au quotidien dans nos familles, nos paroisses, dans notre entourage avec nos amis. »
Benoît : « Nous sommes venus pour prendre des idées et écouter des témoignages qui peuvent nous éclairer.
J’ai été marqué de voir à quel point la mission est une vocation du couple et le rend profondément heureux. Les derniers papes nous invitent vraiment, par nos vies de couples, à nous donner, à nous découvrir missionnaires. Se découvrir missionnaire, c’est un chemin un peu compliqué. Le Oui de la mission n’est pas facile, surtout lorsqu’on est dans nos quotidiens, dans nos familles, mais une fois que ce oui est donné, c’est beaucoup de grâces, beaucoup de joie. »
Quelques prêtres étaient présents à la journée
Père Antoine de Roeck
« Je suis venu pour enrichir les idées que nous pourrons partager avec les couples de la paroisse. Nous aimerions développer plus l’apostolat des couples et des familles. Et je crois aussi beaucoup en la complémentarité des vocations ; voir ce qui se fait du côté des familles pour enrichir nos vies sacerdotales. Ce matin, il y a eu une belle invitation à se lancer dans la mission avec beaucoup de réalisme. Et une très belle articulation a été faite par Monseigneur Habert entre sainte Thérèse, patronne des missions, et sa famille : ils se sont mutuellement portés dans la sainteté. »
Père Louis de Bronac, curé de la paroisse de Guer
« Des paroissiens m’ont invité à cette journée et m’ont convaincu qu’elle était aussi pour moi ! La famille est cellule de base de la société, elle est aussi cellule de base de la paroisse. Voir ces témoignages de couples qui ont évolué dans leur foi jusqu’à devenir de véritables missionnaires en couple, nous instruit. Nos paroissiens peuvent eux aussi s’investir dans l’évangélisation en couple et porter ensemble des missions. En vertu de leur sacrement de mariage, ils apportent un témoignage spécifique. J’ai été marqué par le feu missionnaire des couples qui ont donné leur témoignage, leur simplicité, leur humilité, et leur insistance sur leur vocation de couple à la mission. À l’issue de cette journée, je me dis qu’il faut vraiment travailler l’envoi en mission des paroissiens mariés en couples. »
Père Arnauld Calonne, prêtre accompagnateur du service de pastorale familiale du diocèse de Vannes, curé d’Arradon, Baden, Plœren.
« Le congrès Mission est un évènement local qu’on vit en communion avec bien d’autres lieux en France, et je ne voulais pas manquer cet évènement. Je pensais, au départ, participer à la journée pour les prêtres, mais j’ai été invité à participer à la journée Couples missionnaires en tant qu’accompagnateur de la pastorale familiale. Je me suis dit que cela avait du sens. »
« Je suis heureux de voir des couples qui prennent à cœur la mission qu’ils ont reçue au baptême mais qui s’est spécifiée par le sacrement du mariage. Quand je célèbre un mariage, à la fin du dialogue d’introduction avant les consentements, je demande : « Êtes-vous prêts à assumer ensemble et dans le monde votre mission de chrétiens ? » Je vois qu’ici, les couples sont non seulement prêts à assumer leur mission de chrétiens ensemble, mais à l’assumer avec un beau zèle, une belle joie, une belle ferveur.
La petite Thérèse est aujourd’hui l’étoile de cette journée, avec ses parents Louis et Zélie Martin qui ont été canonisés tous les deux. Ils nous donnent une belle lumière sur ce que chaque couple est appelé à vivre. N’idéalisons pas la vie du couple, il n’y a pas de couple parfait, mais chacun avec son histoire, ses blessures, ses chutes et ses relèvements, est appelé à la sainteté et à se laisser travailler par l’Esprit Saint pour devenir soi-même missionnaire. »
Ils ont témoigné
Parmi les témoins de la journée, Renaud et Marie-Agnès ont montré comment le sacrement de mariage était source de la mission.
Pourquoi avoir témoigné ?
Renaud : « nous avons eu la chance de vivre deux belles missions : la première avec Points-Cœur pendant deux ans, au Brésil, à côté de Salvador de Bahia ; la seconde avec l’association Lazare, à Vaumoise, en Picardie. Nous avons vécu ces deux missions en famille : la première avec notre aîné Joseph qui avait quelques mois, la deuxième avec trois enfants et l’arrivée de notre quatrième au cours de la mission. »
Marie-Agnès : « Nous pouvons témoigner de la force de notre sacrement de mariage qui apporte les grâces nécessaires pour pouvoir se donner dans nos missions : la mission de notre vie de couple, de notre vie de famille, cet appel à la mission, reçu par chacun à son baptême, se décline de manière particulière dans le couple. Nous avons découvert aussi que l’autre était celui par lequel le Seigneur passait pour nous appeler à la mission : les aspirations, les désirs de chacun viennent susciter un appel intérieur et appellent chez l’autre un engagement à avancer. »
Comment vous sentez-vous missionnaires aujourd’hui ?
Marie-Agnès : « En vivant notre première mission qui est celle d’être une petite Église domestique, en prenant soin de notre couple et de notre famille, en cherchant à nous mettre au service de la vie dans la paroisse. Nous venons de nous installer à Sainte-Anne-d’Auray et nous cherchons où le Seigneur nous appelle à nous donner aujourd’hui. Tout est encore ouvert ! Nous discernons en fonction des désirs que nous avons chacun à l’intérieur de notre cœur, des aspirations de notre couple et à travers les évènements et les appels, les besoins qui peuvent se présenter à nous. Nous choisissons d’y réfléchir et de dire « oui, là je peux me donner », ou « non, là ça n’est pas mon appel ».
Renaud : « Les deux missions, Lazare et Points-Cœur, que nous avons vécu, ne sont pas encore terminées. Les amitiés que nous avons pu nouer perdurent encore aujourd’hui et il reste le lien de la prière qui est le lien le plus fort.Le Seigneur nous aide à discerner grâce à notre conjoint, si c’est notre moitié, ça n’est pas pour rien ! »
Olivier et Marie Belleil, membres de la communauté du Verbe de vie, ont témoigné de leur vie de couple orientée vers la mission depuis plus de 40 ans.
Que retenez-vous de vos différentes missions ?
Marie : « Pour nous, la mission s’inscrit dans la vie quotidienne, dans le quotidien de la vie conjugale, avec ce qui est facile et ce qui l’est moins, et tous les évènements de la vie familiale, intérieurs et extérieurs. Nous sommes passés par un certain nombre d’épreuves, mais nous avons toujours gardé l’espérance au cœur, par grâce de Dieu. Nous avons pu compter sur la prière de beaucoup de personnes autour de nous et nous appuyer sur notre amour, en Dieu. «
Olivier : « Ce qui est important n’est pas forcément extraordinaire et doit être saisi parfois, dans l’instant. Je me souviens d’un jour où nous sommes allés faire des courses dans une grande surface avec Marie. J’étais pressé car je voulais préparer les topos d’une session que je devais donner quelques jours plus tard. Nous avons rencontré une femme que Marie connaissait, qui lui a confié ses inquiétudes à propos de sa fille malade. Marie lui a proposé de prier la Vierge Marie. Elle ne savait pas comment prier, mais a accepté et nous avons murmuré ensemble des Je vous salue Marie devant un étalage de petits-pois- carottes ! Ce sont des manières toutes simples d’être présents, de façon non programmée. Je crois que pour nous, familles, il n’y a pas seulement des grands ministères, mais la vie quotidienne nous présente beaucoup d’opportunités d’être les porteurs d’une Bonne nouvelle. »
Marie : « Cette amie a pu se sentir écoutée, aimée. C’était ce que le Seigneur nous demandait à ce moment-là. Le tout est de reconnaître les moments où il faut agir, qui ne cadrent pas souvent avec nos plans ! »
Vous avez tiré de votre expérience de couple « cinq convictions ». Pouvez-vous revenir sur les découvertes que vous avez faites au fil de vos différentes missions ?
Olivier : « Le premier point : essayer d’être en communion dans son couple, c’est la première chose, il me semble, que le Seigneur nous demande. On ne peut donner de la chaleur que s’il y a du feu dans la cheminée. Le feu dans la cheminée, c’est notre amour conjugal. Il est donc nécessaire que le couple soigne cet amour conjugal.
Un deuxième point : nous sommes sur un chemin de croissance, nous avons sans cesse des progrès à faire. Certains sont des missionnaires de grade universitaire, d’autres comme nous sont toujours à l’école maternelle, mais nous sommes tous en apprentissage, nous avançons de façon graduelle. Là où nous en sommes, il faut oser se lancer sans attendre d’être des professionnels de la mission ! »
Marie : « un autre point est d’accepter de se laisser dépouiller par les épreuves et les difficultés de la vie. Chaque vie est signée à un moment ou à un autre par la croix, petite, grande ou moyenne. Au cœur de ces croix, le Seigneur est présent et nous soutient : il n’envoie jamais ses enfants au casse-pipe. Ensuite, c’est une loi qu’il faut connaître, lorsqu’on est missionné par le Seigneur, on est aussi exposé, comme les combattants de première ligne. Il nous faut revêtir l’armure dont parle l’apôtre Paul. Pour le couple, prendre soin l’un de l’autre et prendre soin de soi-même, prendre soin de notre amour conjugal, de notre famille, est très important. »
Olivier : « La dernière touche, c’est d’être témoin de l’espérance. Beaucoup de gens autour de nous sont dans une situation de désespérance, que ce soit par rapport à la planète, la situation de l’Europe, la France, les débats politiques. Ill nous faut être comme la Vierge Marie qui reçoit de Jésus une fécondité, pas à n’importe quel moment de sa vie, mais au pied de la croix. Que la situation ne soit pas formidable ou merveilleuse, qu’importe, ayons une espérance chevillée au corps parce que l’amour est victorieux. C’est vrai dans le couple, c’est vrai dans la famille et c’est vrai dans l’Église. Accueillir, vivre et transmettre l’espérance est un formidable enjeu ! »
Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux-Lisieux
« Je suis ému d’être ici, ce 1er octobre, en la fête de sainte Thérèse. Il y a une belle coïncidence entre Thérèse, patronne des missions et Thérèse issue d’une sainte famille, la famille Martin. Thérèse était vraiment le meilleur patronage possible pour cette rencontre ou la famille, le couple et la mission ont été associés. C‘est avec joie que j’ai passé la journée avec tous ces couples. J’ai été à la fois enseigné par les témoignages et édifié par la ferveur que j’ai pu mesurer tout au long de cette journée.
Les couples doivent être missionnaires aujourd’hui. Ils vivent pour fonder une famille, pour avoir des relations de bonheur à l’intérieur de la famille, mais aussi pour assumer une mission qui est d’annoncer la Bonne Nouvelle en paroles, en actes, en attitude, en présence. Cette prise de conscience s’intensifie et on peut penser que la canonisation de Louis et Zélie Martin, en 2015, a été un moment important pour tous les couples qui affirment de plus en plus : « Nous sommes missionnaires, nous sommes responsables. » Cet état d’esprit va certainement s’intensifier dans les années qui viennent. »