En ce 600ème anniversaire de la mort du frère prêcheur Vincent Ferrier et à la veille des ordinations sacerdotales, le parvis de la cathédrale de Vannes sera le théâtre d’un évènement inédit : dix candidats (étudiants, séminariste, paroissiens, amis des ordinands …) en lice pour le titre de meilleur prédicateur s’exprimeront tour à tour devant leur auditoire.
« Bonne gens »…
Les prédications publiques ont connu un extraordinaire essor dans les derniers siècles du Moyen-Âge. Instrument de Dieu et serviteur de Sa Parole, saint Vincent Ferrier est la figure même du grand prédicateur ; en territoires catalan, italien, suisse ou encore breton, il faisait mouche sur ses contemporains avec une prodigieuse efficacité. Du laboureur au magistrat, en passant par les artisans, le vagabonds ou encore la noblesse, des foules de toutes catégories – affluaient par milliers pour l’entendre exhorter, enseigner et prêcher la conversion, sur les places publiques, à la ville comme à la campagne, dans les églises ou en plein air.
Une Eglise « en sortie »
« Cet évènement a lieu volontairement à l’extérieur pour capter l’attention des passants et les inviter à la célébration d’ordination du lendemain », précise Louis-Marie Lefeuvre, membre de l’équipe organisatrice du concours. Le matin, les séminaristes accompagneront un temps d’évangélisation dans les rues de Vannes. C’est ainsi que dans l’élan de l’année jubilaire, la dimension missionnaire marque profondément ces ordinations et les jours qui les précèdent.
Quelle est la recette d’une « bonne » prédication ? Comment faire résonner la Parole avec force et interpeller les personnes ? Dans Evangelii Gaudium, le saint Père pointe des axes majeurs comme la pédagogie, l’écoute du peuple, la lecture spirituelle, etc. : « Quiconque veut prêcher, doit d’abord être disposé à se laisser toucher par la Parole et à la faire devenir chair dans son existence concrète. De cette façon, la prédication consistera dans cette activité si intense et féconde qui est de « transmettre aux autres ce qu’on a contemplé » (…) Le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible ».
6 minutes pour faire mouche
En saisissant cette opportunité d’annonce de l’Evangile, les participants témoignent déjà d’une certaine audace apostolique. Au-delà de l’exercice et du concours, l’expérience de dépassement et de don de soi constitue un véritable enjeu personnel pour ces prédicateurs.
S’ils connaissent d’ores et déjà le thème général sur lequel ils devront prêcher – les fins dernières et le salut, en lien avec le saint dominicain – le fragment d’Evangile qui servira de base à leur discours ne leur sera dévoilé que le jour-même. Les candidats disposeront alors d’un peu plus d’une heure pour étudier l’extrait, contempler le message, choisir la forme, le langage, organiser leur discours, etc. Dans l’ordre déterminé par le tirage au sort, chacun s’exprimera pendant six minutes ; six minutes pour convaincre le jury chargé de juger la qualité, l’efficacité de leur éloquence mais surtout pour mobiliser les cœurs et les tourner vers le Christ.
« La confiance en l’Esprit Saint qui agit dans la prédication n’est pas purement passive, mais active et créative. Elle implique de s’offrir comme instrument (cf. Rm 12, 1), avec toutes ses capacités, pour qu’elles puissent être utilisées par Dieu ». Evangelii Gaudium (n°145).
Rendez-vous samedi 16 juin dès 15 h 00
sur le parvis de la Cathédrale