20 février 2017 – Par Odile Riffaud
© Père Cédric Burgun est prêtre de la communauté de l’Emmanuel
Le célibat des prêtres dans l’Église catholique est l’un des sujets qui font débat et c’est peu de le dire. Le P. Cédric Burgun nous explique ses origines et son sens.
Dimanche 19 février 2017, les fidèles de la paroisse Sainte-Blandine (Lyon) ont appris que leur curé, le P. David Gréa, a été déchargé de ses fonctions. « J’ai souhaité être en vérité avec l’Église en disant ma joie d’être prêtre et mon désir de me marier », confie celui qui s’est entretenu avec le pape François et son évêque Mgr Philippe Barbarin.
ÉCOUTER ► Comprendre le célibat des prêtres, par Mgr Emmanuel Gobilliard
Cette nouvelle a aussitôt été amplement relayée dans la presse, car le P. Gréa est une figure emblématique de l’Église en France. L’annonce de son départ justifié par un désir de mariage a relancé le débat sur le célibat des prêtres. Est-ce un dogme ou une règle? Quelles différences entre l’engagement au célibat des prêtres et le vœu de chasteté des religieux? Pauline de Torsiac a posé ces questions au P. Cédric Burgun, prêtre de la communauté de l’Emmanuel et docteur en droit canonique. Il est l’auteur du blog « Libres propos ».
« Le Christ a donné le célibat en exemple, l’ayant vécu lui-même.«
De quand date le célibat des prêtres?
Le P. Burgun rappelle que le célibat pour les prêtres est devenu « une règle » dans l’Église de Rome autour des XIè et XIIè siècles. Mais il précise: « Il faut quand même redire que l’on remonte aux Évangiles et au Nouveau Testament puisque le Christ a mis en avant l’engagement au célibat pour le royaume de Dieu. » Ainsi, dès les premiers temps de l’Église « le célibat a eu une valeur très positive », explique le P. Burgun.
« Il n’y a pas de contre-indication théologique entre le sacrement du mariage et le sacrement de l’ordre.«
Le célibat des prêtres, une convenance
Le P Burgun précise qu' »il n’y a pas de contre-indication théologique entre le sacrement du mariage et le sacrement de l’ordre. » Le célibat pour les prêtres de l’Église latine est « une convenance ». Et l’Église n’ordonne prêtre que des hommes qui ont fait le choix personnel du célibat. « À partir du moment où un prêtre décide publiquement de quitter le sacerdoce et de se marier avec quelqu’un il est effectivemment suspendu de ses fonctions. »
Concrètement, si un prêtre décide de quitter le ministère pour se marier – et se marier à l’Église – cela se passe en deux temps. Le prêtre fait d’abord la demande d’être relevé de sa charge. Ensuite, il demande à l’Église d’être « relevé de son obligation de célibat ». Ce que l’Église n’est pas obligée d’accorder.
« Un cœur-à-cœur avec le Christ. »
le célibat du prêtre, « intimement personnel »
Le P. Burgun rappelle que le célibat des prêtres est une façon de témoigner du don total de soi à Dieu. « Le célibat sacerdotal n’est pas une absence de don, comme trop souvent on le comprend. » Dans le célibat, le prêtre vit « un cœur-à-cœur intimement personnel avec le Christ ».
C’est dans cette perspective que le P. Burgun estime indispensable d’enseigner aux jeunes à « être fidèles à un engagement définitif ». Certes, le départ du P. Gréa fait grand bruit. « Parle-t-on avec autant de force et de souffrance de tous les couples qui se séparent?« , demande-t-il.
ÉCOUTEZ le P. Cédric Burgun au micro de Pauline de Torsiac