Editorial du Père Philippe Le Bigot, vicaire général, paru dans Chrétiens en Morbihan du mois de mars 2022
Le carême est un temps privilégié pour faire l’expérience d’une renaissance spirituelle. Il nous invite à consacrer un moment à la méditation de la Parole de Dieu. Nous pouvons, par exemple, nous laisser enseigner par l’Évangile proposé à la messe de chaque jour : il nous propose une pédagogie de conversion durant ces 40 jours liturgiques.
Quel sens donner à notre jeûne ? Il nous dispose à accueillir l’Esprit dans notre vie. Très concrètement, l’Esprit nous parle à travers l’Écriture sainte. Et le jeûne nous dispose à cette écoute. L’abstinence, totale ou partielle, de nourriture est une pratique très ancienne : Adam était déjà invité au jeûne et a désobéi. Le jeûne était un élément important de la vie du peuple d’Israël. Le nouvel Israël a hérité de cette pratique : pendant les temps d’attente de l’Époux qu’est le Christ (Mt 9, 14-17 ; Mc 2, 18-22 ; Lc 5, 33-39), l’Église se met à jeûner, en particulier au cours du carême, dans l’attente de la résurrection. Dans la tradition patristique, le jeûne est une forme de tempérance qui atténue les passions. Et il ne peut se concevoir qu’en conjugaison avec une certaine disposition de cœur : on ne jeûne pas qu’avec le corps mais aussi avec l’esprit (Is 58, 6-12).
Quoi que nous fassions, faisons-le toujours avec joie !
Certes tous ne jeûnent pas de la même façon ; ce n’est pas la prescription stricte qui nous rapproche de Dieu (1 Co 8, 8) et aucune nourriture n’est considérée comme impure dans la vie ecclésiale, comme le rappelle Pierre dans sa vision (Ac 10, 11). Une chose est importante : notre jeûne, notre aumône et notre pardon doivent émaner de notre cœur, de notre générosité profonde. La joie du fidèle reste un indispensable critère, tant pour le jeûne que pour tous les autres exercices ascétiques (2 Co 9, 6-7). En fait, quoi que nous fassions, faisons-le toujours avec joie ; il faut donner avec générosité, de bon cœur.
Le carême ne peut s’entendre que dans la joie de la résurrection. En effet, « si nous avons mis notre espérance en Christ, pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 19). Cette disposition d’ouverture nous ouvre ainsi, peut-on dire, aux choses de Dieu. Elle nous ouvre à notre bonheur profond : notre béatitude qui est au Ciel. Oui, que ce temps de carême et les efforts que nous faisons, nous rappelle que nous somme faits pour le Ciel.