Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 2/3

Humanae Vitae, une encyclique mal reçue ? 

Deux aspects vont être généralement mal reçus. Le premier est l’insistance sur le lien entre les deux fins de l’acte conjugal : la finalité de procréation et finalité de témoignage réciproque de charité. On lie ainsi à l’amour des époux une ouverture à la vie qui, quand elle est mal comprise, peut sembler une sorte de fatalité. Ceci peut d’ailleurs être vrai dans deux sens :
– quand les époux s’aiment, inévitablement il y a des enfants et il y a un moment où ce n’est plus gérable s’ils n’ont en a pas la vocation ou s’ils n’ont pas la capacité de les accueillir.
– ou quand on asservit l’acte conjugal au fait d’avoir des enfants : les époux ne sont alors plus dans une dimension d’amour réciproque. Par exemple, les foyers confrontés à l’hypo-fécondité peuvent se retrouver dans cette situation-là et cela peut blesser la vérité de leur amour.

Le deuxième aspect concerne l’illicéité d’avoir recours à l’avortement ou à des techniques de contraception chimiques ou mécaniques. Le fait de déclarer « illicite » est relativement mal passé car on l’entend comme une condamnation. Or la pédagogie de l’Eglise est toujours dans l’accompagnement des personnes ; en la matière, il faut faire preuve de beaucoup de miséricorde, et de beaucoup d’humilité face à ce que peuvent vivre ces foyers. En ce sens, l’encyclique, pourtant très laconique (30 paragraphes), est exemplaire d’attention envers les personnes, les situations, et pleine de miséricorde.

Le couple pourrait recourir aux périodes infécondes dans une logique contraceptive finalement …. Où se situe la différence essentielle entre méthodes artificielles et méthodes naturelles ?

Les techniques artificielles de contraception ne sont pas recommandées par l’Eglise entre autres parce qu’elles séparent les deux fins de l’acte conjugal. C’est le cas pour la contraception mécanique : le préservatif met un obstacle au don total des époux et le stérilet est un abortif puisqu’il empêche la nidation de l’embryon qui finit par mourir. Les techniques chimiques ne respectent plus quant à elles le cycle féminin. Ce peut être encore des techniques chimiques masculines qui sont une forme de mutilation de l’homme… Et donc il y a cette intégrité de la personne et de l’acte d’amour qui est faussée.

De ce fait, l’Eglise recommande des méthodes naturelles de régulation des naissances qui exigent d’observer des périodes de continence s’il n’est pas opportun de s’ouvrir à la vie. Ces méthodes naturelles peuvent être aussi utilisées comme des méthodes de contraception naturelle, c’est-à-dire d’empêchement de la vie. C’est là qu’il y a un problème de l’ordre de la posture spirituelle et philosophique de la personne. Effectivement, la méthode est naturelle – il y a un label « bio » ! – mais ce n’est pas non plus forcément bon. Même si la technique semble bonne, la manière avec laquelle on l’applique n’est pas bonne. Et c’est ce qui est exigeant dans la vie chrétienne. Chacun est renvoyé à sa conscience, à la vérité de ce qu’il est et à sa relation avec Dieu pour chercher le bien et la vérité en toute chose.

L’emploi des méthodes naturelles de régulation des naissances suppose une formation des consciences, une éducation morale (maîtrise de soi, chasteté), au risque de rester sur la « technique » désincarnée de la vertu. N’est-ce pas l’enjeu de la préparation au mariage et de l’accompagnement des couples ?

Effectivement les méthodes de régulation naturelle des naissances sont d’abord un service pour les personnes et le couple lui-même dans sa croissance spirituelle. Elles exigent d’une part la connaissance de soi-même et notamment pour l’épouse la connaissance du cycle féminin. Elles exigent aussi une implication de l’époux dans cette connaissance de l’épouse. L’homme n’est pas extérieur à la fécondité ou aux périodes de non fécondité de son épouse, il y prend part aussi. Il y a une décision qui est commune sur l’opportunité ou non de s’unir et il y a aussi une invitation périodique à la continence, qui est une forme de témoignage d’amour très important.
On est dans une époque où les fiançailles sont en très grande majorité bâclées parce que les fiancés adoptent

bien souvent avant le mariage un mode de vie commune qui inclut l’union sexuelle. Du coup, ils n’ont pas cette expérience de la continence, c’est-à-dire du renoncement pour quelque chose de plus grand, qui est un apprentissage du don de soi.

Cette aspiration à « quelque chose de plus grand » n’est pas liée à un contexte mais elle touche la nature profonde de l’amour conjugal. A quoi les couples sont-ils appelés ?

En effet, cela dépasse largement les aspects contextuels ou scientifiques que nous avons abordés au début. Il s’agit vraiment d’une attitude fondamentale qui aide aussi à se mettre dans l’attitude de la relation personnelle avec Dieu ; relation faite de don, et de réception. Le Christ s’est donné complètement sur la croix, Il a renoncé à sa propre vie pour nous sauver. Ces aspects sont complètement présents dans notre foi chrétienne. C’est un des aspects « prophétiques » au sens propre du terme de l’encyclique : elle apprend à entrer dans une dimension intègre et chrétienne du don de soi. C’est l’authentique expérience de la liberté, du don de soi, et d’une chasteté vécue comme une vertu et non une contrainte.

Un autre aspect « prophétique » concerne la valorisation de la femme dans sa féminité, sans chercher à faire du féminisme. Dans le féminisme tel qu’on l’entend actuellement, on masculinise la femme : on cherche à la rendre  égale à l’homme au lieu de lui donner toute sa dimension féminine (cf : « Recevoir le féminin », de Gabrielle Vialla, ed.CBF, mai 2018 ). En réalité, dans la pratique contraceptive, la femme, qui fonctionne en principe de manière cyclique, renonce à ce cycle dans la mesure où elle est toujours en capacité de se donner sans avoir cette ouverture à la vie. Donc l’homme aussi a une relation vis-à-vis de la femme qui ne prend plus en compte ce respect du cycle. Ce cycle n’est plus manifesté quand il y a contraception chimique.
L’enjeu est aussi que l’homme prenne sa place aussi en tant qu’homme. C’est probablement un des gros défis des année à venir.

Quel sens donner à la liberté de l‘homme, capable de procréer, en lien avec l’intention créatrice de Dieu ?

Notre liberté n’est pas notre capacité de tout faire, elle est en vue du bien. Le Seigneur nous l’a donnée mais on dépend aussi de Dieu. La seule volonté de donner la vie ne suffit pas à donner la vie. Ça ne dépend pas que de notre physiologie. Dès le début de la Bible, à la Création, nous sommes collaborateurs de Dieu ; Dieu crée les animaux et les amène à l’homme pour qu’il leur donne un nom. Nous sommes co-créateurs mais le seul capable d’être source de toute vie, c’est Dieu « qui ne cesse de créer tous ces biens » (Cf Prière eucharistique I), qui nous maintient dans l’être.

Dans l’« appel final » , au n°31, nous lisons : « L’homme ne peut trouver le vrai bonheur (…) que dans le respect des lois inscrites par Dieu dans sa nature et qu’il doit observer avec intelligence et amour ». Il est question de la vraie nature de la personne humaine ?

En effet, car à la différence de la majeure partie de la création, nous avons une âme spirituelle et cette liberté, qui fait que nous avons la possibilité de maîtriser cette collaboration avec Dieu. On est capable de faire rentrer ça dans la dimension spirituelle du don. Ça rentre dans une perspective généreuse, de charité. Logiquement, l’union des personnes humaines les fait avancer dans la communion avec Dieu, qui est le but même de toute vie.
Il est important de bien comprendre que la loi naturelle n’est pas le naturalisme comme les philosophes des lumières ont voulu le développer : ils pensaient que la loi naturelle était l’application des lois de la nature au genre humain. On peut tout justifier à partir de là !
La loi naturelle, c’est notre nature spécifiquement humaine, inscrite dans le coeur de l’homme, et qui se révèle afin que, à travers nos actes et nos pensées, nous puissions faire croître cette personne humaine que nous sommes jusqu’à son plein épanouissement qui n’a qu’un seul but, celui de la sainteté c’est-à-dire de la résurrection glorieuse où nous vivrons en Dieu à la fin des temps. Notre corps glorieux sera uni à notre âme dans la gloire de Dieu.

Dans le manque de réception d’Humanae Vitae, il est fort probable qu’un principe de réalisme – qui pourrait se comprendre – se soit détaché d’une perception de la vraie espérance chrétienne : à savoir le désir du ciel. Pourtant Casti connubii avait énormément développé ce point : le don de la vie vise à donner à Dieu « de nouveaux citoyens pour la patrie céleste ». Le langage est très « années 1930 » mais il exprime bien cette espérance que nous avons et que l’on oublie peut-être un peu dans notre acte de foi chrétienne : la visée surnaturelle, la finalité de la personne humaine faite pour l’amour de Dieu.

Dans la foulée d’Humanae Vitae, on va développer ces aspects : les origines de l’homme, afin de bien comprendre le plan de Dieu à l’origine, et la rédemption. Parce que si cela reste « terre à terre », c’est – il est vrai – bien plus compliqué à recevoir…

Cas par cas subjectif vs morale normative… Quelles pistes pastorales sont données par l’encyclique ?

Notre premier devoir est d’éclairer les consciences. D’autre part, nous savons qu’il y a des actes qui sont intrinsèquement mauvais et nous ne pouvons pas abandonner les âmes face au danger de tels actes. L’éclairage est spirituel. L’annonce de l’Evangile demande de l’audace, parfois elle n’est pas reçue mais elle ne peut être édulcorée sous prétexte de « bien passer ».

C’est tout l’enjeu de l’accompagnement pastoral. Il ne faut pas oublier : loi de gradualité et gradualité de la loi. La loi n’est pas d’abord une loi normative ; c’est une loi d’amour : comment vais-je pouvoir authentiquement répondre à l’amour de Dieu ? Et les critères (cf Veritatis Splendor) de sincérité, d’authenticité, de cohérence avec soi-même ne sont pas systématiquement la vérité. Ce que l’on doit chercher, c’est le vrai, c’est le Christ ! « Je suis le chemin la vérité, la vie ».
Notre rôle comme pasteurs n’est pas de rabaisser les choses mais c’est d’avoir le génie pastoral et la profondeur spirituelle pour montrer à nos contemporains la beauté de cette vérité que l’on cherche à leur annoncer.

Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale.

Décrytage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae vitae

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment at-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

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Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses

 

 

Humanae vitae : 50 ans et pas une ride !

Le 25 juillet 1968, le Pape Paul VI promulguait l’encyclique Humanae vitae sur le mariage et la régulation des naissances. Quelle est la fécondité de ce texte qualifié de « prophétique »? Comment cette bonne nouvelle pour l’amour conjugal ne cesse d’être approfondie et diffusée ? 50 ans plus tard, loin de chevroter sous le boisseau, l’appel pressant à vivre la sainteté du mariage retentit avec cette force inaltérable de la vérité.

Comprendre en profondeur Humanae vitae

Pour recevoir l’encyclique Humanae Vitae dans toute sa portée et en éclairer la fécondité, le Père Antoine de Roeck* décrypte le contexte d’écriture du texte et pose des balises.

Le Père Antoine de Roeck est docteur en théologie de l’Institut Pontifical Jean-Paul II (études sur le mariage et la famille). Il est l’auteur d’une thèse sur les Bienheureux époux Beltrame-Quattrocchi (« Les époux Beltrame-Quattrocchi : deux vies au service du bien commun »). Curé des paroisses du doyenné de Pontivy depuis 2017 et professeur à l’Université Catholique de l’Ouest, il accompagne les foyers-moniteurs du Centre Billings.

Vivre Humanae vitae

Solène et Thomas de Baglion développent pourquoi ils ont choisi d’adopter cette méthode naturelle alors qu’ils étaient fiancés. Ils témoignent de la manière dont ce choix continue de faire grandir leur amour conjugal et leur relation à Dieu.
Témoignage de Solène et Thomas, foyer-moniteur Billings

Former et accompagner les couples

Par de multiples initiatives de formation et d’accompagnement, le service diocésain de pastorale familiale soutient et accompagne les familles, les paroisses. La pastorale familiale, au service des couples et des acteurs pastoraux

Dans le diocèse de Vannes, de nombreux mouvements agissent afin de faire découvrir et aider les couples à vivre les méthodes naturelles de régulation des naissances :

Découvrir et approfondir Humanae vitae

A l’occasion du 50ème anniversaire de l’encyclique, le Centre Billings France organise un week-end les 4 et 5 août à l’abbaye sainte Anne de Kergonan (voir le programme)

Les 16 et 18 novembre prochain, le service diocésain de pastorale familiale invite les couples, fiancés, prêtres, acteurs de la préparation au mariage, etc. à venir découvrir et approfondir le message d’Humanae vitae.

  • Vendredi 16 novembre 2018, Damien et Sophie Luz (chroniqueuse pour Famille Chrétienne, parents d’une petite fille polyhandicapée) inaugurent le week-end avec une conférence sur le thème « sexualité, défis et joies de l’amour ». (Dans son dernier livre, « Donne-moi des baisers de ta bouche », Sophie Luz propose aux couples un parcours à deux : à travers des textes, des questions, des témoignages, etc. le couple est invité à une « balade dans le jardin de la sexualité »).
    A 20 h 30 à l’espace Montcalm-Maison du Diocèse à Vannes.
  • Samedi 17 novembre, un forum sur les méthodes naturelles se tiendra à sainte Anne d’Auray. Sur les stands, des moniteurs qualifiés répondront aux questions des couples désirant connaître ou approfondir la régulation des naissances.
    A 13 h 30, Marion Vallet partagera son regard et son expérience comme sage-femme, monitrice et formatrice de la méthode Billings sur la complémentarité homme/femme : « Acceptation et émerveillement devant sa féminité et sa masculinité ».
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Belle-île en mer avec le père Gillet, dit Dédé, et le père Raymond

On connaît Belle-île pour son attrait touristique, on connaît moins Belle-île vue sous l’angle pastoral. Petit reportage sur les quatre paroisses de l’île, et sur quelques personnages qui les composent.

L’abbé Gillet dit « Dédé »

S’il est une figure à connaître à Belle-île, c’est Dédé, autrement nommé l’abbé André Gillet. Tout le monde le connaît et il connaît tout le monde. Depuis 17 ans curé de Palais, il prend sa retraite en septembre prochain, à …. 87 ans ! « Cela fait 63 ans que travaille dans la même entreprise » glisse-t-il avec un sourire. »Je serai bien resté, mais je suis vraiment fatigué ».

L’abbé Gillet, ou Dédé, est un phénomène sur l’île. D’abord parce qu’il a eut une vie mouvementée, et que cela façonne une personnalité. Ensuite parce que, foncièrement optimiste, et guidé par la charité à sa manière, parfois rude, de marin, il attire les gens.

Une vie mouvementée et bien remplie

Né en 1930, il devint orphelin de père à l’âge de 5 ans. Celui-ci fut tué en Tunisie en 1935, laissant sa mère veuve à 28 ans avec trois enfants. « Je me souviens encore de ma mère assise sur une malle, me disant : « j’ai pas de mérite d’être une veuve, toi tu n’as pas de mérite d’être orphelin de père, mais on aura le mérite d’être debout. »

Il vécut une enfance pauvre, pendant la guerre, entra en 6ème en 1942 au petit séminaire de Ste Anne, et au grand séminaire de Vannes à 18 ans. Ordonné prêtre le 24 juin 1955 à Vannes, il voulait être prêtre ouvrier. On lui demanda pour cela de partir à l’usine Citroën de Paris, mais sa mère étant malade, il choisit de rester auprès d’elle. Il devint instituteur, fonda une école, fut directeur pendant 15 ans. Dans la famille tout le monde était dans l’enseignement.

Tour à tour aumônier des jeunes, organisant des camps et pèlerinages en Israël, à Fatima ou Avila, curé de Port-Louis pendant 14 ans, il fut aussi aumônier des gens de la mer pendant 16 ans. Il partait à la pêche en mer pendant 15 jours d’affilée sur des bâteaux de 30 mètres, en Ecosse, en Irlande ou aux Shetlands… « Je connais tous les marins, ce sont tous mes amis. » « J’allais en mer avec eux dans le beau temps et la tempête. J’aimais bien ça. »

Depuis qu’il est à Belle-Ile, il fait vivre les paroisses de Palais et Locmaria, aidé par un religieux présent sur l’île, des frères dominicains quand ils sont là (voir plus bas) ou des prêtres de passage.

Une personnalité marquée

« Beaucoup de gens l’apprécient et le craignent tout à la fois. Il a son franc-parler et son caractère » confie ce paroissien…

Thérèse, la centenaire de l’île, encore vaillante, lui dit en entrant dans l’église de Locmaria : « Dédé, on aime bien que ce soit toi qui dise la messe parce que tes messes sont vraies« . Elle ne pouvait lui faire de plus beau compliment.  Avec son franc-parler, et sa gaillardise, il n’hésite jamais à dire ce qu’il pense, et fait ce qui lui semble bien. Ses messes sont un peu écourtées, « il ne faut pas que ce soit trop long, … les gens s’ennuient ». En effet, au bout de 3/4 d’heures, il bénit l »assemblée et glisse malicieusement qu’il est temps pour lui d’aller griller une petite cigarette.

« Les gens aiment bien que je célèbre la messe« , dit-il en sirotant un verre de whisky breton pendant qu’il nous reçoit. « J’accueille tout le monde », dit l’abbé. « Je vais voir les gens, rend service… je pleure avec eux quand ils sont dans la peine. Ils m’apportent du poisson, des araignées. » « Au début on met du temps à s’apprivoiser, les gens viennent voir votre look, si vous chantez bien, si ça dure pas trop longtemps. »

Bien sûr c’est difficile par moments « j’ai vécu des drames avec les gens. J’ai toujours essayé de les remettre dans le chemin qui, à mon avis, est le meilleur, de leur montrer qu’ils ont des chances à saisir. » Voilà le secret de l’énergie vitale du père Gillet : croire que chacun, malgré tout ce qui peut arriver, a toujours une chance quelque part, et qu’il faut aider son prochain à reconnaître et à saisir cette chance. « On est obligé de faire surface. A côté des drames qu’on vit, il faut voir les chances qu’on a. »

Foncièrement optimiste, Dédé. « J‘ai vécu ici 17 ans de bonheur, accueilli par les gens sympathiques et généreux. Parce que j’ai donné le meilleur de moi-même dans ma mission de prêtre. J’ai toujours considéré avoir été envoyé par le Christ pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile.  J’ai dit ce que j’étais. Beaucoup de gens de tous les bords viennent me voir, on est des amis. »

« J’ai partagé avec les gens tout ce qu’ils vivaient, et peu importe ce qu’ils vivaient. J’ai essayé de les aider comme j’ai pu. »

Comme ces jeunes que le père Gillet reçoit souvent au presbytère. Car de ses années d’enseignement et d’aumônier des jeunes, il a gardé un lien fort avec la jeunesse. Son parler rude et franc les attire et le fait craindre à la fois. « Ils apportent des boissons, on parle de la Foi, de religion ou autre. J’essaie de les aider. Ils viennent avec des copains. » Beaucoup ne sont pas baptisés, et sont issus de familles désunies, recomposées. « J’en ai vus qui se droguaient. Je leur ai trouvé du travail et ils ont arrêté, maintenant ils sont mariés« …

« J’ai été heureux comme prêtre dans tout ce que j’ai fais. J’ai jamais regretté. J’ai donné ma foi, ma disponibilité. » Etcigarette au coin de la bouche, il conclue par ces mots revenant en leitmotiv tout au long de l’entretien : « tout est bien, ah oui. »

Le père Raymond Agbo

« Ici les gens s’envolent comme des hirondelles après le 15 août. Ils viennent chercher l’osmose avec la nature, la paix. » nous dit d’emblée le père Raymond.

« Les gens me posent souvent cette question : est-ce que ça vous plaît ici ? Mais c’est comme Jésus qui envoie ses disciples, je n’ai pas choisi, j’ai accueilli ma nomination ici. Il faut fleurir dans son jardin. Je suis Fidei Donum dans le diocèse de Vannes, c’est-à-dire « don de la Foi ». Cela veut dire qu’un diocèse prête un prêtre à un autre diocèse. »

Après avoir fait son séminaire au Bénin, le père Raymond est arrivé en 2009 à Paris, pour poursuivre un master de Philosophie à l’ICP (Institut Catholique de Paris) et de littérature à la Sorbonne. Prêtre étudiant, il a également été en paroisse à Paris. Au Bénin il était déjà vicaire, puis administrateur de paroisse, puis curé…

Installé depuis le mois de novembre à Belle-Ile, le père Raymond est curé de Sauzon et Bangor. Il constate qu’il y a beaucoup de choses à faire, pour la catéchèse, la pastorale des malades, l’accompagnement des fiancés, les funérailles, la pastorale des jeunes et la liturgie… « Nous avons tout à faire – avec la force de l’Esprit-Saint, pas la force de l’homme », précise le père. « Mais il n’y a pas rien non plus, » nous dit-il. « Pour avancer, il faut redonner le sens de l’amour de l’Eglise aux laïcs, créer le lien avec le diocèse, et ne pas vivre en autarcie. Sur une île on a tendance à se suffire à soi-même, mais l’Eglise, c’est l’ouverture. »

L’immersion est déjà faite, les gens connaissent maintenant le père Raymond, qui est allé à leur rencontre.  Pour lui, regrouper les 4 paroisses en une seule n’est pas une difficulté. La difficulté vient plutôt de la spécificité de l’île, qui connaît une activité touristique saisonnière et donne ainsi « une Eglise aux mille visages », visages d’été, visages d’hiver. L’enjeu est de re-dynamiser le noyau l’hiver, et avoir du renfort pour assurer une pastorale d’été intensive, car en cette période le noyau est dispersé.

Pour cela, « il faut trouver des équipes à envoyer en formation au diocèse, des personnes disponibles qui acceptent de se former et se mettre en disponibilité de l’Eglise. » Pour le père Raymond, « que l’on soit ouvrier de la première ou de la onzième heure, il y a toujours à faire, surtout en Eglise. » Il y a de la place pour tous. « Mais avant tout je voudrais que chacun se sente à l’aise. Il n’y a pas de problèmes, si chacun reconnaît son rôle. Et nul n’est indispensable. Le dialogue est très important. »  Si celui-ci ne suffit pas, et qu’il faut trancher, alors, « au final, c’est l’autorité de l’Eglise qui l’emporte. » Une main de fer dans un gant de velours ?

L’île

Côté pastorale, il y a la vie ordinaire de paroisse, avec les sacrements, les temps forts, les visites aux malades,  la catéchèse… mais la particularité de Belle-Ile, ce sont les mariages : la plupart viennent du continent se marier sur l’île, parce que « c’est chic ».

« Si l’on refusait » confie le père Raymond Agbo, « nous n’aurions peut-être pas de mariages« . Il n’y a que très peu de grands jeunes, ici. Comme dans beaucoup d’autres îles, les jeunes partent sur le continent pour leurs études après le collège, car il n’y a pas de lycée.

Tour d’horizon 

Belle-Ile a une surface de 85 km2 et compte 120 villages, dont 4 paroisses : Palais et Locmaria sous la responsabilité du père André Gillet, Sauzon et Bangor sous la responsabilité du père Raymond Agbo. A partir du mois de septembre, le père Gillet prenant sa retraite, le père Raymond aura en charge les 4 paroisses.

Il faut compter 5000 habitants sur l’île à l’année, 3000 à Palais (qui est la commune principale), 1000 à Sauzon. Les communes de Bangor et Locmaria sont plus petites, elles sont aussi plus rurales.

Deux collèges dans l’île, un privé et un public, permettent d’assurer la formation des jeunes jusqu’à l’âge de 15 ans. Cinq écoles primaires, dont trois privées, sont réparties dans chacune des communes (dont deux pour Palais). De plus, « Nous avons une chance inouïe de bénéficier d’un pôle sanitaire riche de 8 médecins », nous informe notre guide, un religieux présent sur l’île, « d’un hôpital, et d’un système d’évacuation d’urgence performant, par hélicoptère ou avec la SNSM … nous avons aussi sur l’île un vétérinaire, des pompiers, un hypermarché, … » Peut-être est-ce grâce à l’attrait que l’île exerce, en vrai petit bijou du Morbihan, car nombreuses sont les personnalités bien placées ou aisées qui y ont une résidence secondaire… Il y en aurait presque 10 000 sur l’île !  » C‘est la campagne au bord de mer. Beaucoup de gens viennent ici pour le calme. » reprend notre guide.

Une communauté de dominicains est également présente sur l’île : elle a fait l’acquisition en 1970 d’un petit hameau, dans le centre de l’île, et a créé l’association « l’arche de Noé » qui organise des retraites et sessions thématiques. En savoir plus ici . « Ils peuvent donner un coup de main à Locmaria quand ils sont là » précise notre guide.

« La courbe de population augmente » continue-t-il. « A Belle-Ile, il faut savoir qu’il y a les bellilois et les belliliens. » « Les bellilois sont là depuis des générations, souvent issus du peuple acadien venu peupler l’île il y a bien longtemps« . « Les belliliens vivent sur l’île à l’année mais n’en sont pas originaires. » Il précise : « on dit que Belle-Ile adopte les gens ou les rejettent... »

Connaître l’histoire de Belle-Ile

Site de la Société historique de Belle-Ile-en-Mer

Deux saisons, deux rythmes

Comme dans beaucoup de lieux touristiques, il y a la saison basse 10 mois de l’année, et la saison haute les deux autres mois. « La population passe de 5000 à 50000 l’été. » « Mais l’île est fortement déchristianisée » continue notre guide. « La moyenne d’âge est élevée« . Heureusement l’été apporte son lot de familles, enfants et petits-enfants venant visiter leurs grands-parents.

L’ile accueille aussi fréquemment des pèlerins. Comme « les pèlerins de la mer », ces jeunes pro originaires de toute la France, venus en 4 bâteaux avec leurs aumôniers pour naviguer « sous le vent de l’Esprit-Saint » – en plus de celui qui les mène de port en port. Cette année ils ont choisi La Trinité-sur-Mer comme port de départ.  Frère Alexandre-Marie et frère François-Xavier ont concélébré la messe, ce dimanche matin, à Sauzon avec le père Raymond, heureux de voir du renfort. De la communauté Saint-Jean, ils expliquent qu’ils organisent ces pèlerinages plusieurs fois dans l’année, en France ou à l’étranger, pour les jeunes de 25 à 35 ans. « Je suis aumônier depuis un an et pour 3 ans,  » nous dit frère Alexandre-Marie. « L’association existe depuis 1991. Elle a été créée pour rejoindre les JMJ par bateau. Notre volonté est de proposer aux jeunes une démarche spirituelle au coeur d’une activité nautique. » En savoir plus sur l’association les pèlerins de la mer

 

Flash sur les paroisses ….

SAUZON

Danièle est originaire de l’île. Elle s’occupe des fleurs de l’église Saint Nicolas de Sauzon depuis 2005. Tour à tour sacristine puis animatrice, elle fait des compositions florales pour l’église avec bonheur. Son mari, paysagiste à la retraite, en fournit beaucoup ! C’est Stéphane, autre paroissienne fidèle, qui lui a apprit le plaisir de tailler des fusains, intégrer des orthensias, jouer avec les couleurs, … Quand on demande à Danièle si elle est toute seule pour faire cela, elle répond : « Je suis avec le Bon Dieu et tous les saints« …

« Le père Raymond est extraordinaire » continue Nicolas, paroissien retraité, investit dans les hospitaliers montfortains. « C’est l’Eglise moderne. Je souhaite qu’il mette en place un conseil paroissial des équipes. » Pour la petite histoire, la famille de son épouse acquit en 1928 le château de Penhoët, château de Sarah Bernhardt, aujourd’hui détruit et remplacé par une maison belliloise. Le fortin existe toujours et est transformé en musée. Sarah Bernhardt eu un coup de foudre pour l’île, dont elle dit :« Belle-Île est une perle précieuse, une émeraude délicate, un diamant rare irisé par les reflets bleus du ciel et de la mer mêlés » « J’aime venir chaque année dans cette île pittoresque, goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose. J’y puise sous son ciel vivifiant et reposant de nouvelles forces artistiques » En savoir plus 

Un réseau de solidarité s’est créé au fil des années. L’hiver, Sauzon et Bangor regroupent leurs messes, une quarantaine de personnes constituent alors l’assemblée. L’été c’est multiplié par 10 ! Beaucoup d’enfants et de petits-enfants viennent voir leurs grands-parents sur l’île. « Mais ils ne viennent pas se proposer pour l’animation ou les lectures de la messe. Et on n’ose pas toujours demander« … Avis aux familles !

Norbert Naudin a été maire de Sauzon de 2008 jusqu’en 2018. Il raconte qu’à son élection il a demandé que l’on prie pour lui, et que lorsqu’il a donné sa démission pour raison de santé le 11 juillet dernier, ce sont les gens qui lui ont envoyé des messages « on prie pour toi« .  « C’est symptomatique de Sauzon » dit-il. « C’est culturel. Il y a une imprégnation de toute l’histoire des prêtres qu’on a eut ici. » Comme ce prêtre resté 33 ans, « d’exception« , l’abbé Buquen, qui semble-t-il a marqué l’ancien maire par sa foi.

« Aujourd’hui nous sortons d’une période extrêmement difficile, une période « basses eaux » dit-on en termes marins. Il y a beaucoup de choses à reconstruire » continue Norbert Naudin. Selon lui, la mission du père Agbo est compliquée, car si, sur le continent, animer 4 clochers n’est pas difficile, ici il faut tenir compte des données démographiques spécifiques : la triple composante de population permanente, en résidence secondaire ou estivale. Pour un seul prêtre c’est difficile. De plus, chaque commune a ses spécificités. Pour l’anecdote, Norbert Naudin cite une dame qui lui dit un jour « regardez le nom des rues de chaque commune et vous saurez à qui vous avez à faire« . A Palais les rues portent des noms de laïcs, à Sauzon, de saints… « Je suis paroissien pratiquant. Ce qui est important pour moi, pour ma foi, c’est l’intériorité, et le sens de la transcendance. » « Ce qui se passera ici, c’est à la grâce de Dieu, c’est de toute façon Sa volonté qui s’accomplira ! »

 

 

 

 

 

 

 

LE PALAIS

La chorale inter-paroissiale Kanevedenn, « arc-en-ciel » en breton, est très active aujourd’hui dimanche : elle organise une vente de gâteaux. Marie-Christine, paroissienne depuis 40 ans à Palais « revenue aux sources », est membre de la chorale, animatrice, ancienne responsable de la pastorale des jeunes. Elle est très heureuse du regroupement des paroisses de l’île. « Nous ne souhaitions que cela, faire une seule paroisse à Belle-Ile. Certains sont isolés, les églises se dépeuplent, la population vieillit. Cela apportera du dynamisme et en même temps cela soulagera les équipes liturgiques, car il y aura plus d’animateurs et d’organistes dans la boucle commune. »

« Cette période est pleine d’espérance » nous dit Jean, ancien chef de choeur, « pour relancer la chorale, la pastorale des jeunes et tant d’autres choses ! »

L’église

L’église actuelle Saint Géran de Palais date de 1905, reconstruite après la démolition de l’ancienne suite à un incendie. Son intérieur est exceptionnel, entre les mosaïques et les vitraux des ateliers de Mauméjean, dont la rosace du choeur (voir notre article), et les sculptures de J.Vallet (en savoir plus ). Elle se visite « comme un livre d’images », depuis le baptistère jusqu’à l’autel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


LOCMARIA

Christine, actuelle chef de choeur de la chorale Kanevedenn, est venue s’installer ici il y a trente ans, « après un ras-le-bol de Paris« . Aujourd’hui ses enfants sont tous attachés « au caillou », qu’ils ont « vissé dans le sang ». Elle aime raconter que son aînée, quand elle arrive à Plouharnel pour venir ici en vacances, s’exclame à chaque fois « ça sent l’écurie » comme un cheval rentrant à la maison…

Christine ne fréquente pas beaucoup l’église, sinon pour la chorale, mais apprécie la solidarité du petit bourg de Locmaria, très familial. « C’est une commune simple, moins chic que Palais ou Sauzon. » « En venant ici nous avons changé de métier : soit ce sont des métiers tournés vers les services à la personne, soit vers le tourisme ou encore vers l’entretien des résidences secondaires« , dit-elle en précisant que 65% des habitations sont des résidences secondaires à Locmaria.

Concernant le regroupement paroissial, les paroissiens de Locmaria sont un peu dans l’expectative de ce qui va se passer. Comme partout, on craint le changement, « même si les contacts avec le père Raymond ont été très bons » nous dit un paroissien. « Mais je suis plutôt optimiste » « Nous avons tellement besoin de solidarité, car la vie insulaire n’est pas toujours facile.  Et la vie paroissiale est importante pour cela. »

L’église Notre-Dame de Locmaria date du 11ème siècle.

Une légende rapporte qu’un « navire, équipé par des hollandais protestants, ayant été démâté parla tempête, fut jeté sur le rivage de Locmaria. Un bel ormeau appartenant à l’église étendait ses rameaux sur le saint lieu. Les hollandais, désireux de pourvoir au remplacement de la mâture de leur galiote, l’abattirent sans tenir compte de la protestation indignée des fidèles. Ils ne profitèrent pas de cet acte coupable car, à peine l’arbre fut-il à terre qu »il se tordit sensiblement et devint impropre à l’usage auquel on le destinait. Ce fait merveilleux, par eux attribué à leur céleste patronne, inspira aux habitants de Locmaria la pensée d’en perpétuer le souvenir en lui donnant le nom de « Notre-Dame de bois tors », nom qu’elle a conservé depuis. » (Revue Belle Ile Histoire) 

 

 

 

BANGOR

Ici aussi on est pour le regroupement des paroisses. Anne, originaire d’ici, confie « on prie pour le regroupement. Il faut que l’église se rassemble. »  « Et avec Anne, nous avons un projet de réseau de solidarité, notamment de charité en EHPAD. »

Anthony est employé communal de mairie à Bangor. Originaire de l’île, il est un des rares « quadras » catholiques à être resté sur l’île (d’après lui ils sont quatre !). Après un détour en pensionnat au lycée d’Auray, puis quelques mois en propédeutique à sainte Anne d’Auray, il est revenu sur l’île avec une vision plus large de l’Eglise Morbihannaise. « Quand le Bon Dieu nous a amené le père Raymond, j’ai entamé une neuvaine pour Le remercier« , nous raconte-t-il. « Il a une liturgie soignée, des homélies du tonnerre […] Il a l’âge, la formation et les idées pour ramener l’île à l’unisson« . Servant de messe à Palais ou ailleurs, Paul connaît bien l’Eglise de son île, et les paroissiens. D’après lui  » le père Raymond a tout pour toucher les gens, notamment les coeurs des jeunes ménages. » Lui aussi dira qu’il y a tout à faire, mais également qu’il y a des gens de très bonne volonté pour l’aider. « Pour moi, j’attends de me repositionner en tant que chrétien engagé. Je ferai ce qu’il me demandera« . « Nous le porterons dans nos prières« .

Bangor est une commune plus agricole que les autres, car bien ancrée dans la terre. Sur les 36 fermes que compte l’île, c’est ici qu’il y a le plus d’agriculteurs. Mais c’est aussi sur le territoire de la commune que se trouvent les aiguilles de Port Coton, site naturel de bord de mer bien connu, peint notamment par Claude Monet.

L’Eglise saint Pierre et Saint Paul date du XIème siècle, comme celle de Locmaria.

A l’intérieur on peut admirer quelques spécificités de vénération marine : un ex-voto sous forme de navire trois-mâts orné d’une figure de proue, une statue de la Vierge Marie qui tient sa main droite posée sur une ancre de marine, un vitrail du maître-verrier Fournier où la Vierge vient en aide à des marins en perdition.

Voir les particularités de l’église de Bangor sur le site ex-voto marins

 

« Le Christ rassemble tous les hommes en un seul peuple »

nous dira l’antienne de la 2ème lecture, à la messe anticipée, ce samedi soir de juillet à Locmaria.

Un message plein d’espérance pour la communauté paroissiale de l’île !

 

 

L’Ile aux moines avec Frère Grégoire Plus

Frère Grégoire Plus est prêtre à l’île aux moines depuis 2016. Membre de la communauté saint Jean, il est en dispense de vie communautaire, et peut ainsi animer la vie paroissiale et pastorale de l’île. Pour le plus grand bonheur des paroissiens, estivants ou insulaires. Rencontre.

Prendre le bateau pour l’île aux moines n’est pas compliqué en période estivale : les navettes accostent toutes les 10 minutes à Port-Blanc, sur la commune de Baden ! Sur place, les trajets se font en vélo principalement.

D’après Frère Grégoire, il faut distinguer au moins trois sortes de paroissiens sur l’île : les îliens de souche, les îliens à l’année – retraités ou travaillant sur l’île ou le continent -ceux qui viennent pendant les vacances (Toussaint, Noël, Pâques, été) et les touristes occasionnels, avec des spiritualités extrêmement diverses. Ainsi, sensibilités protestantes, orthodoxes, communautaires de l’Emmanuel, chrétiens d’Orient ou chrétiens de sensibilité plus « traditionnaliste » se côtoient, « ce qui rend la paroisse complexe, mais d’une très grande richesse » nous dit Frère Grégoire.

« Après presque deux ans pleins, des mariages, des enterrements de figures de l’île, je crois avoir pu rencontrer tout le monde, en tous cas tous me connaissent, les gens me parlent assez simplement , me prennent à partie, se confient. Globalement l’été est la grande période d’apostolat, l’hiver je profite de grandes journées de silence.  » Car l’été, l’île voit sa population multipliée par 10, de 650 à 6500. Pour les insulaires, il y a le « continent », la France, et puis il y a l’île. « C’est une petite corse ici » nous dit le Frère. « Il n’y a pas de gendarmes pendant l’année… les gamins roulent comme des fous et peu portent un casque… L’été tout le monde en remet un. »

Depuis l’arrivée du Frère en 2016, la vie paroissiale s’est intensifiée

Interrompue quelques mois après le départ en retraite du père Joseph (qui est resté 27 ans sur l’île), elle a redémarré avec dynamisme, réjouissant plus d’un paroissien ! La messe est dite tous les jours, en communion avec le curé-recteur, le père Arnaud Calonne, doyen des 5 paroisses d’Arradon, Ploeren, Larmor-Baden, Baden et l’île-aux-moines.

« Frère Grégoire remplit l’église », confie Sophie, paroissienne de longue date. « Le père qui était là avant était âgé. Aujourd’hui, l’engagement de frère Grégoire donne un dynamisme à la paroisse, que nous attendions. » Son mari, Jean-Marc, complète : « Il y a un renouveau spirituel. C’est une vraie chance ». Ou la Providence…  Pierre, retraité à l’île aux moines avec son épouse, raconte qu’avec un petit groupe de paroissiens (une trentaine !), ils ont beaucoup prié pour qu’un nouveau prêtre arrive sur l’île. Si vous y allez, tentez de le retrouver et demandez -lui de vous raconter l’histoire de cette arrivée « voulue par le Seigneur, cela ne fait aucun doute… » !

Les initiatives pastorales se multiplient

Temps de prières dans l’oratoire aménagé au presbytère, pique-nique partagé tous les dimanches au presbytère, jardin potager de permaculture, soirées à thème ou partage d’Evangile pendant les  temps liturgiques forts de l’année, messes au bord de l’eau ou dans la nature suivies d’un pique-nique et d’une baignade, journées paroissiales avec brocante, buffet, soirée pour les jeunes – sans les parents – procession pour la sainte Anne, messe à l’Ehpad, service de communion auprès des malades, catéchisme, etc… !

Il faut inciter les paroissiens à être évangélisateurs

…mais aussi à vivre dans la fraternité, à s’investir, à développer sa vie de Foi par la prière et les sacrements.  « Il y a un nouvel esprit à donner » explique Frère Grégoire. « Les habitants doivent s’approprier leur vie chrétienne, surtout avec la diminution du nombre de prêtres, et apprendre à vivre une vie de communion et de charité fraternelle toujours plus intense, que nourriront les sacrements (…) L’Esprit du Christ, c’est un esprit nomade, » continue-t-il, « témoigner du don définitif du Père comme saint Vincent Ferrier ou Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, pas un esprit ‘installé’. Pour ça, la recherche de Dieu doit être continuelle, dans un esprit de renouvellement constant. »

A la question comment alliez-vous apostolat et règle de vie religieuse, contemplation-action, Frère Grégoire répond

« Pour moi tout est lié, la contemplation doit être présente autant dans des moments de prière que dans la vie ‘ordinaire’, que dans nos rencontres. C’est d’abord de cultiver une soif et une attente de quelque chose qui ne vient pas de nous. Comment une épreuve, une lutte, une demande de services est toujours à recevoir comme une initiative de Dieu qui va me faire entrer dans quelque chose qui n’est pas à ma taille, qui n’est pas de moi. Et l’oraison, qui est la première manière de prier de la vie contemplative,  c’est de prendre un temps complètement gratuit, à la plage, dans la nature, à la chapelle, … en présence de Celui qui est toujours présent en moi et qui m’attend. C’est un temps donné à l’Esprit-Saint pour qu’Il puisse faire son oeuvre entièrement. » « Je brûle du temps gratuitement pour Lui, même sans rien sentir. » 

En l’écoutant parler, on devine le poète pétri de métaphysique et de foi

…qui aime déclamer des paroles profondes, paroles qu’il vit lui-même pleinement. Car frère Grégoire Plus est comédien, mais pas pour n’importe quel théâtre : celui de la poésie de la vie ordinaire. « Je ne joue pas un rôle, je vis ce que je dis, »  à l’école du théâtre russe avec son ami le comédien Michel Sigala qui l’a formé : « pas d’artifice, le théâtre russe c’est celui de la vie. » Il s’est bien retrouvé dans les textes de l’écrivain- poète Christian Bobin, qu’il a découvert par hasard au détour d’un voyage. « J’ai tout de suite aimé car il a un regard simple et mystique à la fois, contemplatif. » Et de rajouter : « C’est ce dont les baptisés manquent le plus : un esprit contemplatif, qui n’est autre que le regard du nouveau-né toujours émerveillé devant les miracles de la vie ordinaire. »

Depuis, il met en scène les textes de celui-ci, dans des spectacles « seul en scène ». Voir notre article

« Je choisis mes textes en fonction de ce que je porte intérieurement. Ainsi, chaque année un nouveau texte. Je me nourris de la vie dans sa banalité, sa dureté, et ce qu’elle cache de mystère pour trouver la vraie manière de donner ces mots. Chercher à être très pauvre pour se mettre au service d’un texte déjà écrit, c’est une bonne école pour écouter la Parole de Dieu. »

« Ceux qui viennent à ces ‘seuls en scène’ sont là pour ‘manger de la lumière’ de façon ludique : ce n’est ni un sermon, ni du caté, mais c’est ouvrir la fenêtre sur la lumière qui habite nos vies et qu’on ne voit plus du fait de nos soucis, de notre quête d’efficacité, de nos pensées folles. Les mots de Christian Bobin sont un nectar, une joaillerie, une brûlure aussi, comme des flèches acérées qui réveillent une soif. Avec lui, on retrouve l’esprit d’enfance, on réapprend à s’étonner, à s’émerveiller, « à entrevoir ce très faible et très sûr sourire tourné vers nous. »

« Je sors de scène vidé et ma plus belle récompense c’est quand quelqu’un repart souriant, ému, brûlé de lumière ».

Polluer le monde en Bien

« Je travaille ces textes aussi pour m’en nourrir« . Pour Frère Grégoire, tout chrétien devrait être d’un égoïsme foncier, dans le sens où « tout ce que l’on peut acquérir pour nous -même, on l’acquiert pour le monde entier (…) Et, avant la pollution matérielle dont on prend conscience, il y a une pollution bien plus importante qui est ‘spirituelle’ : si on comprenait qu’on peut ‘polluer’ le monde en Bien, en se lavant la tête à coup de seau de javel de lumière ! ». 

Questions à Frère Grégoire Plus

Biographie

Frère Grégoire Plus, né en 1971, est prêtre depuis 12 ans, et religieux depuis 24 ans. Originaire de Lisieux, il se destinait aux relations internationales avant d’entrer à la communauté des Frères de Saint Jean. D’abord missionnaire en Lituanie auprès des enfants des rues, il a enseigné en Asie pour des séminaires diocésains, congrégations ou des universités, aux Philippines, en Papouasie, à Singapour, Manille, Malaisie, Inde puis en Europe.  Très attaché à la petite Thérèse – « elle fait partie de ma vie » – il porte une relique d’elle en permanence autour du cou.

En 2003, Frère Grégoire a rejoint le festival Off d’Avignon en participant à la programmation de Présence Chrétienne, coopérant pendant 4 ans avec le délégué épiscopal pour Foi et Culture.

Aujourd’hui, il anime la vie paroissiale de l’île et continue d’être fidèle à sa vie religieuse, tout en donnant des représentations de « Seul en scène » là où on le demande. En savoir plus

 

 

 

 

Spectacle Christian Bobin à l’île aux moines

Redécouvrir la splendeur banale du quotidien

Tous les jeudis et vendredis soirs de juillet et août, Frère Grégoire Plus met en scène des textes de Christian Bobin

« Pour la sixième année, j’adapterai des textes de Christian Bobin en Bretagne pendant l’été, chez des particuliers, des théâtres, des entreprises où je rencontre une forte attente de ce regard simple, renouvelant, sur la vie ordinaire. » explique-t-il.

Frère de la communauté Saint Jean,  et prêtre, Frère Grégoire a été missionnaire en Lituanie auprès des enfants des rues, enseignant de philosophie et de théologie en Asie, à l’université, dans des séminaires et des congrégations. Il a coopéré pendant 4 ans en Avignon avec le délégué épiscopal pour Foi et Culture. Voir notre article sur l’île aux moines et Frère Grégoire

La poésie pour foudroyer

Aujourd’hui en dispense de vie communautaire, et à la disposition de la paroisse de l’île aux moines, outre la vie paroissiale, il met ses qualités de comédien au service de la Foi, au service de l’humain : « Ces spectacles, seul en scène, ne sont pas faits pour passer un message de foi. C’est pour servir l’humain par « la force insurrectionnelle de la poésie. » nous dit frère Grégoire. « La poésie est une manière de dire les choses qui laisse à celles-ci leur force pure. Qui leur laisse toutes les chances de nous atteindre. C’est pour foudroyer, sinon, ce n’est pas la peine. La poésie, c’est la brutalité de la beauté qui nous détache de tout ce qui est mort, endormi, convenu pour être pleinement homme. Parce que le plus difficile, c’est peut-être d’être humain. »

L’art, une perte de temps ?

Aristote affirmait que l’art, face aux urgences du monde, n’est pas une perte de temps. Il « contribue à éveiller dans le coeur de l’homme le sens de la recherche de la sagesse, parce qu’il éduque le sens de la gratuité. L’artiste cherche à contempler, à comprendre, à dire à travers le sensible quelque chose d’un absolu qu’il touche. L’art c’est réaliser la vérité d’une rencontre entre le monde sensible et son monde intérieur habité par une question, une recherche, un cri, un appel. »

Frère Grégoire cite encore Camus : »L’artiste dispose à la sagesse, parce qu’à travers son oeuvre, il exprime une nostalgie, une aspiration, une attente humaine.[…] il a su saisir et exprimer quelque chose qui habite le coeur de tout homme. »

Destiné aux relations internationales

Grégoire Plus, né en 1971 dans un milieu « artiste », se destinait aux relations internationales lorsque, à 23 ans, taraudé par « la question de Dieu », il a rejoint la communauté de Saint-Jean. Arrivé en Avignon en 2013, il s’est interrogé sur ce qui peut « parler directement au coeur de l’homme ». De cette réflexion est né son désir de « se mettre humblement au service d’une parole, d’une pensée ». La découverte de Christian Bobin à travers ‘l’homme-joie’ et ‘La plus que vive’ sera le déclic.

En 2013 il adapte « La Plus que vive » :

« La scénographie, réduite à sa plus simple expression, a un impact de taille: un éclairage intelligent plonge le visage de l’acteur dans le clair-obscur… Il irradie! Les mots de Bobin sont d’une justesse, d’une beauté poétique et cinglante« , écrit Jean-Christophe Gauthier dans le journal Avignon citylocalnews du 22/07/2013, après une représentation au festival Off d’Avignon.

« Ici Bobin n’est pas joué. Il est littéralement incarné en cet homme seul en scène, qui brille par sa totale simplicité. Une qualité trop rare que l’on a plaisir à goûter, tant dans la mise en scène épurée (une chaise, un musicien, quelques notes de musique,
le décor d’un salon) que dans l’équilibre du jeu. » écrira la journaliste Lise de Rocquigny, ancienne critique au Pariscope.

En 2014 & 2015, Frère Grégoire créé deux spectacles à partir de textes libres de droits : « du minuscule et de l’imprévisible » & « l’inépuisable est à notre porte ». 

Le premier spectacle parle de « […] notre capacité souvent trop enfouie, d’étonnement, d’émerveillement, celle de l’enfant en nous, retrouver comment être nourris par le réel immédiat, banal, brutal, redécouvrir la splendeur banale du quotidien. »

Christian Bobin dira au Frère en 2014 au festival d’Avignon : « Vous donnez de la joie ! Je vous ai vu et je sais que votre visage, vos mains, tout votre corps rendra à mes phrases l’énigme et même la dureté dont elles ont besoin… »

Le second spectacle se compose d’une « suite de textes entrecoupé de musique blues qui, comme des tableaux, éclairent la vie quotidienne, banale et ses journées pâteuses, fiévreuses, lourdes…  La mort, qui va tous nous prendre aussi innocemment qu’une petite fille qui cueille des fleurs dans un pré…  La vie étonnée qui traverse les yeux des renards et des enfants punis, cette confiance déraisonnable en celui qui rentre dans les têtes pierreuses et les vies bétonnées de certitudes… car : « l’inépuisable est là : dans le quotidien, mais aussi dans la mort et dans la vie spirituelle… »

En 2016 : adaptation de « Louise-Amour »

Un amour-passion, à la fois céleste et charnel, face à l’humble quête de la grâce dans la splendeur des jours sans histoires…
L’esprit de ce texte: « Epier Dieu captif de l’adorable faiblesse des choses et des êtres. (…) Il n’y a que le ciel qui puisse nous lier les uns aux autres, jetant sur nos âmes assemblées par le hasard d’une rencontre, un filin de lumière… »

2017 : « Splendeurs infracassables des jours sans histoires »

« La vie, elle est si loin, elle est si proche, elle est partout, dans l’insolente fraicheur des pluies d’été, sur les ailes d’un livre abandonné au bas d’un lit, dans une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d’herbe, dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir, sur les paupières d’un nouveau-né, dans la douceur d’ouvrir une lettre attendue… tout est comme au premier matin du monde : donné. »

2018 : « Cette vie merveilleusement perdue à chaque seconde qui va »

Tous les jeudis et vendredis de juillet et août à 21 h

Presbytère de l’île aux moines

Durée 1h10

Réservations – sms : 07 86 55 67 62

« J’ai retiré beaucoup de choses de ma vie et Dieu s’est rapproché pour voir ce qu’il se passait. »  Christian Bobin.

Voir le blog de Frère Grégoire « Que cherchez-vous ? »

Solène et Thomas : « les méthodes naturelles font grandir notre amour »

Mariés depuis bientôt 8 ans, Solène et Thomas de Baglion sont les heureux parents de trois enfants âgés de 6, 4 et 2 ans. Leur foyer attend la naissance d’un quatrième enfant pour le mois d’octobre.  Moniteurs Billings, ils reçoivent les couples qui les contactent pour les former à cette méthode naturelle de régulation des naissances. Bien plus qu’une méthode, ils témoignent des fruits quotidiens pour leur amour conjugal. 

Pourquoi avoir choisi les méthodes naturelles de régulation des naissances ?

Dès nos fiançailles, nous nous sommes tournés vers la méthode Billings en préparation de notre future vie conjugale. Tout d’abord parce que le prêtre qui nous préparait au mariage nous encourageait à trouver une méthode de régulation naturelle des naissances qui nous conviennent et surtout parce que l’Eglise nous y invite. Et l’Eglise ne peut proposer que de bonnes choses pour ses enfants, Elle a toujours été une mère pour nous ! Nous avons fait ce choix par amour de l’Eglise ! Nous Lui avons fait confiance et aujourd’hui nous en sommes très heureux !
Très vite nous avons ressenti tous les deux le désir de transmettre aux autres cette manière de vivre notre fécondité.

Quelles avancées et découvertes sur les rythmes physiologiques depuis la promulgation d’Humanae vitae en 1968 ?

Quand Paul VI a osé prôner la régulation naturelle des  naissances en 1968, il n’existait à l’époque aucune méthode vraiment fiable ! Quel courage !
En réponse à l’appel lancé par Paul VI dans Humanae vitae, les docteurs Billings ont petit à petit mis en place cette méthode.
Aujourd’hui, la méthode Billings est une méthode fiable, adaptée à tout type de couple (hyper ou hypo fécondité, cycles réguliers et particulièrement les cycles irréguliers, pour différer ou faciliter les naissances) et elle ne cesse de se perfectionner (introduction des bandelettes de LH dans certains cas particuliers).

Quelle relation conjugale cela construit ? Au-delà de la « technique », quels sont les fruits pour la vie du couple et l’amour conjugal ?

On ne peut pas pratiquer cette méthode sans un dialogue en couple au quotidien sur notre fécondité, tout simplement par le fait que Thomas tient le tableau et me demande mes observations de la journée chaque soir pour les noter. Mais aussi, ce dialogue s’approfondit ensuite : choisissons-nous de nous unir ou non ? Ce dialogue nous invite à vivre des unions en conscience d’accueillir la vie. Cette méthode nous aide à garder la vie au cœur de nos unions. Elle rythme notre vie sexuelle par les temps d’attente (abstinence périodique) et retrouvailles. La prière de couple nous aide à vivre les exigences de cette méthode et à tendre à une chaste relation. Ce mot « chasteté » est souvent confondu avec l’abstinence. Je l’emploie dans le sens d’une tension vers la pureté : pureté du cœur et pureté de l’intention.

Quelles différences essentielles voyez-vous avec les méthodes artificielles, mécaniques ou chimiques ?

Ces méthodes veulent exclure de l’union des corps l’arrivée d’un éventuel bébé. Elles font glisser les couples dans la maîtrise de la fécondité ou pire encore dans l’oubli de leur fécondité.

Nous ne sommes pas appelés à maîtriser la fécondité mais à l’orienter selon nos projets. Ce qui n’est pas du tout pareil !  Cette fermeture à la vie qu’entraîne la contraception ne permet pas aux couples d’avoir un cœur de plus en plus docile. L’accueil de notre fécondité fait grandir notre cœur conjugal. La vie est un mystère qui nous dépasse et qui donne tellement de joie aux couples qui l’accueille quoi qu’il arrive. Mais il faut accepter de ne pas tout maîtriser !

Ce qui est triste c’est de ne plus se poser la question de l’arrivée d’un éventuel bébé lorsqu’on s’unit ! Le couple se centre alors sur lui-même.

Paternité et maternité responsable / ouverture à la vie sont deux principes fondamentaux développés dans Humanae vitae : comment les recevez-vous ?

« Ce que Dieu a unit, que l’homme ne le sépare pas » nous dit St Paul.  Oui, que l’homme ne sépare pas de l’union conjugale sa fécondité. Dans chaque union, nous savons qu’un petit bébé peut pointer son nez, même dans des périodes dites non fécondes (la méthode Billings est fiable à 97%, il reste 3 % d’incertitude et cette incertitude c’est notre abandon en la Providence !)

Il est important de discerner en couple s’il est bon d’accueillir un nouvel enfant à tel ou tel moment et d’adopter l’attitude nécessaire pour réaliser notre projet de favoriser ou différer une naissance.  Mais un dialogue quotidien sur l’accueil d’un nouveau bébé a fait grandir en nous un véritable amour de la vie ! Ce que nous constatons c’est que nous sommes beaucoup plus ouverts à la vie aujourd’hui qu’au moment de notre mariage ! Et c’est une joie que nous portons en nous !

Un écueil pourrait être d’utiliser ces méthodes dans une logique contraceptive ?

Solène : Lorsque je me suis mariée, je pensais que quatre enfants, ce serait bien mais certainement pas un de plus ! Il était donc important que nous soyons bien formés pour « maîtriser » la régulation des naissances et mettre un terme à notre fécondité au moment où nous le jugerions bon. Je voulais donc utiliser la méthode Billings comme un moyen de contraception naturelle, du type « BIO ».

Je me rends compte aujourd’hui que je n’avais pas compris le sens profond de la régulation naturelle des naissances souhaitée dans Humanae vitae et que beaucoup de chrétiens, comme moi, utilisent cette méthode comme un simple moyen de contraception.

C’est grâce au dialogue quotidien sur notre fécondité, sur l’enfant à naître, qu’un grand amour de la vie est né. L’envie de me former, de relire Humanae vitae, d’écouter des témoignages et constater un véritable amour de la vie chez des foyers rayonnants m’a aidée à changer petit à petit mon regard sur le bébé non attendu.

Aujourd’hui, nous attendons notre 4e enfant. Peut-être est-ce le dernier ? Peut-être en accueillerons-nous un autre ? Deux autres ? … ? Je ne sais pas ! Ce qui est sûr, c’est que la question de l’accueil de la vie restera au cœur de chacune de nos unions. Je ne dirai plus, « maintenant c’est fini, on a tous nos enfants ». Non ! Chaque jour nous continuerons de discerner de manière responsable, à la lumière de l’Esprit Saint, ce qui est bon pour nous et notre famille et ce que le Seigneur attend de nous.

Maintenant j’ai compris que la méthode Billings est bien plus qu’une méthode naturelle de régulation des naissances, c’est une manière de vivre qui nous éduque dans l’amour de la vie et qui nous apprend à mieux nous aimer ! Elle fait grandir nos cœurs !

Les détracteurs avancent les arguments de manque de fiabilité et d’absence de spontanéité des unions… que répondez-vous ? 

Lorsqu’un couple nous dit que la méthode Billings n’est pas fiable, nous posons simplement quelques questions : Qui vous à former ? Tenez-vous un tableau jour après jour ? Connaissez-vous les règles de la méthode Billings ? Avez-vous un couple moniteur référent en cas de doute ? Après ces 4 questions, il n’y pas beaucoup de couples qui osent maintenir cet argument !

Et malheureusement les gens ont tendance à confondre la fiabilité de la méthode et l’exigence qu’elle suppose. Si un couple s’unit en période féconde alors qu’il désire différer une naissance, ce n’est pas un manque de fiabilité de la méthode mais une difficulté à tenir le temps d’abstinence sexuelle.

Concernant la « spontanéité », si on entend par là le fait de vivre selon ses pulsions sexuelles, en effet la méthode Billings répond à un autre logique. Mais la joie de se préparer mutuellement à une prochaine union, de se réjouir dans l’attente entraînent des retrouvailles encore plus spontanées !

Quelles sont les exigences liées à l’utilisation des méthodes naturelles de régulation des naissances ? Que supposent-elles en termes de connaissance et de maîtrise de soi, … ?

La Méthode Billings permet une meilleure connaissance du cycle féminin, (et du psychisme de sa femme dit Thomas !) mais aussi de notre sexualité. La méthode Billings est simple mais très exigeante à pratiquer. Elle suppose des temps d’abstinence réguliers pas toujours faciles à vivre.  La prière et le dialogue sont nécessaires pour trouver les gestes de tendresse adaptés durant ces périodes d’abstinence. Ce sont toujours des périodes difficiles pour nous, surtout parce que homme et femme nous vivons cette attente différemment ! Mais c’est dans cette difficulté que notre amour grandit et que la joie de se retrouver est d’autant plus forte !

Comment diffuser au plus grand nombre ce message, qui est un appel au bonheur finalement : une plus grande qualité de vie de couple et un amour plus authentique ?

Paul VI était un visionnaire pour son temps ! Il parle de témoignage de couple à couple dans Humanae vitae. C’est ce que nous cherchons à faire. Par son témoignage et son rayonnement, un foyer Billings délivre tout un état d’esprit, celui de l’amour de la  vie,  avant de donner une formation méthodique.

Notre foyer Billings ne laisse pas insensibles les autres couples ! Soit nous recevons des sourires moqueurs soit nous éveillons plein de questions chez les autres couples qui parfois nous demande des les former. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui s’interrogent, cherchent des réponses sur ce sujet sont heureux de nous trouver !

Quelle est votre expérience d’accompagnement auprès des couples ?

Les couples nous trouvent souvent via le site internet methode-billings.com.  Les prêtres du diocèse orientent également vers nous des fiancés qu’ils accompagnent. Nous calons une date avec eux puis nous les recevons en soirée.  Autour d’un dessert, nous faisons connaissance et essayons de voir quelle est la place de la vie dans ces foyers et futurs foyers. Il est important de discerner avec eux l’état d’esprit dans lequel ils s’engagent car la mentalité ne peut pas être contraceptive ou abortive. Puis nous leur enseignons les règles purement pratiques. Quelques semaines plus tard, nous les rencontrons de nouveau pour réajuster le cas échéant, répondre à leurs questions et vérifier si tout est bien compris. Par la suite, nous restons disponibles. Nous les encourageons à revenir vers nous afin de les soutenir en particulier  après les naissances, au moment du retour de couches, ou après une période d’allaitement.

En savoir plus sur la méthode Billings

Lire aussi

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Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses

70 ans pour l’association Accueil Familial de Vacances

Par Jean-Eudes Tougait

Le mardi 17 juillet dernier, nous étions une soixantaine de personnes, familles de vacances, enfants accueillis, correspondants d’équipe et bénévoles de la délégation réunis à Ste Anne d’Auray pour fêter les 70 ans de l’Accueil Familial de Vacances. Le parc Camborne et la salle communale,  mis gracieusement à notre disposition par la municipalité, étaient l’espace idéal pour cette rencontre conviviale.

Après le mot de bienvenue de Béatrice Victor, notre présidente, nous avons écouté le message de Vénonique Faillet, notre présidente nationale, avant de nous retrouver autour d’un apéro champêtre, sous un soleil généreux.  Bien restaurés,  petits et grands ont pu exercer leur adresse et leurs qualités de stratège grâce aux différents jeux disposés dans le parc. Quel plaisir de regarder les parties acharnées de Molky et de saluer les prouesses de Jacqueline, Rayan ou Gésim ! Autre bonheur de cet après-midi, la présence des trois musiciens qui nous ont entraînés dans une suite de danses bretonnes pour la joie des adultes mais aussi des enfants.

Grand merci à tous ceux qui ont participé à cette belle rencontre et particulièrement à Azylis, qui à l’occasion de son stage de fin d’année, s’est pleinement investie dans sa préparation, par la recherche du lieu, des musiciens et des donateurs qui  ont fourni les confiseries de l’apéro et du goûter. Merci également à tous les bénévoles de la délégation qui ont, avec gentillesse assuré l’intendance tout au long de la journée.

L’Accueil Familial de Vacances

L’AFV est né dans l’après-guerre et permettait à de nombreux enfants de partir à la campagne et au grand air et de quitter pendant 2 mois des zones urbaines en grande difficulté.

Aujourd’hui, elle reste une des actions importantes du Secours Catholique. Elle consiste à mettre en relation des enfants de familles accompagnées par les équipes locales, avec des familles de vacances, connues du Secours Catholique, qui les accueillent pendant leurs propres vacances. L’AFV peut aussi être le point de départ d’un accompagnement.

Un partenariat se bâtit ainsi avec les familles qui nous font confiance pour les vacances de leurs enfants. Ce sont donc les parents qui offrent des vacances à leurs enfants avec le soutien du Secours Catholique.

L’AFV s’inscrit pleinement dans la démarche globale d’accompagnement menée par les équipes locales et s’associe aux autres actions à destination des enfants ou de leurs parents.

Comme pour les autres actions du Secours Catholique, l’AFV est ouvert à tous sans distinction de cultures, de religions.

Le temps de l’Accueil Familial de Vacances est d’abord celui des vacances estivales. Il peut aussi être organisé pendant les petites vacances mais cela ne doit pas devenir systématique.

Les échanges avec les différents acteurs permettent aussi à ce projet de vivre et d’être enrichi en permanence.

  

Témoignages

Marie-France et Christian, retraités, habitent  Arradon. Ils ont accueilli Djamal, 7 ans et demi, l’été dernier. « Une connaissance m’a raconté qu’il accueillait un enfant pendant les vacances, se souvient Christian. J’ai eu envie de tenter l’expérience : nous n’avons pas de petits-enfants. Pourquoi ne pas faire profiter un enfant d’un séjour ici ? Nous avons la place, le temps, nous habitons tout près de la mer. » Marie-France était plutôt réticente au début : « Je n’avais pas envie de m’encombrer d’un enfant. Et j’avais peur que ça se passe mal avec lui. » Après un temps d’apprivoisement des deux côtés, le séjour se passe pour le mieux. « Djamal est très facile, sociable, curieux, toujours partant, il s’est très vite adapté. Nous avons essayé de le rendre heureux. Nous avons fait beaucoup de jeux de société avec lui, de grandes promenades, des après-midis sur la plage où il retrouvait les copains qu’il s’était fait. Un petit voisin lui a prêté un vélo, il a appris à pédaler. Il a découvert les palourdes, les galettes. Il venait avec nous chez nos amis. Après son départ, nous avons gardé un petit lien avec lui : téléphone, cadeau pour Noël. Nous pensons souvent à lui et espérons beaucoup l’accueillir à nouveau cet été. Nous avons été ravis de cette expérience. »

 

Christiane, veuve à la retraite, habite à côté de Saint-Dolay. Elle a accueilli Elisa, 7 ans, en 2017.
« J’avais déjà plusieurs années d’expérience : il y a 20 ans, nous avions reçu un garçon pendant plusieurs étés, lorsque mon dernier fils était encore petit. J’avais envie à nouveau de partager ce que j’ai pour donner du bonheur à un enfant. J’ai une grande maison, des petits-enfants, des amis, et je n’aime pas voir des enfants malheureux. Pour accueillir Elisa, j’ai constaté que j’étais moins stressée, plus disponible. Son séjour s’est très bien passé. Elisa est très facile, autonome, elle aime beaucoup la campagne et les animaux et m’aidait à soigner les lapins, les poules et les oiseaux. J’avais invité mon petit-fils, un peu plus jeune, en même temps qu’elle. Ils ont énormément joué tous les deux. Nous sommes allés à la plage. Elle a découvert la mer qu’elle n’avait jamais vue. Quand elle est repartie, j’étais émue aux larmes. Elisa m’a donné beaucoup de bonheur ! J’espère pouvoir l’accueillir à nouveau cette année. Pour moi, elle est comme un de mes petits-enfants. Une amie, en voyant que tout se passait bien, a eu l’envie à son tour d’accueillir un enfant. Il faut tenter l’expérience, c’est facile si on aime les enfants et ça vaut le coup ! »

  Extrait de Chrétiens en Morbihan 1474,  9 avril 2018

Contact :  Audrey Lemarchand  Tel : 06 43 34 06 68

audrey.lemarchand@secours-catholique.org

Son et Lumière « Le mystère de sainte Anne »

La première apparition de sainte Anne à Yvon Nicolazic, la découverte de la statue dans le champ du Bocenno, la chapelle rebâtie, les premiers pèlerinages : durant deux heures, 200 acteurs et figurants  évoluent sur une scène à ciel ouvert de 2500 m², au milieu des décors reconstitués du XVIIème siècle pour un prodigieux spectacle historique. Venez nombreux entendre battre l’âme de la Bretagne !

Télécharger le dépliant

Depuis 2013, le spectacle son et lumière retrace les épisodes d’une épopée tant humaine que spirituelle, l’histoire des hommes qui mettent leur confiance en Dieu. Du hameau de Keranna au sanctuaire de sainte Anne d’Auray, une conversion bien plus profonde est en jeu. Ainsi, en plein jubilé saint Vincent Ferrier, celle de Pierre de Kériolet donne lieu cette année à de nouvelles scènes.

Retrouvez toutes les informations sur le site www.yvonnicolazic.fr

Pratique 

  • Les 6-7-8 et 10-11-12 août, à 22 h 00
  • Théâtre en plein air de Pont Er Groah, derrière la basilique de sainte Anne d’Auray
  • Réservez et achetez vos places 
  • Contact : Association des Spectacles Yvon Nicolazic (ASYN) – 07 82 18 25 15

A la découverte des chapelles de Saint Vincent Ferrier

Découvrir saint Vincent Ferrier au gré des chapelles et églises morbihannaises l’honorant, qui lui dont dédiées ou qui portent son nom

Carte interactive ci-dessous

Par des chemins de traverse, au détour d’une fontaine, d’un calvaire, d’une chapelle, laissons-nous entraîner par saint Vincent, pèlerinant dans la campagne morbihannaise sous ses plus beaux attraits verdoyants, de Questembert à Vannes.

Monique, Marie-Hélène, Michel et Christophe vous ouvriront les églises et chapelles et vous dévoileront, au fil des visites, avec une patience, une gentillesse et une passion édifiantes, la vie du saint entremêlée de coutumes locales.

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Le Père Hervé Perrot, nommé aumônier général du Secours Catholique Caritas-France

Délégué épiscopal à la Diaconie du Diocèse de Vannes depuis 2013, le Père Hervé Perrot a été appelé par les Evêques de France pour succéder au Père Dominique Fontaine, comme aumônier général du Secours Catholique-Caritas France. A 55 ans dont 25 de sacerdoce (tout juste fêtés), ce fils de sculpteur sur bois a le souci des plus fragiles chevillé au corps et au cœur. Rencontre. 

Enfant, au contact d’un père artisan-sculpteur, il s’ouvre à la beauté et au silence intérieur. Plus tard, il choisit de sculpter quant à lui les paysages. Son diplôme de paysagiste (jardin espaces verts) en poche, il s’investit aussi dans la musique bretonne (bagad de Vannes et de Lann Bihoué), comme « bidasse » puis jeune professionnel.
Il a 21 ans quand sa quête le conduit chez les cisterciens trappistes de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc. Après deux ans et demi de croissance spirituelle et de discernement, il entre au séminaire interdiocésain de Vannes.

Premières ébauches

L’ancien étudiant paysagiste aime abattre les cloisons et ouvrir les horizons ; à Locminé, sa paroisse d’insertion pendant ses années de séminaire et son année diaconale, puis à Lanester où il passe ses cinq premières années de prêtrise.  Le jeune prêtre se laisse façonné par les paysages humains des quartiers populaires où sévissent le chômage et la précarité.  « Nous avons monté des groupes rap, proposé de la relecture avec du hip hop, organisé des fêtes de quartier avec la mairie, les éducateurs… Des enfants aux grands-parents, il y a tellement de richesses quand on se met à fréquenter les personnes qui vivent dans ces quartiers dits difficiles ». L’inlassable jardinier dans l’âme y voit autant « de belles fleurs à cueillir » à condition d’ aller à la rencontre. Oser la rencontre,  c’est aussi se laisser poncer, râper…

« A ras du terrain »

Au près comme au loin … Envoyé comme prêtre fidei donum à 25 000 kilomètres des côtes bretonnes, le Père Perrot passera trois ans au service de l’Eglise de Nouméa. Si l’archipel dévoile ses époustouflants panoramas tropicaux, le Père Perrot plongera aussi dans l’envers de la carte postale : décor de tôle, paysage de cabanes dans les squats (bidonvilles calédoniens), immersion dans la culture Mélanésienne. A l’instar du bois, la famille humaine révèle ses innombrables essences ; ses bosses qui patinent le cœur et ses creux qui rabotent les a priori. « L’inculturation permet de découvrir la Bonne Nouvelle du Christ d’une autre manière que la culture bretonne. Ça ouvre un regard. Ça décentre ».

De retour dans le diocèse, il est nommé recteur de la paroisse saint Guen, implantée dans le quartier de Ménimur de Vannes. Entre autres chantiers pastoraux, il s’emploie à initier des échanges interreligieux. « Nous avons essayé d’être plus proches des plus lointains ».
Il se voit ensuite confier une mission nationale, comme aumônier de l’ACE pendant six ans, tout en assurant la fonction de délégué diocésain à la Mission universelle et à la pastorale des migrants.
En 2012, le Père Perrot rejoint le réseau saint Laurent à Lourdes, moteur de la démarche « Diaconia ». Il travaillera aux côtés du Père Dominique Fontaine, dans le staff de la liturgie, pour préparer ce grand rassemblement national « Servons la fraternité » à Lourdes en 2013. Le raz de fraternité est bien une lame de fond qui soulève l’Eglise, avec l’impulsion du saint Père. « Pour le Pape, la nouvelle évangélisation, c’est remettre au centre de l’Eglise la personne en fragilité. Ce sont eux qui nous évangélisent et qui nous enseignent ».

Raz de fraternité au cœur du réacteur

Au lendemain de « Diaconia », l’équipe épiscopale lui confie la mission de délégué épiscopal, chargé de mettre en œuvre la dynamique « Diaconie » dans le Morbihan. Il a donc consacré ces cinq dernières années à faire ressortir le veinage existant ou à le faire émerger au sein des communautés chrétiennes, en tous les cas à structurer une démarche qui parte des plus pauvres pour les mettre véritablement au cœur de l’Eglise. « Le sacrement du frère, cette fraternité à mettre en actes, à partir du plus fragile, est un enjeu pour l’Eglise et pour la société. La diaconie bouscule les lignes ; elle décloisonne même l’organisation ecclésiale ».


Comment avez-vous déployé la diaconie dans le diocèse de Vannes ?

Père H.P. : Nous avons travaillé avec tous les services, pour que grandisse la fraternité, dans l’esprit du lavement des pieds, ce service gratuit de l’autre qui est un service de désappropriation. Le point de départ, ce sont les personnes en fragilité. Par exemple, pour la pastorale familiale : comment partir des familles les plus fragiles, des mamans seules, des familles recomposées ? C’est valable pour la catéchèse, etc. Faire que les gens fréquentent ceux qu’ils ne fréquentent pas d’habitude, et sur lesquels on a mis une étiquette… Prenons la question des migrants : quand le migrant prend un prénom, un nom, une histoire, ce n’est plus pareil qu’au journal télévisé ! Même chose pour les personnes qui vivent dans la rue. Fréquenter même ceux qui sont infréquentables… On met ainsi nos pas dans ceux de Jésus mais ce n’est pas naturel, il faut le pousser !


Dès 2016, il intègre l’équipe nationale chargée par les Evêques de France de préparer les premières universités de la diaconie et de la solidarité qui se dérouleront l’année suivante (octobre-novembre 2017). Dans le diocèse de Vannes, comme partout en France, commencent à émerger des groupes « Place et parole des pauvres » : « des lieux où on puisse entendre, se laisser évangéliser et enseigner par eux. C’est leur parole qui rencontre la Parole de Dieu, développe le Père Perrot. Ils viennent nous nourrir ». 

Cheminer en Eglise et transformer la société

Dans cette dynamique, un mouvement comme le Secours Catholique a un rôle crucial à jouer : être dans l’Eglise moteur de la diaconie, avec et à partir de l’expérience des plus fragiles.  « L’enjeu aujourd’hui pour les mouvements ‘spécialistes’ – CCFD, Secours Catholique, Conférence saint Vincent de Paul – c’est d’aider nos communautés chrétiennes  à vivre ce sacrement du frère, à faire l’expérience du plus fragile, qui finalement est une expérience de Dieu et une expérience pascale ».
Le défi est de promouvoir cet esprit dans l’Eglise de France. « Ils font de plus en plus « avec » et commencent à faire « à partir de » c’est-à-dire à intégrer dans leurs lieux de décision des personnes qui ont galéré et qui se sont sorties de la précarité ». Ainsi le Secours Catholique tend à devenir tête de pont et médiateur.
En 2016, 70 ans après sa fondation par le Père Jean Rodhain, le Secours Catholique-Caritas France s’est doté d’orientations stratégiques pour dix ans (2016-2015) afin de participer activement à la transformation de la société : « Ensemble construire un monde juste et fraternel ». C’est pourquoi, dans la veine de la doctrine sociale de l’Eglise,l’association conjugue action de terrain et investissement dans le champ politique, en vue du bien commun. Il y a non seulement à porter cet ADN dans l’Eglise mais aussi à transformer la société pour qu’elle soit le plus fraternelle possible ».

« Passer de ‘faire pour’ à ‘faire avec’, et même ‘à partir d’eux’ : c’est le cœur de la diaconie ».

Comme souvent face à un nouvel horizon, joie et appréhension s’entremêlent. « Ma première « aventure » consistera à mettre mes pas dans ceux de l’équipe actuelle et de l’aumônier actuel. Ecouter, noter, … puis visiter les délégations ». Famille, éducation, développement intégral, accès au travail, migrations, dialogue interreligieux, … Les défis relevés par le Secours Catholique-Caritas France et ses 76 délégations locales sont nombreux.  Et il n’est pas question de « mettre un mouchoir » sur l’identité catholique du mouvement mais de puiser dans ces racines la sève capable d’irriguer les divers chantiers.  Sa mission d’aumônier général sera d’accompagner spirituellement les acteurs « dans la tripe de Jean Rodhain mais surtout en recevant la spiritualité des plus pauvres, de ceux qu’on dits « accueillis » mais qui a un moment donné sont acteurs, prennent leur place au sein du Secours Catholique et de l’Eglise » conclut le Père Hervé Perrot.

 

Pèlerinages et retraites

16 juillet :

Cheminement spirituel de trois jours avec le P. Laurent Begin, prêtre du diocèse de Nancy. “Avec Madeleine Delbrêl au côté de Marie : Chemins de sainteté de gens ordinaires.” RDV à Locmaria de 9 h 30 à 11 h. Causerie, messe du jour à 11 h. À 18 h, temps de relecture et office de vêpres à 19 h. Carnac, centre interpa- roissial de Locmaria. Du 16 au 18 juillet. Contact : 02 97 52 08 08

Retraite pour jeunes femmes.  Maison Notre- Dame-de-Fatima, Bieuzy- Lanvaux. Du 16 au 21 juillet. Contact : cooperatrices. bieuzy@free.fr 

Session « Écouter les récits bibliques avant de les lire ». Retraite en silence. Centre Ti Mamm Doué, Cléguérec. Du 16 au 31 juillet. Contact : 02 97 38 06 84

17 juillet :

Retraite en silence « Croire et être chrétien, c’est quoi au juste ? », sous l’éclairage de la 1e lettre de Saint Jean. Avec le Frère Irénée Rigolot, moine de Timadeuc. Abbaye de Rhuys, du 17 au 24 juillet. Contact : 02 97 45 23 10 abbayederhuys@gmail.com

18 juillet :

Laudes sur la plage de Kéraude, au port d’Orange, suivis de la messe à 9 h à la chapelle de la communauté des sœurs dominicaines à Keruade, Saint-Pierre-Quiberon. Contact : 02 97 30 94 89

« Les Mercredis de Kergonan » (pas d’inscription demandée, se présenter à l’abbaye). Messe chantée en grégorien à 10 h, première causerie : Dom Benoît Wil- helm : L’esprit des derniers temps (I) à 11 h 30, pique- nique sur place à 12 h 30, deuxième causerie : Dom Laurent de Trogoff : Le Na- zaréen, selon Eugenio  Zolli à 15 h, vêpres chantées en grégorien à 18 h. Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel. Contact : 02 97 52 30 75

Lectio Divina chez les sœurs dominicaines. Accueil Saint-Joseph, Saint Pierre-Quiberon,à 20 h 30. Contact : 02 97 30 94 89  contact@accstjoseph.com

22 juillet :

Retraite « Et Dieu se reposa de tout son ou- vrage» (Ex 20,11). Retraite en silence. Animation : Père Philippe Loiseau, bibliste et enseignant à la faculté de théologie d’Angers. Centre Ti Mamm Doué, du 22 au 28 juillet. Contact : 02 97 38 06 84 

25 juillet :

Laudes sur la plage de Kéraude, au port d’Orange, suivis de la messe à 9 h à la chapelle de la communauté des sœurs dominicaines à Keraude, Saint-Pierre-Quiberon. Contact : 02 97 30 94 89

« Les Mercredis de Kergonan » (pas d’inscription, se présenter à l’abbaye). Messe à 10 h, première causerie : Dom Laurent de Trogoff, « Messie chrétien, Messie coranique : de la colère à la destruction(I) » à 11 h 30, pique-nique sur place à 12 h 30. Deuxième causerie : Dom Benoît Wil- hem, « L’esprit des derniers temps (II) » à 15 h, vêpres   à 18 h. Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel. Contact : 02 97 52 30 75

Lectio Divina chez les sœurs dominicaines. Accueil Saint-Joseph, Saint- Pierre-Quiberon, à 20 h 30. Contact : 02 97 30 94 89  contact@accstjoseph.com

26 juillet :

Pèlerinage à pied vers Sainte-Anne-d’Auray, au départ de Carnac, organisée par  L’AFC de la  Baie. Rendez-vous à 6 h du matin à la chapelle de Kergroix,  route d’Auray. S’inscrire au 02 97 52 78 87 ou francois.blondet@orange.fr

27 juillet :

Découvrir la vie monastique pour les jeunes filles et jeunes pros de 17 à 35 ans. Lectio, liturgie, travail, vie fraternelle. Abbaye Saint-Michel-de-Kergonan. Du 27 au 29 juillet. Contact : Soeur Bénédicte 02 97 52 32 14

28 juillet :

Retraite  en  silence  « Devenir  disciple  de  Jésus avec l’Évangile de Jean », avec le père Jean-Marie Gaillot jésuite du diocèse de Rouen. Centre Ti Mamm Doué. Du 28 juillet au 6 août. Contact : 02 97 38 06 84

29 juillet :

Halte spirituelle pour hommes.  Maison Notre- Dame-de-Fatima, Bieuzy- Lanvaux. Contact : cooperatrices.bieuzy@free.fr

30 juillet :

Retraite pour hommes. Maison Notre-Dame-de-Fatima, Bieuzy-Lanvaux. Du 30 juillet au 4 août. Contact : cooperatrices.bieuzy@free.fr

Festival des familles. Sainte Anne d’Auray, du 30 juillet au 4 août. Contact : Verbe de Vie (voir affiche ci-contre)

 

31 juillet :

Balade nocturne au départ du Sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray à 20 h. Réservation à l’office de Tourisme : 02 97 24 34 94

Retraite en silence : « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? ». Avec l’aide des peintres Arcabas et He Qi, prier avec les mots et  les  couleurs  d’espérance de l’évangile. Avec la sœur Ghislaine Côté, soeur du Cénacle à Lyon. Abbaye de Rhuys, du 31 juillet au 7 août. Contact : 02 97 45 23 10 abbayederhuys@gmail.com

1er août :

Laudes sur la plage de Kéraude, au port d’Orange, suivis de la messe à 9 h à la chapelle de la communauté des sœurs dominicaines à Keruade, Saint-Pierre-Qui- beron. Contact : 02 97 30 94 89 

« Les Mercredis de Kergonan » (pas d’inscription, se présenter à l’abbaye). Messe chantée en grégorien à 10h, première causerie : Dom Benoît Wilhem « L’esprit des derniers temps  (III) » à 11 h 30, pique-nique sur place à 12 h 30. Deuxième causerie : Dom Laurent de Trogoff « Messie chrétien, Messie coranique : de la colère à la destruction (II) » à 15 h, vêpres à 18 h. Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel. Contact : 02 97 52 30 75

Lectio Divina chez les sœurs dominicaines. Accueil Saint-Joseph, Saint Pierre-Quiberon à 20 h 30. Contact : 02 97 30 94 89 contact@accstjoseph.com

4 août :

Humanae Vitae à l’abbaye Ste Anne de Kergonan : week-end les 4 et 5 août pour étudiants, couples, prêtres qui marient. Offices, conférences du cardinal Sarah, témoignages de couples. Informations : KergonanHumanaeVitae.fr

5 août :

Douzième Pélé-vélo Cycl’Amen. Pèlerinage Sarzeau-Sainte-Anne-d’Auray. Sous la présidence de Mgr Centène. Départ à 8 h à l’église de Sarzeau, messe à 16 h 30. Retour à Sarzeau à 19 h 30. Presbytère : 02 97 41 81 07

Route Amor Dei. «La vie consacrée est-elle pour toi ?» Cette route s’adresse à des jeunes femmes de 20 à 30 ans désireuses de mieux connaître la vie religieuse. Saint-Pern, du 5 au 10 août. Tarif : 40 €. Contact : latourstpern.jeunes@orange.fr

6 août :

Cheminement spirituel de trois jours avec le Père Hervé Ponsot, dominicain du couvent de Montpellier : « (Re)venir à Dieu ». Com- mentaire des trois thèmes évoqués par la parole de Jésus : “Je suis le chemin, la vérité, la vie” (Jn,14,6). RDV à Locmaria de 9 h 30 à 11 h. Causerie, messe à 11 h. Reprise à 18 h, office de vêpres à 19 h. Carnac, centre inter- paroissial de Locmaria. Du lundi 6 au mercredi 8 août. Contact : 02 97 52 08 08

8 août :

«  Les  Mercredis de Kergonan » (pas d’inscription, se  présenter à l’abbaye). Messe à 10h, première causerie : Dom Laurent de Trogoff « Messie chrétien, Messie coranique :  de  la  colère à la destruction(III) » à 11 h 30, pique-nique sur place à 12 h 30, deuxième cause- rie : Dom Benoît Wilhem, « L’esprit des derniers temps (IV) » à 15 h, vêpres à 18 h. Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel. Contact : 02 97 52 30 75

Retraite en silence « Se laisser interpeller par le Christ » avec accompagnement journalier. Animation : Soeur Marie Claire Berthelin, soeur de la Retraite du diocèse de Nantes. Centre Ti Mamm Doué, Cléguérec. Du 8 au 14 août. Contact : 02 97 38 06 84

9 août :

Retraite en silence « Dieu le Père de Jésus-Christ : dire Dieu aujourd’hui ». Animation : Fr. Bertrand Gandubert dominicain du diocèse de Paris. Centre Ti Mamm Doué, du 9 au 16 août. Contact : 02 97 38 06 84

13 août :

Retraite pour  hommes. Maison Notre-Dame-de-Fatima, Bieuzy-Lanvaux. Du 13 au 18 août. Contact : cooperatrices.bieuzy@free.fr 

Retraite pour  hommes. Maison Notre-Dame-de-Fatima, Bieuzy Lanvaux. Du 13 au 21 août. Contact : cooperatrices.bieuzy@free.fr

14 août :

Retraite en silence « Avancez au large et jetez vos filets ». Avec le Père Claude Flipo, Jésuite de Rouen. Abbaye de Rhuys, du 14 au 21 août. Contact : 02 97 45 23 10 abbayederhuys@gmail.com

15 août :

Laudes sur la plage de Kéraude, au port d’Orange, suivis de la messe à 9 h à la chapelle de la communauté des sœurs dominicaines à Keraude, Saint-Pierre-Quiberon. Contact : 02 97 30 94 89

RETROUVEZ TOUTES LES FETES DE L’ASSOMPTION DANS LA RUBRIQUE « Pardons et Fêtes paroissiales »  ici

Lectio Divina chez les sœurs dominicaines. Accueil Saint-Joseph, Saint Pierre -Quiberon à 20 h 30. Contact : 02 97 30 94 89 contact@accstjoseph.com

16 août :

Temps de prière mariale. Chapelle de Port-Anna, Séné, à 20 h 30. Presbytère de Séné : 02 97 66 90 21

20 août :

SEMAINE D’EVANGELISATION  avec MEMO du 20 au 24 août. Concours de prédication pour les laïcs de 15 h à 18 h au centre interparoissial de Locmaria, Carnac. Contact : 02 97 52 08 08

22 août :

Laudes sur la plage de Kéraude, au port d’Orange, suivis de la messe à 9 h, chapelle de la communauté des sœurs dominicaines, Keraude, Saint-Pierre-Quiberon. Contact : 02 97 30 94 89

« Les Mercredis de Kergonan » (pas d’inscription, se présenter à l’abbaye). Messe à 10h, première causerie : Dom Laurent de Trogoff « Messie chrétien, Messie coranique : de la colère à la destruction(IV) » à 11 h 30, pique-nique sur place à 12 h 30, deuxième causerie : Dom Laurent de Trogoff « Les mesures de Dieu » selon Eugenio Zolli à 15 h, vêpres à 18 h. Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel. Contact : 02 97 52 30 75

Lectio Divina chez les sœurs dominicaines. Accueil Saint-Joseph, Saint Pierre-Quiberon, à 20 h 30. Contact : 02 97 30 94 89 contact@accstjoseph.com

26 août :

La vocation de la femme dans le plan de Dieu. Pour jeunes filles et jeunes pros de 17 à  35 ans. Abbaye Saint-Michel-de-Kergonan. Du 26 au 30 août. Contact : 02 97 52 32 14 ou 07 89 56 75 43

27 août :

Retraite pour hommes. Maison Notre-Dame-de-Fatima, Bieuzy-Lanvaux. Du 27 août au 1er septembre. Contact : cooperatrices.bieuzy@free.fr

1er septembre :

Pèlerinage du doyenné de Muzillac de Kério à Sainte- Anne-d’Auray.  Pèlerinage à pieds (50 km) ouvert à tous. Messe à 11 h à Sainte- Anne le dimanche, suivi d’un repas. Samedi 1er et dimanche 2 septembre. Presbytère de Muzillac : 02 97 41 67 49

3 septembre :

Retraite en silence « Le disciple que Jésus aimait », avec Marie-Hélène Dechalotte bibliste du diocèse de Nantes. Centre Ti Mamm Doué. Du 3 au 8 septembre. Contact : 02 97 38 06 84

8 septembre :

Quand l’enfant se fait attendre. Week-end et pèlerinage pour couples en espérance d’enfant, au sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray, les 8 et 9 septembre. contact@breizhfides56.com 06 76 70 25 08

 

Retour de Notre-Dame du Rosaire et de saint Jean-Baptiste à Tréhorenteuc

L’église Sainte-Onenne, surnommée « l’église du Graal »,  située dans la commune de Tréhorenteuc, vient de récupérer ses deux plus anciennes statues de la Vierge (18ème siècle) et de saint Jean-Baptiste (fin du 15ème siècle), partis à l’atelier Régional de restauration Kergeuhennec.

 

Les plus anciennes statues de l’église du « Graal » sont de retour

par La Porte de Pierre

Après quelques semaines passées entre les mains expertes des restaurateurs de l’Atelier Régional de Restauration situé au château de Kergeuhennec, l’église du « Graal » de Tréhorenteuc vient de récupérer ses deux plus anciennes statues.

Pour la statue de Notre-Dame du rosaire, du 18ème siècle, le travail résidait pour l’essentiel dans un nettoyage et une consolidation de la polychromie actuelle, avec une réintégration des lacunes. Il s’agissait donc d’un travail assez classique avec un traitement en conservation de cet ensemble. La main détachée mais conservée a été refixée, avec retouche pour intégration visuelle.

Pour la statue de Saint Jean-Baptiste qui s’est avérée être de la fin du 15ème siècle, l’intervention consistait en une étude préalable à restauration, afin d’établir la stratigraphie complète de la polychromie et d’en apprécier l’état de conservation aux différentes époques. En fonction de l’état de conservation de ces couches, on pourra dans un deuxième temps envisager de dégager la polychromie retenue. 
Elle n’a donc pas beaucoup changé dans son visuel, si ce n’est un élément essentiel, elle a dès à présent récupéré son index droit qui manquait, redonnant toute sa dimension symbolique à l’œuvre. Saint Jean-Baptiste est en effet celui qui désigne le Christ.

Lire l’article de Pierre Guillot sur l’histoire de la restauration, voir les photos

 


« l’église du Graal »

L’église de Tréhorenteuc est connue pour ses éléments et vitraux mêlant les éléments païens de la légende arthurienne aux éléments chrétiens, commandés par l’abbé Gillard entre 1942 et 1962.

Un peu d’histoire …

Une église aurait existé à Tréhorenteuc dès le VIIème siècle, afin de concurrencer un centre druidique. Elle aurait été tenue par un curé, puis par un ermite venu de Paimpont. La création du prieuré remonte réellement à 1191. Il devient ensuite un centre paroissial.

En 1506, Anne de Bretagne fait don d’une bannière représentant Sainte Onenne. Avec la Révolution française,  un certain nombre de biens appartenant au prieuré de Tréhorenteuc sont confisqués, le presbytère est utilisé comme école. De même, le premier maire élu le 26 décembre 1791 fait abattre le calvaire paroissial et expédier les cloches de l’église à la fonderie pour fabriquer des canons, comme le réclame le gouvernement. En 1809, une loi supprime la tenue du culte à Tréhorenteuc pour le rattacher à Néant-sur-Yvel. Les paroissiens protestent, en raison de l’éloignement et de la difficulté à se rendre à Néant en hiver, sur des chemins de terre.

La paroisse de Tréhorenteuc est rouverte le 26 janvier 1820, mais l’église tombe en ruines, abandonnée depuis plus de 10 ans. L’abbé Brogard la restaure en créant un maître-autel, et fait poser un plancher. L’église récupère aussi des cloches. Mais la commune n’ayant pas les moyens de payer des travaux de restauration, l’état de l’édifice se dégrade. L’abbé Alliot, qui arrive en 1930, témoigne du fait qu’il y « risque sa vie », le pignon menaçant de s’écrouler.

En mars 1942, Henri Gillard est nommé nouveau recteur de la paroisse. Il entreprend de restaurer l’église.

Vitrail et mosaïque du cerf blanc

Le premier vitrail dit « de la Table ronde » a été réalisé et posé en 1943 par le peintre verrier nantais Henri Uzureau. En 1945, l’abbé est aidé par deux prisonniers allemands. L’ébéniste Peter Wissdorf fabrique les bancs et la voûte en coque de bateau. L’artiste peintre Karl Rezabeck réalise quatre tableaux représentant à la fois le monde celte, la légende arthurienne et le christianisme. Dans cette église, les vitraux, les tableaux et la mosaïque du Cerf blanc au collier d’or créée par l’artiste contemporain Jean Delpech, représentent des éléments de ces trois mondes que l’abbé veut en harmonie.

L’Eglise en sortie

Le samedi précédant les ordinations sacerdotales, de jeunes gens ont endossé la tenue de missionnaire pour témoigner, à travers cet évènement diocésain, du don immense de Dieu à son Eglise. Osant la rencontre avec les passants, ils ont partagé à tous la joie du diocèse de Vannes, les invitant à participer et à prier pour les futurs prêtres. 

Samedi matin, jour de marché à Vannes. Accompagnés par les musiciens, Servane, lycéenne bientôt rejointe par les pères Patrice Marivin (Curé de la Cathédrale) et Patrick Monnier (Prêtre des paroisses Notre-Dame de Lourdes et saint Pie X de Vannes) enchaînent les chants de louange et de méditation sur le parvis de la cathédrale saint Pierre. Seul ou en binôme, plusieurs missionnaires abordent les passants, pour annoncer l’évènement des ordinations et plus encore !

 

 

Votre été 2018

Autre accès aux sous-rubriques :

Nuit des Eglises du 30 juin au 7 juillet 2018

Pourquoi  une nuit des églises ?

Les clochers, identité même d’un village ou d’un bourg, sont trop souvent aujourd’hui signes d’églises fermées. Pourtant, ces bâtiments qui appartiennent aux communes pour beaucoup d’entre eux, sont entretenus avec sollicitude par les instances propriétaires. La communauté humaine locale est très attachée à son clocher comme signe identitaire implanté dans son terroir.

Mais les chrétiens qui vivent à l’ombre de ces églises, parfois peu nombreux localement, peuvent-ils se contenter de cette situation ? N’y-a-t-il vraiment rien à faire ? À partir du 30 juin et jusqu’au 7 juillet prochain aura lieu pour la 8ème édition de La Nuit des églises, un évènement proposé par l’Église catholique en France qui d’année en année prend sa place dans le calendrier des activités annuelles. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Une intuition

Les églises ont toujours été des lieux de création artistique : la vision des artistes contemporains sur le monde permet de le réinventer, d’éveiller les sens à la beauté qui nous entoure. Le patrimoine n’est pas seulement conservation de vieilles choses, il est nourriture pour le présent. Les œuvres d’art, même modestes, qu’abritent les églises sont le souvenir des liturgies qu’elles ont servies ou des pratiques de dévotion qu’elles ont accompagnées.

Faire redécouvrir aux visiteurs le pourquoi et le comment de ces ouvrages est impératif aujourd’hui : il s’agit de redonner du sens à ce qui en a perdu. Enfin, une occasion est offerte de nouer des relations qui peuvent se révéler fructueuses avec des artistes mais aussi avec les élus
ou les responsables d’associations culturelles.

Une proposition

Une fois dans l’année, toutes les églises de France sont invitées à ouvrir largement leurs portes le même soir jusqu’à la nuit. Une image forte est ainsi donnée. Le signe de la nuit, la vision d’une église éclairée de l’intérieur, portes grandes ouvertes pour accueillir tous ceux qui souhaitent entrer et qui ne l’osent pas en temps habituel.

Consciente de l’importance de l’expérience sensible pour ses contemporains, l’Église catholique a pris l’initiative de cette Nuit des églises. Leur faire découvrir le sens du lieu – église, le sens de ce que l’on y célèbre, la possibilité de vivre un moment de contemplation grâce à l’art manifesté dans toutes ses dimensions. Des municipalités et des communautés locales participent directement à la réalisation de ce projet.

La Nuit des églises s’adresse aux communautés chrétiennes locales elles-mêmes, pour les aider à se réapproprier leur propre histoire.
Franchir la porte de l’église, c’est accueillir celui qui passe, c’est aller à la rencontre de celui qui entre.

En savoir plus sur le site de la Nuit des Eglises

Dans notre diocèse : voir la carte interactive ci-dessous :