Accueillir l’enseignement sur les fins dernières

En 2008, à l’occasion de sa visite aux États-Unis, le Pape Benoît XVI, s’adressant aux évêques américains, leur disait : « Nous devons  reconnaître avec préoccupation l’éclipse presque totale du sens eschatologique dans beaucoup de nos sociétés de tradition chrétienne ». Et il est vrai que le thème des fins dernières a pratiquement disparu de la prédication. Nos sociétés se sont matérialisées. La recherche du profit est devenue pour beaucoup la seule préoccupation, bien vivre sur cette terre, la seule finalité.

Face à cette situation, beaucoup de chrétiens n’ont pas d’autre ambition que d’organiser ce monde conformément à la justice sociale. Prêcher sur le bonheur du Ciel apparaît à beaucoup comme un risque de démobilisation dans la recherche du bonheur sur terre. Les accusations des philosophies du doute, qui présentaient la religion comme « l’opium du peuple », ont porté leur fruit jusque dans la prédication. Pourtant, saint Paul écrit dans sa première lettre aux Corinthiens : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes (64)». C’est dans cette ligne qu’il nous faut resituer la prédication de saint Vincent Ferrier, que l’on surnomma « L’Ange de l’Apocalypse » et « La Trompette du Jugement Dernier ». Pourquoi annonçait-il les fins dernières ? Pourquoi ce thème est-il toujours d’actualité ?

La première raison est que le Seigneur « nous a fait et nous sommes à lui, nous son peuple, son troupeau (65) ». Saint Augustin écrit au premier chapitre de ses Confessions : « Tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi (66)». Sur le plan anthropologique, l’aspiration à l’infini qui habite l’homme, dans sa nature finie et contingente, donne sens à son existence et est un puissant moteur d’humanisation dans le dépassement de soi.

Par ailleurs, l’annonce des fins dernières – le Jugement, le Ciel, l’enfer – est toujours présente dans les paraboles du Christ, dans son Évangile. Toutes les réalités de la vie humaine et du cours de la nature permettent au Christ de parler du Royaume à venir, de la mission, de la vie éternelle. C’est l’an- nonce du Royaume qui permet à l’homme de se déterminer pour ou contre la vie éternelle. C’est la dramatique possibilité de se déterminer pour l’acceptation ou le rejet de cette vie qui fonde sa liberté.

L’annonce des fins dernières permet de jeter un rayon de lumière sur le  mystère de la coexistence du bien et du mal dans le monde et dans  nos vies. Non seulement ils  coexistent mais ils grandissent ensemble, comme nous le montre la parabole du « bon grain et de l’ivraie » (67) ». Dans le monde, l’œuvre du mauvais s’oppose à la venue du Royaume et se mêle à la Parole pour en brouiller la compréhension : « Le champ, c’est le monde (68) ». 
Les racines du bien et du mal s’entremêlent au point qu’en croyant arracher l’ivraie, on risque d’arracher aussi le bon grain. En interdisant aux serviteurs d’arracher l’ivraie, le maître du champ met l’accent sur le fait que le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes, que la patience de Dieu est le meilleur allié de sa miséricorde et de sa justice. Mais le temps de Dieu viendra et si Jésus évoque la fournaise, «les pleurs et les grincements de dents (69)», ce n’est pas pour nous accabler de crainte, c’est au contraire pour nous soutenir et nous encourager. L’épanouissement de l’ivraie au milieu du bon grain pourrait être une cause de scandale ; la révélation de la différence entre le sort final de l’un et l’autre doit nous pousser à préserver la grâce reçue au jour du baptême.

Le bien et le mal, et c’est un mystère plus grand encore, coexistent même au sein de l’Église visible. « Le Royaume de Dieu est encore comparable à un filet que l’on jette à la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.(70) » Quand les médias font leurs gros titres sur « ce qui ne vaut rien », nous risquons de perdre de vue les paniers dans lesquels « on ramasse ce qui est bon » et d’être ébranlés dans notre foi. Les contemporains de saint Vincent Ferrier qui avaient sous les yeux les fresques de Kernascléden, ou d’autres qui ont disparu, ne s’étonnaient pas de voir des têtes tonsurées dans les marmites infernales ou des cardinaux entraînés dans des danses macabres. La prédication sur les fins dernières prémunit la foi d’un idéalisme trompeur et décevant qui risque parfois de la faire sombrer. Quand nous constatons la réalité de la coexistence du mal et du bien dans l’Église elle-même, demandons au Seigneur la grâce de ne pas nous focaliser sur ce qui est cause de scandale, mais sur ce que nous pouvons faire nous- mêmes pour construire l’Église et devenir ainsi membres du Royaume.

Face au scandale du mal, aujourd’hui comme dans le siècle très troublé de saint Vincent Ferrier, la prédication des fins dernières a pour but principal de nous faire contempler et désirer le sort final des justes et de nous éviter de sombrer dans un désespoir mortifère : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende (71) ».

Enfin, la prédication des fins dernières permet de relativiser les choses présentes tout en leur donnant corps. Dieu ne dit pas son dernier mot par nos actes. De la création au Royaume, il n’y a pas une croissance linéaire. Nos actes peuvent nous préparer à accueillir le Royaume, ils n’en conditionnent pas la venue. Nous ne construisons pas le Royaume à la force du poignet, c’est le Royaume qui vient à nous. Entre la création et le Royaume, il n’y a pas une différence de degré mais une différence de nature. Tous les efforts humains, pour grands et méritoires qu’ils soient, ne peuvent suffire à construire le Royaume : « Sur le silex, le mineur a porté la main, il a bouleversé les montagnes par la racine. Dans les rochers il a percé des galeries, et tout ce qui est précieux son œil l’a vu. Il a colmaté les suintements des fleuves et amené au jour ce qui était caché. Mais la Sagesse où la trouver ? L’intelligence où est son lieu ? L’homme n’en connaît pas la valeur. Elle ne se trouve pas sur la terre des vivants (72) ». Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens nous rappelle que « la figure de ce monde passe (73) ». Dans son Exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, le Pape François renvoie dos à dos « deux ennemis subtils de la sainteté », le gnosticisme et le pélagianisme (74). Pas plus que la sainteté, le Royaume n’est produit par la connaissance ni par la volonté. Il nous est donné et cela évite que ne pèse sur nous une responsabilité écrasante.

Par ailleurs, aucune construction humaine ne peut prétendre être le Royaume ni en revendiquer les prérogatives.

Dans le même temps, et par une sorte de contraste, la prédication des fins dernières donne corps aux choses présentes. Elle donne tout son poids au temps qui passe. Nous ne croyons pas à la réincarnation et le temps qui nous est donné est compté. C’est en ce monde qu’il faut nous préparer à accueillir le Royaume qui vient. C’est dans la nuit de ce monde qu’il nous faut garder nos lampes allumées (75).

La contemplation des fins dernières nous pousse à travailler, à rendre saintes les choses présentes, non seulement dans notre propre vie mais aussi dans le monde qui nous entoure ; et de cette dernière considération naît l’engagement social de l’Église. « Dans le Christianisme, il ne peut y avoir aucune place pour la religion purement privée : le Christ est le sauveur du monde et nous ne pouvons séparer notre amour pour lui de notre engagement à édifier l’Église et à étendre son Royaume. Dans la mesure où la religion devient une affaire purement privée, elle perd son âme même. (76)»

(64) 1 Co 15, 19.
(65) Ps 99, 3b.
(66) Saint Augustin, Les Confessions, Livre I chapitre 1.
(67) Mt 13, 24-30.
(68) Mt 13, 38.
(69) Lc 13, 28 ; Mt 13, 40.42.
(70) Mt 13, 47-50.
(71) Mt 13, 43.
(72) Job 28.
(73) 1 Co 7, 31.
(74) Gaudete et exultate chapitre II.
(75) Cf Mt 25, 1 – 13.
(76) Benoît XVI discours du 16 avril 2008.

 

Redécouvrir le sens de la transcendance

L’iconographie représente souvent saint Vincent Ferrier surmonté d’une auréole sur laquelle nous pouvons lire : « Craignez Dieu et rendez-lui honneur ». Saint Jean écrit dans sa première lettre : « Il n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait bannit la crainte (56) ». Dans le sens le plus courant, « craindre » signifie « redouter ». À l’époque de saint Vincent Ferrier, la peur est un sentiment omniprésent car l’insécurité est totale, la guerre et la peste rendent les forces hostiles toujours présentes à l’homme. Les danses macabres sur les fresques de certaines églises donnent une belle illustration des préoccupations des hommes de ce temps-là. Beaucoup plus que nous, l’homme du Moyen-Âge est proche de l’homme de la Bible. Comme lui, il vit dans un univers qu’il maîtrise mal, dont il ne connaît pas les rouages et qui, très vite, peut s’avérer hostile.

Pétri de culture biblique, saint Vincent Ferrier sait que face à tous ces dangers, la voix du Seigneur rassure : « Ne crains pas, c’est moi ton bouclier (57) », dit Dieu à Abraham, qui va livrer bataille pour libérer Loth, son neveu. Isaac est rassuré de la même manière dans le conflit qui l’oppose aux Philistins :

« Je suis le Dieu d’Abraham ton père, ne crains pas car je suis avec toi (58) ». Il sait que, « qui s’appuie sur le Seigneur ressemble au Mont Sion : il est inébranlable, il demeure à jamais (59)». La crainte du Seigneur a donc pour premier effet de relativiser la crainte que peuvent inspirer les hommes ou les éléments naturels, tout comme les trois premiers commandements placés en tête du décalogue libèrent l’homme de toute domination que l’on prétendrait lui imposer.

« Craignez Dieu et rendez-lui honneur. » Ce que saint Vincent Ferrier recommande, c’est la vertu de religion qui associe de façon caractéristique le sens de la transcendance au service et à l’amour de Dieu et du prochain. Tout en mesurant la distance infinie qui le sépare de Dieu, l’homme sait que

Dieu l’a choisi, qu’il a fait alliance avec lui et qu’il l’aime. La crainte, comprise en ce sens, est associée à la connaissance de Dieu : « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur (60)». Dans l’évangile de saint Luc, Jésus associe le fait de ne pas craindre Dieu à celui de ne pas respecter les autres : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes (61) ».

Une des caractéristiques de notre société est la perte du sens de la transcendance. Notre époque, sécularisée et relativiste, semble enfermée dans ses propres limites, livrée à sa seule immanence, dans le refus de toute verticalité. Une adjointe en Pastorale Scolaire demandait un jour à ses élèves :

« Parmi les commandements de Dieu, quels sont ceux qui vous semblent aujourd’hui inutiles ? » Ils répondirent unanimement : « Les trois premiers ! ». Cette réponse est caractéristique d’une mentalité qui, dans la pratique, se passe de Dieu et ne reconnait au fait religieux que le vague mérite d’une possibilité d’organisation sociale. Mais cette organisation sociale n’a plus de fondements, plus de régulateur, plus de garant.

Dans un monde sans transcendance, où le « comment » du fonctionnement des choses prend le pas sur le « pourquoi » métaphysique, seule la réussite du plus fort finit par s’imposer. L’immanentisme de notre modernité tar- dive, qui se présente comme l’aboutissement de nos aspirations à la liberté, aboutit en fin de compte à l’asservissement à la force. Tant pis pour les faibles, les inadaptés au monde tel qu’il va. Pascal pourrait écrire quelques pensées supplémentaires dans ses Considérations sur la misère de l’homme sans Dieu pour lutter contre « la culture du déchet » que le Pape François dénonce avec tant de force, quand il évoque les structures économiques de notre époque.

Au-delà de ses conséquences sociales, le refus de la transcendance n’est pas sans effets sur l’humanité elle-même et sur son évolution. Le fait de priver l’homme de tout appel à un ailleurs, capable de transcender sa nature contingente et sa finitude, ne l’empêche pas d’être habité par un désir infini et d’aspirer à l’infini. La seule porte qui lui sera ouverte sera, dès lors, la tentation du transhumanisme qui consiste à utiliser toutes les ressources de l’intelligence artificielle, de la robotique et des nanotechnologies dans le but prométhéen de faire un surhomme, rêve d’apprenti-sorcier qui cherchera à remplacer l’humanité par une espèce plus adéquate. Après la mort de Dieu la mort de l’homme ?

Nous n’avions sans doute jamais été aussi près de la question que pose le Père Henri de Lubac dans Le drame de l’humanisme athée : « Retournerons-nous à la barbarie, à une barbarie sans doute très différente de l’ancienne, mais sans doute aussi beaucoup plus atroce, barbarie technique et centralisée, barbarie réflexivement inhumaine ? Ou saurons-nous retrouver, dans des conditions différentes, avec une conscience approfondie et pour un plus libre et plus magnifique essor, le Dieu que l’Église nous propose toujours, le Dieu vivant qui a fait l’homme à son image ? Telle est, par-delà tous les problèmes qui nous sollicitent, la grande question qui se pose aujourd’hui (62) ».

Le « Craignez Dieu et rendez-lui honneur « de saint Vincent Ferrier nous rappelle la nécessité de redécouvrir la transcendance de Dieu pour sauver la place de l’humanité. Affirmer que l’homme est sacré n’a de sens que s’il existe une référence à un « sacré » transcendant. Saint Irénée l’assurait déjà au IIe siècle : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; la vie de l’homme c’est de contempler Dieu (63)».

L’évangélisation va de pair avec la redécouverte du sens du sacré qui, en disant ce qu’est Dieu, nous dit aussi ce qu’est l’homme : image de Dieu et capable de Dieu. Cette redécouverte, plus que par des mots, peut se faire par la liturgie dans laquelle Dieu lui-même agit en faveur de l’homme pour le sauver. Le soin que saint Vincent Ferrier apportait aux célébrations liturgiques peut être pour nous source d’inspiration aujourd’hui.

(56) 1 Jn 4, 18.
(57) Gn 15, 1.
(58) Gn 26, 24.
(59) Ps 124, 1.
(60) Is 11, 2.
(61) Lc 18, 2.
(62) Henri de Lubac, Le drame de l’humanisme athée, Editions du Cerf 1999, pages 69-70.
(63) Saint Irénée, Adversus hereses, livre IV, 20, 7. 6

Soyez saints !


« La sainteté est le visage le plus beau de l’Eglise », rappelle le Pape François dans son exhortation apostolique « Gaudete et exsultate » (n°9) sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. A l’approche de la Toussaint, où l’Église célèbre dans une même fête la sainteté d’une multitude, et en cette année jubilaire, où l’exemple de saint Vincent Ferrier stimule le diocèse de Vannes, quelles pistes pour se préparer à fêter les saints ? 

« Nous fêtons aujourd’hui la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut ; c’est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange. Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Église que tu nous donnes en exemple ». Préface de la messe de tous les saints

Comme la préface de la solennité de tous les saints nous y invite, regardons l’Église « d’en haut », dans sa beauté d’épouse du Christ, pour goûter, dans la communion des saints, à une joie profonde.

TOUSSAINT : se préparer à fêter la Toussaint, trouver une messe, autres initiatives, …

« Hâter le pas » derrière saint Vincent 

Dans sa lettre pastorale du 29 septembre, Monseigneur Centène insiste sur l’actualité des saints. « On les croit loin derrière nous alors qu’ils nous tracent le chemin, nous attendent au carrefour suivant et nous précèdent dans le Royaume ». Dans cette marche, les saints et saint Vincent Ferrier en particulier, montrent le chemin de l’union au Christ. Décortiquant la trajectoire spirituelle de saint Vincent, en particulier sa conversion, et son engagement sans faille au service de la mission, Monseigneur Centène pose des balises pour vivre ce don de la sainteté, reçu au baptême. Le chrétien est d’abord celui qui suit le Christ : un disciple-missionnaire tendu vers le Christ.

« Au fond, la sainteté, c’est vivre les mystères de sa vie, en union avec lui ». Gaudete et exsultate, n°20

A partir du Christ et à travers la figure de saint Vincent, l’Évêque développe le lien intime entre sainteté et mission, entre conversion et évangélisation.

Sainteté, conversion et mission

Saint Vincent Ferrier incarne ce triptyque au coeur de la vie chrétienne : conversion, mission et sainteté. Le Christ Lui-même l’envoie « prêcher à la manière des apôtres ».« Saint Vincent Ferrier a fait cette rencontre (avec le Christ Ressuscité), le 3 octobre 1398 en Avignon. C’est cette rencontre qui a donné une nouvelle impulsion à sa vie ».  De la rencontre avec le Christ, jaillit la dynamique de « sortie », à Sa suite et en union à Lui.  « Si nous sommes chrétiens, ce n’est pas seulement parce que nos parents nous ont fait baptiser mais parce que nous avons le désir de suivre le Christ. » Quant aux moyens de la mission, la vie du saint trace des pistes pour aujourd’hui  : l’enracinement dans l’Église, fondée par Jésus pour évangéliser ; le dépouillement et la pauvreté des moyens ; le témoignage à plusieurs, en Église. (Lire ici)

Les béatitudes, carte d’identité du chrétien

L’Évangile des béatitudes, lu à la messe de la Toussaint, vient éclairer le sens de la sainteté.  » Si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, “comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?”, la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes [66]. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies ». (Gaudete et exsultate, troisième chapitre « À la lumière du Maître »).

À la lumière des béatitudes, le service diocésain de catéchèse propose aux parents, grands-parents et catéchistes de partir de la vie de saint Vincent Ferrier (voir ci-dessous) pour faire découvrir aux enfants le sens de la Toussaint.

Les fins dernières

A l’approche de la Toussaint, et « alors que nous constatons la réalité de la coexistence du mal et du bien », et ce, dans l’Église elle-même, la prédication de saint Vincent Ferrier sur les fins dernières est d’une actualité lumineuse, lui que l’on surnommait « L’ Ange de l’Apocalypse » et « La Trompette du Jugement Dernier ».  En effet, « face au scandale du mal, aujourd’hui comme dans le siècle troublé de saint Vincent Ferrier, la prédication des fins dernières a pour but principal de nous faire contempler et désirer le sort final des justes et de nous éviter de sombrer dans un désespoir mortifère : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père » (Mt 13, 43). Lire le chapitre de la Lettre pastorale

Le Royaume vient : il faut l’annoncer et se préparer à l’accueillir.  Comment ? Dans son exhortation Gaudete et Exsultate, le saint Père identifie un « critère » décisif : les œuvres de miséricorde envers le prochain, comme étant « les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu ». C’est dans le don de soi que se trouve le vrai bonheur, comme en témoigne, là encore, la vie de saint Vincent Ferrier. Monseigneur Centène le développe dans la dernière partie de sa lettre pastorale, intitulée « Des fins dernières au service du prochain ». Lire ici

« Fêtons la Toussaint »

Que fête-t-on à la Toussaint ? Qui sont les saints ? Que signifie être saint ? En quoi cela nous concerne ? Hommes, femmes, enfants et adultes, catéchistes, moine, … Ils témoignent du sens qu’ils donnent à cette fête et de l’appel à la sainteté. Joyeuse Toussaint !

Des suggestions de chants pour la messe : « Aujourd’hui, c’est jour de fête »(couplets adaptés à la Toussaint) ou encore « Peuple de Dieu, cité de l’Emmanuel » Voir les paroles des chants

Du 2 au 4 novembre : Week-end « La sainteté, mission impossible ? » organisé par Beizh Fides 56
De Sainte-Anne, à Saint Jean-Paul II, en passant Saint Vincent Ferrier, les grands saints qui ont marqué l’histoire de la Bretagne, et de Sainte -Anne d’Auray… Conférences, visites…. profitez de ce week-end pour découvrir la grandeur des saints… Voir le site de l’association Breizh Fides

(Fondée en janvier 2018, Breizh Fides 56 a pour objectif de développer en Bretagne, le tourisme religieux et culturel afin de valoriser le patrimoine historique, culturel, architectural, ainsi que l’art sacré.)

Avec les enfants

  • Livret d’activités proposé par le service diocésain de catéchèse : « Tous vers la sainteté : les béatitudes avec saint Vincent Ferrier »
    Obtenir le Livret auprès du service diocésain de catéchèse
  • La randonnée des Béatitudes (Revue Oasis du SNCC n°9) : un outil du service national de la catéchèse et du catéchuménat pour découvrir les béatitudes, chemin de sainteté qui nous configure au Christ Voir le jeu
  • Confectionner une icône de son saint patron dans le magazine Filotéo n°253
  • Fabriquer un vitrail pour la Toussaint : télécharger la fiche ici
  • Mots-croisés de la Toussaint (Source : Idées-caté) A retrouver dans le livret de la catéchèse


Archives CeM 2018

Revue n°1484, 18 décembre 2018

Officiel : Nominations – Conseil presbytéral, élections – Mérite diocésain Lire
Actualité : Visite pastorale au pays du Faouët – Le petit Chrétien en Morbihan Lire
Rendez-vous : Assises pastorales de la santé
Diaconie : Marc Jouan, nouveau responsable Lire
Diocèse en mouvement : Une expérience d’accueil paroissial – merci Marie !
Culture : Des livres à découvrir – Pierre-Yves Le Priol : la foi de nos pères Lire 

.

Revue n°1483, 20 novembre 2018

Actualité : Bienheureux Alain Dieulangard  Lire – Une Église vocationnelle et missionnaire
Dossier : Journée mondiale des pauvres
Diocèse en mouvement : La Maison Saint-Joachim – Adoration perpétuelle : dix ans déjà !
Rencontre : Le parchemin du Pays d’Auray

.

Revue n°1482, 27 octobre 2018

Officiel : Veillées pour la vie
Église dans le monde : Révisions des lois bioéthiques
Actualité : Le Petit Chrétien en Morbihan
Dossier : La sexualité a un sens Lire – Méthodes naturelles, un bienfait pour le couple
Diocèse en mouvement : La rentrée du catéchuménat – La Garde d’honneur
Culture : En direct du front, lettres de la Grande Guerre Lire
Rencontre : La vie à bras le corps

.

Revue n°1481, 9 octobre 2018

Officiel : Ordonnance créant le nouveau doyenné de Ploërmel Lire –  Rentrée pastorale
Actualité : Canonisation de Paul VI – Pardon des agriculteurs – Pèlerinage au Bénin – Père Gabriel de Lépinau : Madagascar ad vitam – Ordination de deux diacres permanents
Diaconie :  Association Stéphane Bouillon
Diocèse en mouvement : Les soeurs CPCR fête leur 75 ans Lire
Culture : La bibliothèque diocésaine
Rencontre : Mémorial Production

.

Revue n°1480, 22 septembre 2018

Officiel : Nominations – Message des évêques – Invitation à la rentrée diocésaine
Actualité : Configuré au Christ serviteur – Rencontre mondiale des familles, Dublin –  Journée paysanne Lire
Dossier : La pédagogie Montessori
Culture : Deux expositions à ne pas manquer
Rencontre : AFC : la famille avant tout ! Lire

.

Revue n°1479, 12 juillet 2018

Officiel : Bientôt diacre en vue du sacerdoce Lire
Actualité : Joël Bernard, missionnaire et futur prêtre Lire  – Les jeunes du diocèse en vacances –  Association Gabriel Deshayes : fidèle
aux origines, tournée vers l’avenir
Diaconie : Une année avec la diaconie 56
Diocèse en mouvement : Journée patrimoine pour les élèves de Sarzeau –  Après les cyclones en Guadeloupe – Groupe de parole « Agriculteurs en difficulté » : test réussi !
Congrégations : Les spiritains à Langonnet depuis 160 ans Lire

.

Revue n°1478, 26 juin 2018

Officiel : Nominations
Actualités : Ordinations – Mgr Centène : 25 ans de sacerdoce – Bénédiction de la statue de Jean-Paul II
Diocèse en mouvement : Catéchèse, bilan et projets
Prière : Prêtres à jamais

.

.

Revue n°1477, 4 juin 2018

Officiel : Déplacement de la statue de Jean-Paul II
Actualités : Devenir Prêtre… une joie !
Eglise en mouvement : Les gendarmes à Lourdes
Dossier : La théologie à la portée de tous
Culture : Un arbre de Jessé baptismal
Initiative : SOS Homélie

.

.

Revue n° 1476, 22 mai 2018

Officiel : Ordinations
Actualités : Grand Pardon de St V. Ferrier  Lire – Après les Etats généraux de la bioéthique  Lire
Eglise en mouvement : Pèlerinage jeunes à Lourdes – Une page se tourne pour les religieuses en profession de santé
Culture : des livres pour tous
Rencontre : Premier album pour Claire et Luke Winton  Lire

.

Revue n°1475, 2 mai 2018

Actualité : Fin de vie : euthanasie ou soins palliatifs ? Lire
Dossier : 4 jours pour vivre ensemble Lire
Eglise en mouvement : À propos de deux communiqués du MRJC lors de son conseil national – La fidélité après la séparation
Culture : Osez partir en pèlerinage
Rencontre : Sœur Catherine et Sœur Jeanne-Aimée, Augustines à Malestroit

.

Revue n° 1474, 9 avril 2018

Officiel : Nominations ; Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité
Actualité : Arnaud Beltrame : témoignage du père Jean-Baptiste ; Quels prêtres pour demain ? ; Séminaristes en formation
Dossier : lancement de l’année jubilaire
Eglise en mouvement  : Accueillir un enfant en vacances ; Le pèlerinage montfortain
Rencontre : la Belle Porte

.

Revue n°1473, 20 mars 2018

Officiel : Sauvons la statue de Jean-Paul II ; Visite pastorale
Actualités : profanation de tabernacles, une question aussi liturgique
Diaconie : place et paroles des pauvres
Eglise en mouvement : chrétiens d’Orient
Culture : une grotte St Vincent Ferrier

.

.

Revue n°1472, 26 février 2018

Actualités : Prions pour les chrétiens de la RDC
Eglise en mouvement Alex Deschêne : la théologie du corps pour tous
Officiel : Message de Mgr Centène pour le jubilé Saint Vincent Ferrier
Diaconie : Journées « Vivre ensemble », le programme

.

.

.

Revue n°1471, 5 février 2018

Actualités : Visite pastorale dans le Pays de Ploërmel ; Les catholiques ont leur place dans le débat bioéthique
Dossier : Lourdes Cancer Espérance ; Relais Lumière Espérance
Diocèse en mouvement : En route vers le baptême
Initiative : Réviser chez les Augustines

.

.

Revue n°1470, 19 janvier 2018

Actualités : Voeux du diocèse ; En toute pour le jubilé Saint Vincent-Ferrier
Diaconie : N’ayons pas peur d’accueillir l’étranger
Dossier : Egypte, Terre d’espérance

Archives CeM 2017

 

Revue n°1469, 18 décembre 2017

Actualité : Véra Baboun : Ne nous oubliez pas ! ; Mission de Ploërmel ; Des pistes pour avancer

Dossier : Consécration du diocèse au Coeur Immaculé de Marie

Patrimoine : Nouvelle chapelle à Lorient

 

 

Revue n°1468, 1er décembre 2017

Officiel : Mgr Centène, une juste laïcité ; Retour sur l’assemblée plénière

Dossier : Bon anniversaire St Guen

Diaconie : Première université de la solidarité

Initiatives : Les chapelles chantantes

 

 

Revue n°1467, 13 novembre 2017

Officiel : Assemblée plénière des évêques ; Veillées pour la vie ; Croix de Ploërmel

Actualité :  Accompagner les couples vers le mariage

Dossier :  Secours catholique

Patrimoine :  Mémoires de la guerre de 14

 

Revue n° 1466, 23 octobre 2017

Actualité : L’oecuménisme est incontournable ; Dans le vent de l’Esprit ; Fête au pays de Vilaine

Dossier : Ils osent la mission !

Initiative : Vivre la Toussaint avec les enfants

 

 

Revue n°1465, 2 octobre 2017

Actualité : PMA : ce que propose l’Eglise

Dossier : En chemin vers le baptême

Diaconie : Osons les tables ouvertes

Culture : La bibliothèque diocésaine

Initiative : Enseignement catholique FRAT 56

 

 Le  Chrétiens en Morbihan nouvelle mouture !!!

Revue n°1464, 18 septembre 2017


Revue n°1463, 13 juillet 2017

 

 

Cliquez pour découvrir le sommaire

Revue n° 1462, 23 juin 2017

 

« FORTUNA » : entretien avec le réalisateur du film, Germinal Roaux

Germinal Roaux,  poète de cinéma, a imposé, avec ses trois premiers films, un nouveau regard sur la réalité contemporaine et une écriture immédiatement personnelle, fixée dans le noir et blanc.(voir bibliographie au bas de l’article)

Textes et photographies de NOUR FILMS
91 avenue de la République
75011 Paris
01 47 00 96 62
contact@nourfilms.com

Quelle a été la genèse de Fortuna ?

Mes projets de cinéma démarrent toujours avec une rencontre dans la vraie vie. Pour Left Foot Right Foot, c’était la découverte de ces jeunes filles qui se prostituent occasionnellement pour s’acheter des fringues de luxe. Cela m’a questionné sur notre société et le monde du paraître. Pour Fortuna, ça a commencé avec ma compagne comédienne, Claudia Gallo, qui a été engagée à Lausanne par le CREAL (Centre de ressources pour élèves allophones) afin d’encadrer des enfants roms qui traînent dans la rue.

De fil en aiguille, on lui a demandé de s’occuper de mineurs non accompagnés, que j’ai rencontrés à mon tour et dont les histoires m’ont bouleversé, notamment le récit d’une jeune adolescente tombée enceinte pendant son exil, qui préfigure celui de Fortuna. La situation de ces jeunes exilés était si déchirante, leurs récits si forts et courageux qu’il me fallait parler d’eux, faire quelque chose. Nous sommes tous désarmés devant ce qui se passe en Europe, en Méditerranée avec les traversées cauchemardesques auxquelles on assiste sur nos écrans et par nos radios, sans pouvoir aider. C’est terrible de se sentir impuissant  devant tant de souffrance.

Toutes ces réflexions nées de mes rencontres avec ces jeunes m’ont appelé à écrire l’histoire de Fortuna. Durant les premiers mois d’écriture, j’ai fait des recherches sur l’accueil des réfugiés en Suisse et c’est là que j’ai découvert que, pour pallier le manque de place dans les centres de requérants, des frères du monastère d’Einsiedeln en avaient accueilli chez eux. Du coup, cela a résonné en moi et m’a donné envie de situer le film à l’hospice du Simplon, j’aimais ce lieu que je connaissais pour y avoir déjà fait des photos. Ma rencontre avec les chanoines du Simplon a été déterminante dans l’écriture du projet Fortuna.

Mois après mois mes carnets de notes se sont remplis comme un herbier, une collection d’idées et de mise en relation qui ont fini par aboutir à un projet de long métrage.

Comment êtes-vous passé de celui-ci à la réalisation ?

J’avais commencé à écrire un traitement d’une trentaine de pages, puis je suis allé voir la productrice Ruth Waldburger. Elle a tout de suite été intéressée et m’a dit : on y va. Et quand Ruth dit qu’on y va, on y va vite. J’avais un délai de trois mois pour déposer un dossier à Berne, afin d’obtenir les fonds d’aide à l’écriture.
Ainsi me suis-je attelé au scénario, que j’ai élaboré en collaboration avec ma compagne dont la connaissance du sujet sur le terrain a été
une aide précieuse tout comme le soutien de mon ami Claude Mure. Ensuite tout est allé très vite…

Comment s’est passé le casting ?

Le casting a été un long travail, d’abord en Suisse. J’avais au départ assez envie d’impliquer des mineurs non accompagnés dans ce projet, avant de rapidement me rendre compte que ce serait impossible pour des raisons émotionnelles évidentes. Le premier casting helvétique ne m’a pas révélé LA perle. Je voulais en effet une jeune fille qui venait juste d’arriver en Europe, encore marquée dans sa voix et dans son corps par ses origines africaines.

Les jeunes filles que l’on rencontrait ici s’étaient rapidement adaptées à notre mode de vie occidental et avaient souvent perdu tout de leurs racines. Par la suite, avec l’aide d’une directrice de casting nous avons fait des recherches à Paris, puis en Afrique de l’Ouest, également restées vaines. Sur les recommandations de Ama Ampadu, une amie productrice, j’ai proposé à Ruth Waldburger d’aller faire le casting à Addis-Abeba où, durant une dizaine de jours, nous avons testé une centaine de garçons et de filles devant la caméra, et c’est là que je suis tombé sur Kidist, LA Fortuna que je cherchais, une orpheline qui parlait un peu d’anglais et avait tenu un petit rôle dans le film éthiopien Lamb de Yared Zeleke, primé à Cannes en 2015.

Kidist Siyum Beza m’a tout de suite impressionné par sa présence, et la force qui émanait de sa fragilité tenant notamment à sa foi profonde. Elle rayonne : on la sent du côté de la vie malgré sa tristesse. Quant au garçon, Assefa Zerihun Gudeta, qui n’était pas prévu au casting, je l’ai rencontré parmi les nombreux curieux qui nous tournaient autour. Il avait fait un peu de théâtre, et sa présence incroyable m’a tout de suite saisi.

Et comment Bruno Ganz est-il entré dans le projet ?

J’ai pensé à lui déjà en cours d’écriture, car il me fallait un acteur de sa stature pour porter le rôle du chanoine « supérieur ». Or, depuis Les ailes du désir de Wim Wenders, qui m’a donné envie de faire du cinéma, j’admirais Bruno Ganz (photo ci-contre) pour son mélange de solidité et de douceur. J’en ai donc parlé à Ruth Waldburger, nous lui avons envoyé le scénario, qui l’a beaucoup intéressé, et notre première rencontre a été marquée par une belle discussion. Il posait beaucoup de questions, sensibilisé aussi par le fait qu’Angela Merkel venait d’accueillir environ un million de réfugiés.

Or, travailler avec lui m’impressionnait beaucoup, et je ne savais pas trop comment allait se faire la greffe entre cet immense comédien et une débutante. Avec la jeune Kidist, je ne voulais surtout pas risquer d’abîmer ce qu’elle pouvait amener d’elle-même à son personnage de Fortuna et pour cette raison j’ai décidé de ne jamais lui donner le scénario. Nous avons travaillé en partie sur l’improvisation ou plus exactement sur l’adaptation du dialogue au langage propre des deux acteurs éthiopiens, avec l’aide précieuse d’une interprète amharique. De son côté, Bruno Ganz exigeait la stricte interprétation d’un texte dont il garantissait de ne pas toucher une virgule. Deux façons bien différentes d’appréhender le travail et de construire les personnages du film.

Comment le tournage s’est-il passé avec les requérants figurants ?

Le tournage, qui a duré 37 jours, entre avril et mai 2016, a été une expérience unique, qui a culminé au cours d’un souper commun, le soir du tournage de la descente de police à l’hospice du Simplon, réunissant les acteurs et les figurants amateurs d’origines variées – requérants venus de divers centres d’accueils ou familles de roms –, l’équipe technique et les chanoines, plus tous ceux qui nous ont aidés d’une façon ou de l’autre, soit 80 personnes environ qui ont beaucoup parlé entre elles, ce soir-là, de religion ou de questions liées à l’asile. Dans l’ensemble, le tournage du film, qui aurait pu tourner à la catastrophe du fait de la rigueur des conditions, coincés que nous étions à plus de 2000 m d’altitude et par un froid glacial, a vraiment été une réussite et une aventure collective marquante pour tous.

Comment cela s’est-il passé avec les « vrais » chanoines ?

Tout au début, je les ai sentis un peu réticents à accueillir une équipe de tournage, en tout cas pour certains d’entre eux, puis ils ont
lu le scénario, en ont beaucoup parlé entre eux et ensuite nous ont hébergés et aidés avec beaucoup de bonne volonté et de chaleur.

Qu’en est-il pour vous de la question spirituelle, très importante dans le film ?

J’ai voulu rendre, surtout, un climat. Le contexte y portait évidemment. Pour la scène centrale, que j’ai beaucoup réécrite, s’agissant d’un débat contradictoire entre cinq chanoines parlant de l’accueil en invoquant à la fois leur vocation et leurs réserves par rapport à la société et ses lois, j’ai eu plusieurs entretiens avec des religieux pour essayer de mieux les comprendre et de m’identifier à eux. À cet égard, alors même qu’il montrait une certaine appréhension à endosser ce rôle, Bruno Ganz, extraordinaire de vérité dans le film, a véritablement porté le personnage du moine convaincu du rôle évangélique fondamental de l’accueil, en contraste avec ses frères plus empêtrés dans leurs histoires d’église. Il est d’ailleurs plus question d’une quête d’humanité que de religion…

Tout ça en noir et blanc. C’était obligé ? Ruth Waldburger n’a pas froncé les sourcils ?

Du point de vue artistique, Ruth Waldburger m’a laissé une très grande liberté. Quant au noir et blanc, c’est ma langue, et ça l’est
de plus en plus. Cela me semble le médium idéal pour raconter les histoires telles que je les conçois. On pourrait en parler longuement, même du point de vue philosophique, avec le jeu de l’ombre et de la lumière, et je crois que le spectateur est engagé de façon très différente devant un film en noir et blanc. Le cinéma peut nous ramener à une expérience du temps présent et c’est cela que je recherche.

Mon souci est de rendre le spectateur actif, de lui donner un rôle, de l’inviter à réfléchir sur des questions essentielles de notre condition humaine. La vraie difficulté de l’écriture cinématographique c’est de réussir à écrire l’histoire non pas de l’extérieur comme si on l’observait, mais de l’intérieur comme si on la vivait et permettre à chaque spectateur de voir son propre film en lien avec son propre vécu. Un film devrait pouvoir s’écrire dans le regard de celui qui le regarde. Enfin, la conclusion de Fortuna reste ouverte…

La fin n’est pas une fin, mais le début de la nouvelle vie de Fortuna, devenue femme. C’est une conclusion ouverte qui offre différentes interprétations et qui permet surtout de faire résonner le dernier long discours de Bruno Ganz sur la question du choix. J’ai d’ailleurs remarqué que la compréhension de la fin différait aux yeux d’un homme et d’une femme, l’un et l’autre interprétant des signes différents en fonction d’une différence d’approche, mais je ne vous en dis pas plus…

GERMINAL ROAUX

Germinal Roaux (né le 8 août 1975 à Lausanne) est un photographe et cinéaste franco-suisse autodidacte.

Son travail est exclusivement tourné vers le noir et blanc. Photographe reporter depuis 1996 pour différents magazines, il reçoit en 2000 le Premier Prix Suisse des Médias, pour une série de reportages photo traitant de l’autisme chez l’enfant et l’adulte, exposée au Musée de l’Élysée de Lausanne.

En 2003, il réalise son premier film documentaire Des tas de choses. Un film sur l’intégration des handicapés mentaux dans notre société, sélectionné au Festival International du cinéma documentaire Visions du Réel à Nyon. Germinal Roaux écrit et réalise Icebergs en 2007, qui remporte le Prix du Meilleur Espoir au Festival international du film de Locarno ainsi que le Prix de la Relève Suissimage SSA pour le meilleur court métrage suisse de l’année aux 43e Journées de Soleure. La même année Germinal Roaux débute un journal photographique expérimental qui traite du passage de l’adolescence à l’âge adulte « Never Young Again », qu’il publie chaque mois sur internet. Au fil des ans, ce travail photographique s’est étoffé et comporte aujourd’hui des milliers de clichés qui font désormais partie des archives de la Bibliothèque Nationale Suisse.

En 2012, Germinal Roaux écrit et réalise son premier long métrage pour le cinéma Left Foot Right Foot avec l’acteur argentin Nahuel Perez Biscayart. Le film remporte le Bayard d’Or du Meilleur Premier long métrage au FIFF de Namur 2013, le Prix du Jury au Festival International du Film de Palm Springs, ainsi que le Prix du Cinéma Suisse 2014 dans trois catégories : Meilleure Photographie, Meilleure interprétation dans un second rôle et Prix Spécial de l’Académie. En 2016, il écrit et réalise son deuxième long métrage Fortuna qui traite de la vie des réfugiés mineurs non accompagnés avec une jeune actrice éthiopienne Kidist Siyum Beza et l’acteur suisse Bruno Ganz.

Le 24 septembre 2016 à Zurich (Suisse), l’actrice américaine Uma Thurman et le Jury du Festival du Film de Zurich lui remettent le Filmmaker Award 2016 pour son projet Fortuna.

FILMOGRAPHIE

2018
FORTUNA (Long Métrage)

  • Ours de Cristal du Meilleur Film
  • 68ème Berlinale – Génération Compétition 2018
  • Grand Prix du Jury International de Generation 14plus
  • 68ème Berlinale – Génération Compétition 2018
  • Séléctionné au 16° Festival International du Film sur les Droits Humains de Genève 2018

2013
LEFT FOOT RIGHT FOOT (Long Métrage)

  • Bayard d’Or pour la Meilleure Première OEuvre au FIFF de Namur 2013
  • Official Selection First Film World Competition
  • Montreal World Film Festival 2013
  • Sélection Officielle “Special Screening” au Festival du Film de Zurich 2013
  • Jury Special Mention International Competition 2014 Palm Springs (USA)
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 pour le Meilleur Second Rôle
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 pour Meilleure Photographie
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 – Prix de l’Académie (costumes)

2007
ICEBERGS (court métrage fiction)

  • Prix du Meilleur Espoir au Festival International du Film de Locarno 2007
  • Official Selection TriBeCa Film Festival New York (USA) 2008
  • Prix de la Relève Suissimage SSA pour le Meilleur Court Métrage 2008

 

2003
DES TAS DE CHOSES (film documentaire)

  • Compétition Officielle Festival Visions du Réel Nyon 2004
  • Prix du Meilleur Film Étranger Festival du Film de Dakar 2004
  • Prix du Cinéma Suisse (nomination) 2005

Sainte Anne d’Auray : deux expositions à ne pas rater

Révélation (s) ? C’est une exposition et un parcours photo qui invitent à découvrir, sous un angle nouveau, deux axes forts du sanctuaire de Sainte-Anne : ses collections d’œuvres et d’objets d’art exceptionnels et le grand pardon, les 25 et 26 juillet. Passionnant et enrichissant !

 

Les coulisses des collections de Sainte-Anne : aux petits soins pour les œuvres d’art

©Hervé Mahé

Sur un sujet plutôt scientifique : comment conserver, restaurer et exposer les objets d’arts présents à Sainte-Anne, Cécile Perrochon, responsable des collections au sein du pôle patrimoine de l’ADMAS (Académie de musique et d’art sacré), a réalisé avec son équipe une exposition passionnante et très pédagogique. La visite reprend les trois étapes de la vie d’une œuvre d’art au musée : conservation, restauration, exposition et évoque le travail de fourmi, souvent invisibles pour le public, qui les accompagnent. Dans la galerie, des objets d’art et de grands panneaux explicatifs illustrent très clairement les différentes parties. Le parcours enfant, particulièrement ludique et bien conçu, constitue un apport indéniable à l’exposition. « Les adultes en sont aussi très friands », glisse Xsandra Jardin, chargée de production, médiation et communication des expositions. « Petits et grands peuvent toucher, manipuler, sentir pour mieux comprendre. »

La visite commence avec la présentation de tout ce qui peut nuire aux objets d’art, puis comment prévenir et réparer les dommages. Une statue de saint Jacques de Compostelle, allongée dans une bulle d’anoxie (bulle vidée de son oxygène permettant d’éliminer les insectes xylophages) explique particulièrement bien le propos. Plus loin, on voit les bonnes et mauvaises pratiques de conditionnement et numérotation des objets, dont certains sont à Sainte-Anne depuis le XVIIIe siècle.  Un panneau explique clairement les analyses qui vont permettre de restaurer chaque objet au mieux.

L’exposition présente ensuite des œuvres en cours de restauration dont une impressionnante statue de sainte Anne enseignante. Le visiteur découvre les étapes, le choix collégial de restaurer de telle ou telle façon. Il réalise l’ampleur du travail pour le restaurateur qui doit posséder des compétences scientifiques et artistiques pointues, alliées à des capacités d’observation, de minutie et de patience.

Le souci pédagogique guide aussi la troisième partie de la visite : exposer. Là encore, les bonnes et les mauvaises pratiques sont présentées sans équivoque. Un magnifique tablier de mariée brodé conclut cette exposition enrichissante, véritable plongée dans le monde méconnu de la conservation du patrimoine.

Les 15 et 16 septembre, visites guidées à 14 h 30 et 16 h (30 minutes). Visites libres de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h.

Dimanche 16 septembre de 15 h à 17 h : rencontre avec trois restauratrices d’œuvres d’art : Irina Emelyanova (sculptures), Natacha Frenkel (arts du feu), et Magali Troy (peintures).

Jusqu’au 4 novembre, tous les jours sauf le lundi de 14 h 30 à 18 h. Libre participation.

Galerie du cloître, 9 rue de Vannes, Sainte-Anne-d’Auray.

www.academie-musique-arts-sacres.fr

 

Le Grand Pardon : regard d’artiste

©Ferrante Ferranti

Ferrante Ferranti, infatigable voyageur qui parcourt le globe depuis plus de trente ans à la rencontre des hommes et de leurs religions, a découvert le sanctuaire de Sainte-Anne en 2016. « Il ne connaissait pas le Grand Pardon ; L’Académie l’a invité à revenir en 2017 », explique Xsandra Jardin. De la découverte du grand pèlerinage breton, l’artiste a retenu une cinquantaine de photographies, enrichies d’images prises aux quatre coins du monde et exposées dans l’enceinte du sanctuaire. L’exposition raconte les lieux, et les monuments, les gens, le lien qui unit les bretons à sainte Anne, la foi, la beauté. Il offre un autre regard sur le Pardon et propose une réflexion sur le lien au sacré.

Jusqu’au 4 novembre dans les jardins du sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray. Libre participation.

Rencontre diocésaine samedi 29 septembre

Prêtres, diacres, services, mouvements, communautés, centres spirituels, Laïcs en Mission Ecclésiale, en paroisse et en milieu scolaire, directeurs d’établissements, … : en cette rentrée pastorale, les forces vives de l’Eglise diocésaine se retrouveront à la Maison du Diocèse de Vannes autour de Monseigneur Centène. A cette occasion et dans la lancée du jubilé saint Vincent Ferrier, l’Evêque communiquera  une lettre pastorale, avant de célébrer la messe dans la Cathédrale. 

De 9h15 à 12h à la Maison du Diocèse
Messe à 11 h

Dans l’élan du Jubilé…

Dans l’invitation adressée aux divers acteurs pastoraux du diocèse, ministres ordonnés et laïcs, le Père Jean-Yves le Saux, vicaire général,  situe cette rencontre de rentrée « sous le signe de Saint Vincent Ferrier », venu évangéliser en terre bretonne il y a 600 ans.

Une lettre pastorale
pour un projet diocésain 2018-2019

En effet, depuis le mois de mars 2018 et jusqu’à sa clôture à la fête de Pentecôte le 9 juin prochain, le diocèse vit une démarche jubilaire intense, qui suscite de multiples initiatives associant paroisses, mouvements, services diocésains, etc.

Retrouvez toutes les actualités sur le site du Jubilé

Dans sa dernière lettre du 17 septembre 2016 (lire la lettre), Monseigneur Centène identifiait clairement saint Vincent Ferrier comme un témoin essentiel, capable de diriger l’effort pastoral : « Témoin d’hier et engagement d’aujourd’hui : saint Vincent Ferrier ». « Dès maintenant, apprenons à le connaître pour qu’il soit source d’inspiration pour l’évangélisation » développait l’évêque.

En plusieurs occasions, depuis le pèlerinage d’ouverture du Jubilé, Monseigneur Centène s’est employé à montrer en quoi l’exemple du saint évangélisateur aiguillonne aujourd’hui l’engagement missionnaire des fidèles baptisés. La lettre pastorale qui sera dévoilée le 29 septembre survient logiquement, pour continuer d’insuffler et de soutenir cette dynamique dans le diocèse.  « Il s’agit bien d’une lettre pastorale, expose le Père Le Saux, ce qui veut dire que le rappel de la vie de saint Vincent Ferrier débouche sur une mise en oeuvre ; des suggestions concrètes seront proposées en ce sens lors de la rencontre de rentrée et constitueront notre projet diocésain de cette année 2018-2019″.

Pratique

  • 9h15, Maison du Diocèse de Vannes : accueil et café
  • 9h30 : présentation de l’année jubilaire, communication de la lettre pastorale de Monseigneur Centène
  • 11 h : Messe à la Cathédrale saint Pierre

3e forum catéchèse sur le thème de l’intériorité

Au seuil de cette nouvelle année pastorale, une cinquantaine de catéchistes et laïcs en mission ecclésiale ont participé au troisième « forum » de la catéchèse sur le thème de l’intériorité et de la prière. Fil rouge pour le service diocésain de catéchèse, ce thème s’articule au « socle commun de la catéchèse » qui devrait être proposé aux paroisses d’ici la fin de l’année. 

« Le principe de ces forums, c’est d’être dans la pédagogie active, la pédagogie de l’expérience » présente Sophie Renaud, déléguée diocésaine. « On met les personnes en situation de vivre elles-mêmes l’expérience catéchétique, afin de mieux la retransmettre ». Ces forums connaissent un succès grandissant depuis leur mise en place il y a deux ans et demi, probablement du « fait que les gens sont vraiment acteurs et vivent réellement la catéchèse ». D’autre part, des orientations diocésaines ainsi qu’un socle commun pour la catéchèse et la pastorale sont en cours d’élaboration. Le but est de « garantir une base chrétienne commune et solide auprès de tous les jeunes du Diocèse de Vannes, garantie qui permettra ensuite, d’asseoir une préparation sacramentelle » développe Sophie Renaud.

Une palette d’outils à expérimenter

Ce troisième forum était consacré à la découverte d’outils favorisant l’intériorité et la prière ainsi qu’à la redécouverte de la prière du Notre Père. Echanges de pratiques et partage d’expérience ont animé les conversations entre les participants.
Parmi les propositions, un atelier sur les cinq sens animé par Nathalie Plaisse a placé les animateurs en posture de déficience sensorielle : aveugle, sourd, … « Je voulais présenter comment, avec un public atteint d’un handicap sensoriel, on peut aborder l’intériorité et la prière », expose Nathalie. Après six années passées à développer la Pédagogie Catéchétique Spécialisée (PCS) au sein du service diocésain de catéchèse, cette dernière est actuellement aumônier en EPSM et animatrice de l’aumônerie du centre Gabriel Deshayes d’Auray.  A la fin de l’atelier, l’expérience s’est conclue par un temps d’intériorité où tous les sens étaient mis en avant. « Tout ce qu’on peut faire en pédagogie catéchétique spécialisée, avec des enfants, des jeunes ou des adultes en situation de handicap, est adaptable à tous  les publics et très faciles à mener ! ».


Myriam Banse, en mission sur le doyenné d’Elven
En mission sur le doyenné d’Elven depuis octobre dernier, Myriam participait à son premier forum. N’étant pas encore « rompue » à la catéchèse, elle va de découverte en découverte, dans son rôle de coordination et d’animation de la pastorale des enfants sur son secteur. Elle a rapidement adhéré à l’approche très concrète privilégiée par le forum. « On n’est pas sur des choses à savoir, à comprendre mais sur des choses à ressentir, pour voir déjà si chez nous, ça fait écho afin de pouvoir ensuite le transmettre et le partager à d’autres ». Le coin prière évolutif, la parole gestuée ou encore la photo-prière : Myriam a fait le plein d’idées – « des choses très pratiques, très simples » – et elle réfléchit déjà à les mettre en oeuvre dans sa paroisse. « L’éclairage sur la liturgie et l’intériorité (dispensé par Emmanuel Auvray, délégué diocésain à la pastorale liturgique et sacramentelle) fait écho à beaucoup de questions qu’on peut partager en communauté paroissiale : comment rejoindre les enfants par la liturgie en faisant une grande place à l’intériorité ? C’est tout à fait d’actualité ! ». 

Comment je vis moi-même mon intimité avec Jésus ? Pour Myriam, le thème de l’intériorité tombe à point dans ce contexte de rentrée. Pour tout catéchiste ou animateur en pastorale, « C’est la première question à se poser, avant toute action ! (…) Les enfants perçoivent bien la cohérence qu’on peut avoir, donc il faut essayer de grandir dans cette cohérence intérieure pour être un témoin crédible ».Si elle en était convaincue en acceptant la mission confiée par l’Eglise, Myriam constate combien cela l' »encourage à être plus directement connectée ! » au Christ.


Catherine Richeux, en mission sur le doyenné de la Roche-Bernard
Catherine repart elle aussi la besace pleine « de pistes et de clés ». Depuis bientôt dix ans, elle est en mission sur le doyenné de la Roche-Bernard (9 paroisses) et intervient essentiellement dans les écoles primaires. « Nous accompagnons notamment les enfants de CE-CM vers le sacrement du pardon et de l’Eucharistie ». Catéchiste chevronnée, Catherine n’en est pas moins toujours en quête de ressources pour enrichir les rencontres qu’elle met sur pied. « Je suis venue aujourd’hui pour avoir des informations sur la prière car j’accompagne des enfants en CM avec un temps de prière en Eglise une fois par mois. » Tout au long de l’année, elle vient « piocher »  auprès du service diocésain de catéchèse documents, outils et informations. Quand on prépare une rencontre, on identifie telle piste, tel symbole  qui vont percuter, selon l’âge des enfants, etc. Au lieu d’aller chercher sur Internet – c’est long et toujours aléatoire – je préfère m’adresser au service diocésain qui nous aiguille ».  Ce dernier est comme un « tronc sur lequel se greffer », ajoute Catherine, pour donner à l’action pastorale une dimension diocésaine essentielle.  « J’aime bien utiliser leurs préparations toutes prêtes, pour gagner du temps et surtout pour être en communion avec d’autres LEME pour évangéliser ». Les apports de cette journée et plus particulièrement le concept de « coin prière évolutif » devraient lui permettre de faire le lien avec toutes les étapes de l’année liturgique dont elle contribue à déployer le sens auprès des enfants.

 

Rentrée des équipes Notre-Dame

Du 16 au 21 juillet, s’est déroulé dans le sanctuaire de Fatima le XII ème rassemblement international des Equipes Notre-Dame* (END) sur le thème « La réconciliation, signe d’amour », avec pour fil rouge la parabole du Fils prodigue. A l’école des petits pastoureaux, éclairés par le message prophétique de la sainte Vierge, près de 9000 équipiers du monde entier (2000 français dont une délégation de trente morbihannais) ont prié ensemble, confié à Dieu leur vie conjugale et célébré dans la joie le trésor du sacrement de mariage.

Les END sont nées en 1939, d’un dialogue entre le Père Caffarel et quatre couples mariés, s’interrogeant sur leur vocation à la sainteté dans le mariage. Comment vivre dans l’état de mariage toutes les exigences de la vie chrétienne ? Mouvement de spiritualité conjugale, les END sont aujourd’hui présentes dans 80 pays des 5 continents.

Lors de la cérémonie d’ouverture du rassemblement international, Don Rino Pacigato, nonce apostolique au Portugal, a lu un message du Pape : « Consacrés aux Cœurs miséricordieux de Jésus et de Marie, vous pouvez compter sur sa grâce, tout comme, il y a cent un an, en la personne de la Vierge Mère de Dieu, la grâce a resplendi aux yeux des trois petits bergers et a façonné leurs vies afin de “sauver des pécheurs”. En souhaitant que cette passion des petits bergers s’empare des époux, des parents, des enfants membres des Équipes Notre Dame semées de par le monde ». 

Faire équipe

En cette rentrée, dans le Morbihan, ils sont près de 150 couples à retrouver leur équipe – composée chacune de 4 à 5 couples et d’un conseiller spirituel – et le rythme des rencontres mensuelles. Les END sont structurées en deux secteurs sur le département : Lorient (12 équipes) et Vannes-Pontivy (22 équipes). Lors de la messe de rentrée, les équipes confieront leur année au Seigneur : dimanche 16 septembre, à 11 h, église Saint Guen de Vannes.
« Une des missions des équipes Notre-Dame est de réfléchir à la vocation des époux et à la grâce du sacrement de mariage », exposent Thierry et Béatrice Cramet, mariés depuis trente ans. C’est au cours de leurs fiançailles qu’ils ont découvert la fécondité du partage avec d’autres couples se préparant au mariage. « Cela nous a plu de prendre du temps pour notre couple et de passer des week-ends avec d’autres fiancés : sessions, retraite, « Vivre et aimer », …  L’année suivant notre mariage, nous avons alors intégré une équipe END ; il nous a semblé naturel de faire quelque chose avec d’autres couples ! ». A leur arrivée sur  Muzillac, ils n’ont d’ailleurs pas tardé à monter une équipe Notre-Dame locale.

Six axes concrets d’effort

Rejoindre une équipe Notre-Dame, c’est décider de faire équipe pour poursuivre un but commun : vivre pleinement, au quotidien, le sacrement de mariage. Pour cheminer et porter du fruit, avec la grâce de Dieu, les équipiers se donnent des axes concrets de progression spirituelle en couple. Une fois par mois, au cours d’un repas fraternel, ils partagent joies et difficultés sur six points concrets d’effort : la lecture quotidienne de la Parole, l’oraison, la prière en couple, le Devoir de S’Asseoir, une retraite annuelle et une règle de vie. Ils approfondissent également un thème d’année. L’équipe de Muzillac réfléchira ainsi sur la vie des époux Martin, sur le thème « La sainteté à portée de main ».

« Parce qu’ils (les couples) connaissent leur faiblesse et les limites de leurs forces, sinon de leur bonne volonté, parce qu’ils expérimentent chaque jour combien il est difficile de vivre en chrétien dans un monde païen et parce qu’ils ont une foi indéfectible en la puissance de l’entraide fraternelle, ils ont décidé de faire équipe. » Charte des équipes Notre-Dame, 1947

Prière et entraide

Au sein de l’équipe, des réalités parfois très diverses sont partagées ; « certains couples ont de jeunes enfants, d’autres ont vu les leurs quitter la maison, …, c’est une grande richesse ».  Quant au prêtre, il est équipier à part entière. Il participe aux échanges, partage sur sa vocation et témoigne de son ministère.  « La réflexion du prêtre sur le sacrement de l’ordre et notre réflexion de couple sur le sacrement de mariage se font écho ». Complémentarité des états de vie, enrichissement mutuel, … Thierry et Béatrice témoignent des fruits pour leur couple. « On va dans une équipe en tant que couple et pour vivre notre foi en couple, pour se sentir soutenu et encouragé par les autres. A travers cette entraide spirituelle, nous cheminons, pour nous améliorer dans notre vie de couple chrétien (…) Quand un couple dit : ‘nous, on n’arrive pas à prier à deux ‘, on s’écoute et on essaie de s’entraider – ‘vous pourriez mettre en place ceci ou cela’, … »

Dans la prière et l’entraide, des liens se créent entre les foyers ; parfois, un couple sollicite un équipier comme parrain ou marraine. « Des barbecues, des sorties, … chaque équipe trouve ses formes et son rythme de convivialité. Vivre cette fraternité est la conséquence logique de la vie d’équipe qui fait qu’on aime prendre du temps ensemble »

C’est dans la joie du rassemblement international de Fatima que Thierry et Béatrice achèvent leur mission de couple responsable de secteur, après trois ans de service. Retour sur les moments marquants de l’évènement, vécus par la délégation morbihannaise : 14 couples issus de 11 équipes du diocèse et le Père Gildas Kerhuel.

Les perles du rassemblement

Messes, conférences, témoignages de couples, méditations du Père Tolentino de Mendonça, pèlerinage sur les pas des bergers de Fatima, veillées, adoration, … (Voir le blog du rassemblement) Et comme à chaque rassemblement national, 4500 couples ont vécu un « DSA géant » à Fatima. (Le Devoir de S’Asseoir est un temps de dialogue entre époux, un face à face sous le regard de Dieu, pour faire le point sur sa vie de couple, sa vie de famille, etc.). Le parvis du sanctuaire a offert ce jour-là un décor « pointilliste » ; 4500 ombrelles chamarrées abritant autant de dialogues conjugaux. Sous « le manteau de Marie », chaque couple échangeait dans sa langue mais tous portés par la même dynamique, dans une unité de temps et de lieu : « Quelle force ! Quel recueillement !».
Le temps d’envoi a été marqué par l’invitation à renouveler entre époux ses promesses de mariage. Symboliquement, « nous avons échangé une alliance ‘réglable’ explique Béatrice. Nous étions 9000 sur l’esplanade à le faire, chaque couple dans sa langue : un brésilien, un américain, des africains, … ! ».

Tout au long du rassemblement la pédagogie du mouvement est vécue au sein des « réunions brassées ».  « La force du mouvement, c’est que la méthode est la même partout dans le monde. Les sujets de préoccupations ne sont pas éloignés».

Une nouvelle équipe Tandem

Le thème pour les six prochaines années a été donné : « Vocation et mission ». « Les responsables ont insisté sur la mission des époux chrétiens : comment témoigner de manière simple sur notre joie du mariage ? Comment sortir de l’entre-soi des END pour rayonner de la grâce procurée par le sacrement de mariage vers les périphéries ? ».  Les pistes d’action ne manquent pas : proposer dans les paroisses aux couples mariés de rejoindre une END, faire le lien entre le mouvement, les prêtres et les équipes de préparation au mariage et d’accompagnement des catéchumènes adultes, etc. « Une nouvelle équipe Tandem (pour les couples, mariés ou non, plus ou moins loin de l’Eglise) va se lancer cette année, avec le soutien des END» se réjouissent Thierry et Béatrice. (En savoir plus sur les équipes Tandem).

Contact

Archives Chrétiens en Morbihan 2024

REVUE DIOCÉSAINE N°1540, OCTOBRE 2024

Éditorial : Le rosaire, cadeau inestimable
Officiel : Nominations
Confiés à nos prières : Religieuses
Vie du diocèse : Le Père Gwenael Airault prend la suite du Père Ivan Brient comme vicaire général • Rentrée diocésaine 2024 : tous orientés vers le Jubilé • Prévention et protection des mineurs : les dates à retenir
Jubilé 2025 : Une nouvelle bannière pour le sanctuaire • Message de Mgr Centène pour la Troménie
Actualité : Le pardon des camping-caristes, une affaire qui roule ! • Pardon de Josselin 2024 : en communion avec le Moyen-Orient Rentrée 2024 : quoi de neuf dans l’enseignement catholique ? Deuxième pardon de l’enseignement catholique Lazare ouvre une colocation solidaire à Lorient • En bref
Portrait : « Vouée à la miséricorde » – Vœux de Sœur Ombeline à Malestroit
Patrimoine : La cathédrale, poème du Père Le Corguillé
Liturgie : Le sacrement de réconciliation ou confession
Archives : Test-quiz : quel archiviste diocésain feriez-vous ?
Question spirituelle : Pourquoi n’en sait-on pas davantage sur la vie cachée de Jésus ?
Patrimoine :  Le rosaire, la prière qui sauve
Agenda de l’évêque et du diocèse
Méditer : Le chapelet (ou rosaire) selon François


REVUE DIOCÉSAINE N°1539, SEPTEMBRE 2024

Éditorial : Précieux pardons, grand pardon, infini pardon…
Confiés à nos prières : Père Albert Lequitte  Religieuses
Actualité : Festi’jeunes 2024 : 65 collégiens « heureux d’être là ! » • Formation humaine et chrétienne : un nouveau millésime pour Athénée • Route d’été Amor Dei pour les jeunes filles : offrir le temps et les moyens du discernement vocationnel • États généraux du patrimoine religieux : une réflexion nationale portée par l’Église de France • En bref
Jubilé 2025 : La Troménie de Sainte Anne, pour honorer la sainte patronne des Bretons
DOSSIER : Éternels pardons • Les pardons bretons, un trésor à préserver et valoriser • Le pardon, une fête quasi millénaire • Visages de nos pardons • Sainte-Anne-d’Auray, grand pardon au sanctuaire de tous les Bretons • Notre-Dame de la Tronchaye en Rochefort-en-Terre : se laisser aimer • 45 ans pour la Madone des motards
Liturgie : La participation active de l’assemblée lors de la messe
Question spirituelle : La vénération des reliques n’est-elle pas une superstition ?
Patrimoine :  Les vêtements de la Vierge. Manteaux et couronnes
Agenda de l’évêque et du diocèse
Méditer : Message du pape François pour la 110ème Journée mondiale du migrant et du réfugié


Revue diocésaine n°1538, juillet-août 2024

REVUE N°1538, JUILLET-AOÛT 2024

Éditorial : Le « temps des vacances »
Confiés à nos prières : Père Jean-Noël Lanoë • Religieuses
Jubilé 2025 : Démarches mariales des doyennés de Lorient, d’Auray, de Carnac, et du Faouët • La Troménie, mission d’évangélisation
Vie du diocèse : Ordination sacerdotale d’Etienne Marois et ordination diaconale de Louis-Henri Chouane
Actualité : Saison 2024 des spectacles Yvon Nicolazic • La cathédrale poursuit sa mue • Pèlerinage diocésain 2024 à Lourdes • En bref
DOSSIER : La pastorale d’été. Évangéliser l’été ? • Culture et foi, un enjeu missionnaire • Les propositions estivales du diocèse pour les jeunes • Missions d’été à la plage
Portrait : Vierges consacrées, épouses du Christ, au cœur du monde
Question spirituelle : Mariage le samedi … messe le dimanche ?
Patrimoine :  Sainte Anne, mère de Marie. De l’espérance à la foi
Méditer : Contempler la création avec saint François d’Assise


Revue diocésaine n°1537, juin 2024

REVUE N°1537, JUIN 2024

Éditorial : Nous laisser transformer pour l’éternité…Officiel : Nominations • Mérite diocésain
Confiés à nos prières : Père Claude Josso  Religieuses
Jubilé 2025 : La Troménie de sainte Anne se prépare activement • Démarches mariales des doyennés de Locminé, de Guer, de Pontivy
Question spirituelle : Obéissance…
Actualité : Mgr Shomali à Vannes • Chapitre général des Frères de Ploërmel • Pèlerinage diocésain des collégiens à Lourdes • Les Bretons en pèlerinage pour les vocations à Querrien • En bref
Archives : Les Frères de Ploërmel en 1869
Liturgie : La fête du Saint Sacrement
Patrimoine : La vieille chapelle / J. Le Corguillé • Le grand ostensoir de Armand-Calliat
Agenda : Agenda de l’évêque & du diocèse
Méditer : aux pieds du Saint Sacrement


Revue diocésaine n°1536, mai 2024

Éditorial : De l’assentiment de foi aux œuvres
Confiés à nos prières : Religieuses
Officiel : Nomination
Jubilé 2025 : Démarche mariale du doyenné d’Elven-Sarzeau
Vie du diocèse : La messe chrismale 2024
Actualité : En chemin de conversion à Campénéac • Le Festi’rural du CMR Bretagne • En bref
DOSSIER : Cheminer dans la foi. Le « credo apostolique », une entrée dans l’église • Conférences de carême 2024 sur la Foi • Le service diocésain de pastorale catéchétique
Question spirituelle : A-t-on le droit de douter lorsqu’on est croyant ?
Liturgie : La séquence Veni Sancte Spiritus
Librairie : Bientôt les fêtes de la Foi ! Idées cadeaux
Archives : « Monseigneur, revenez ! » Le livret cadeau en l’honneur de l’évêque
Patrimoine : Notre-Dame des Fleurs
Agenda : Agenda de l’évêque & du diocèse
Méditer : Prière mariale pour « grandir dans la lumière de la Foi »


Revue diocésaine n°1535, avril 2024

Éditorial : La paix soit avec vous
Confiés à nos prières : P. Jégo – Religieuses
Officiel : Nominations
Vie du diocèse : Campagne Denier de l’Eglise 2024
Jubilé 2025 : Troménie de sainte Anne : appel aux volontaires
Actualité : Nuit de Pâques : 75 adultes « nés d’en-haut » • Rencontre avec 4 prêtres jubilaires de notre diocèse • En bref
Liturgie : Le rite de l’aspersion
DOSSIER : La paix soit avec vous. Parler de paix intérieure • Vivre la paix en communauté • Un soldat entre guerre et paix • Le pèlerinage militaire international • Pax Christi
Question spirituelle : Faut-il vraiment tendre l’autre joue ?
Patrimoine : Et le Verbe s’est fait chair : quelques Annonciations
Agenda : Agenda de l’évêque & du diocèse
Méditer : Journée mondiale des vocations : message du pape François


Revue diocésaine n°1534, mars 2024

Éditorial : Faire avec
Confiés à nos prières : P. Le Corguillé – Religieuses
Jubilé 2025 : Démarche mariale du doyenné de Vannes-Arradon le 11 février • Douze chantiers pour la préparation du Jubilé
Question spirituelle : Dieu a-t-il voulu la mort de son Fils ?
Vie du diocèse : Catéchèse de Mgr Centène le 18 février : Marie modèle de foi • Prévention des maltraitances sur mineurs et personnes vulnérables
Actualité : En Bref
Liturgie : La messe chrismale
Portrait : Espérance et Vie : le veuvage, chemin spirituel
DOSSIER : Secours Catholique : rayonner la charité chrétienne. Un nouveau président pour la délégation du Morbihan • L’action du Secours Catholique dans notre diocèse • Interview du Père Hervé Perrot, aumônier national • Archives diocésaines : Les débuts du Secours Catholique dans notre diocèse
Patrimoine : Les larmes de Marie, déploration et Piéta
Agenda : Agenda de l’évêque & du diocèse
Méditer : Message du pape François pour le Carême 2024


Revue n°1533, février 2024

Revue n°1532, janvier 2024

  • Éditorial : La paix soit avec vous
  • Jubilé 2025 : 8 décembre à Sainte-Anne-d’Auray – Pèlerinages mariaux des doyennés
  • Vie du diocèse : Etienne Marois, diacre en vue du sacerdoce le 10 décembre
  • Actualité : Soutenir le Secours Catholique : plus nécessaire que jamais Les brèves du mois
  • Portrait : Gaëtane Guillot, cuisinière du presbytère de Ploërmel
  • Dossier : Osons parler d’amour à nos jeunes ! Rencontre avec Alex Deschênes – L’enseignement catholique, la pastorale diocésaine et l’EARS – Discours de St Jean-Paul II
  • Archives diocésaines : Les confréries féminines au 19ème siècle
  • Question spirituelle : Comment l’Eglise catholique reconnaît-elle les miracles ?
  • Patrimoine : Marie, une histoire d’amour et de protection
  • Agenda : Agenda de l’évêque & du diocèse
  • Méditer : Les intentions de prière du pape pour 2024

Archives 2023

Archives 2022

Archives 2021

Consultez le tableau analytique des CeM 2020

Archives 2020

Consultez le tableau analytique des CeM 2019

Archives 2019

Consultez le tableau analytique des CeM 2018

Archives 2018 

Consultez le tableau analytique des CEM 2017

Archives 2017

Archives 2016

Archives 2015

Archives 2014

Archives 2013

Témoignage WMOF2018

De retour de la Rencontre Mondiale des Familles à Dublin, voici quelques éléments qui nous ont permis de vivre des jours riches et forts !

Nous étions  environ 250 français et une trentaine de Bretagne, avec l’Evêque de Saint Brieuc Monseigneur Denis Moutel et ses nouveaux délégués diocésains de la Famille. Nous avons pu rencontrer les autres délégations des différents diocèses de France, partager nos préoccupations,  faire connaissance du nouveau président du Conseil Famille et Société de la Conférence des Evêques de France, Monseigneur Bruno Feillet (Evêque auxiliaire de Reims), accompagné d’Oranne de Mautort, responsable du pôle Famille.

Vivre 3 jours de congrès pastoral, une rencontre de plus de 30 000 personnes avec 116 pays, ce fut comme une grande fête de la famille. Au menu : des ateliers, conférences et temps de prière, articulés autour d’ « Amoris Laetitia », l´exhortation apostolique publiée par le pape François en 2016.

Plusieurs thèmes ont attiré notre attention :

  • Comment aider nos enfants à grandir, baignés dans la culture du jetable, du consumérisme, du portable et des médias …qui imprègne jusqu’à nos vies de couple et de famille ? Plusieurs conférences et ateliers sur l’écologie et les nouvelles technologies étaient proposés. Apprendre dès la plus tendre enfance les principaux gestes pour sauvegarder la planète : ne pas gaspiller l’électricité, faire attention à éteindre la climatisation lorsque l’on quitte une pièce ou fermer le robinet dès que l’on a plus besoin d’eau, trier les déchets …autant de petits gestes utiles, de l’ordre de l’éducation familiale.

Prendre conscience aussi de l’influence de cette culture du jetable. Attention à ne pas considérer notre conjoint comme pouvant être un jour obsolète ! a rappelé Monseigneur Tagle, archevêque de Manille.

Ou encore prendre conscience que le temps passé sur nos portables est du temps enlevé à l’autre, et à Dieu. Comment privilégier nos relations humaines à nos relations virtuelles ? La principale idée reprise un peu partout était de redonner toute la place aux repas familiaux, de remettre le bénédicité au goût du jour, pour permettre à l’enfant de comprendre tout petit que la vie de prière est aussi importante et aussi fondamentale que la nourriture pour grandir !

  • Comment vivre au sein de la famille en bonne harmonie, éteindre les feux de la jalousie, de la colère, de la dispute … qui sont inhérents à la vie ? Les fameux 3 mots : « s’il te plaît, merci et pardon » que le pape a fait répéter par toute la foule du Croke park le samedi soir. L’accent était mis sur le pardon et la réconciliation. Comment vivre de l’amour puissant de Dieu si on ne passe pas par le sacrement du pardon en familles et avec nos amis ensuite ?
  • Pour la vie de famille intergénérationnelle, différentes conférences ont mis l’accent sur les apports de la succession des générations, on ne vient pas de nulle part, notre histoire permet de mieux se construire et de construire l’avenir. Prendre soin de nos grands-parents nous aide à aimer gratuitement et à vivre avec sagesse.
  • L’accueil du différent, de l’enfant handicapé ou malade nous aide à prendre soin de l’autre, à nous préoccuper de l’autre. Il nous aide à aimer gratuitement et à nous révéler à nous même comme une personne qui peut aimer.
  • Une conférence sur la théologie du corps et plusieurs ateliers sur l’éducation affective et sexuelle avec la nouvelle pédagogie ludique « du bus » ont donné des éléments pour aider le jeune à savoir attendre le « bon bus » et à faire confiance au « conducteur du bus ». « Le Seigneur t’aime et veut le meilleur pour toi, apprend à lui faire confiance et à rechercher le meilleur pour toi ».
  • De nombreuses conférences également, ateliers et exposants sur la préparation au mariage. « Donner du piquant à notre vie conjugale », satisfaire les couples qui ont faim d’amour véritable … voilà où nous a transporté une démonstration culinaire du père Léo Patalinghug, prêtre américain, chef et auteur !! Chaque ingrédient : je t’aime, je m’oublie pour toi, je te pardonne, je veux apprendre de toi, je me donne, et je t’accueille jusque dans mon corps sont autant d’éléments nécessaires pour une bonne recette. Mais le sel est d’y ajouter l’amour fou de Dieu et la passion du Christ pour le suivre dans cet amour tout donné et jamais repris jusque dans l’éternité. Un long voyage qui ne se mesure que bien des années plus tard en regardant en arrière. La salle était en liesse. La joie et la foi de ce jeune prêtre fut source d’espérance en la beauté et la grandeur du mariage !
  • La conférence qui m’a le plus marquée est celle sur la révolution de la tendresse, donnée par le Cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, archevêque du Honduras. Parce que cette tendresse peut être expérimentée depuis la plus tendre enfance. C’est le chemin le plus facile pour connaître et reconnaître l’amour de Dieu et le chemin le plus direct pour rejoindre le plus petit, le plus démuni, le plus pauvre et ainsi partager ensemble l’essentiel de l’homme, l’essentiel de Dieu, l’amour.

Tous ces éléments là et bien d’autres encore permettent à la famille de dépasser la culture de l’individualisme et du plaisir à tout crin qui laisse amer, triste et peu fier, pour une culture de la solidarité et de la charité. La voie de l’amour permet à la famille d’être remplie d’espérance et de joie. C’est cette bonne nouvelle qu’elle a à apporter à la société et au monde.

Le congrès fut clôturé par une rencontre magnifique au stade de Croke park, faite de témoignages de familles de différents pays, cultures et conditions, sur fond de splendides projections grand écran de paysages et d’animaux. L’apogée du spectacle fut ce temps magnifique de danse folklorique et de claquettes pour lequel les différentes écoles de danse d’Irlande s’étaient réunies, remplissant le stade. Elles mettaient en exergue la beauté de la femme et de l’homme, et de l’amour du couple. De quoi nous exalter et nous faire vibrer à la Création voulue par Dieu !

La messe papale de dimanche dans le splendide Phoenix park nous a tous rassemblés. Entendre le pape François plein de courage dénoncer les manques de l’Eglise, affronter ses fidèles en colère et demander pardon, m’a émue.  J’étais heureuse de soutenir par ma présence le peuple irlandais qui a plus souffert que les autres de la pédophilie, et dont les églises se sont vidées depuis. Ainsi la prière pénitentielle particulière du Pape François nous a permis d’être tous en communion, de prier pour les victimes, les uns pour les autres, pour les familles du monde entier qui connaissent la guerre, la misère, l’éclatement. Mais aussi de rendre grâce pour ces jours magnifiques de rencontres, de partages, et de joie et pour la vie de famille qui aide le petit homme à apprendre à aimer, à partager sa tendresse et à vivre de la joie. Vie de famille qui permet de se soutenir pour dépasser les difficultés et espérer un lendemain meilleur, vie de famille qui permet de partager tendresse et joie d’être ensemble , vie de famille qui permet un accompagnement au rythme de chacun et d’aider le petit homme à s’épanouir et à devenir homme debout, vie de famille qui permet de connaître Dieu et de lui faire confiance.

Merci aussi aux Irlandais qui nous ont su être si accueillants et souriants pour nous tous.

Quel impact pour nous ?

Ce temps fort a permis à l’ensemble des pastorales familiales de se sentir soutenues et revivifiées. Le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix du Canada rappelait qu’il fallait aider les familles : leur apprendre à vivre le mariage et la famille avec l’aide de Dieu. Dieu est présent au sein des familles, sachons en faire le centre de nos vies familiales.

Pour les familles qui demandent un sacrement à l’Eglise, n’hésitons pas à les accompagner au-delà du sacrement,  en aidant les paroisses si possible. Il pourrait y avoir un échange plus fort et régulier entre les paroisses et le service, soyons attentif aux demandes. Le service peut aider pour un temps particulier, un évènement, pour accompagner de façon plus régulière et rejoindre les familles dans leur vie quotidienne, pour aider à la formation chrétienne avec des catéchèses pour adultes, lors de la préparation au mariage et dès le plus jeune âge lors de la préparation des sacrements avec la catéchèse familiale en particulier.

Et puis développons toujours plus de lieux d’écoute et de parcours où les familles se sentent entendues, soutenues et accompagnées à travers les difficultés et les peines. Une autre idée qui a émergé à la lumière de ce temps fort, c’est de favoriser la joie des familles de se retrouver ensemble. Elles ont besoin de se sentir unies, solides et soutenues pour affronter les difficultés inhérentes à la vie : maladie, vieillesse, divorce, veuvage, chômage, éducation, addiction, difficultés d’orientation professionnelle, difficultés de choix de vie … et pour partager des moments festifs de joie. Aidons les familles à tisser des liens sociaux.

Par Hortense de Longvilliers, déléguée diocésaine à la Pastorale de la Famille

Au service des couples et des acteurs pastoraux

Aux époux chrétiens, Humanae Vitae adressait il y a 50 ans un appel pressant à vivre et faire vivre la sainteté du mariage. Aux prêtres et à tous ceux qui sont chargés de les soutenir, Paul VI lançait une invitation tout aussi pressante. 50 ans plus tard, comment cet appel rejoint-il les couples, en particulier dans le diocèse de Vannes ?

En s’appuyant sur les nombreux mouvements de la pastorale familiale, Hortense de Longvilliers, déléguée diocésaine, et Danièle Houssay, en charge du pôle mariage avec son époux Olivier, se mettent au service des couples chrétiens, des prêtres et de tous les acteurs pastoraux.

Quelle fécondité d’Humanae Vitae pour les couples ?

H. de Longvilliers : Lorsqu’on regarde dans le rétroviseur, cette encyclique, qui a été mal reçue il y a 50 ans, nous apparaît véritablement comme « prophétique » aujourd’hui : du fait du témoignage des femmes – elles sont de plus en plus nombreuses à exprimer combien elles ont assez de prendre la pilule – du fait des évolutions scientifiques qui nous ont permis de connaître de mieux en mieux le fonctionnement de la femme et de la fécondité, et enfin du fait de la dynamique « écolo », signe de l’aspiration à revenir à ce qui est le plus « naturel » et le moins traumatisant pour l’organisme.

Comment diffuser cette bonne nouvelle aux couples dans un contexte où les méthodes artificielles sont présentées comme la seule alternative « fiable » ?

H. de Longvilliers : Pour le couple lui-même, les méthodes artificielles ne mettent pas l’homme en responsabilité par rapport à la fécondité, ce qui fait que l’homme ne trouve pas sa place. Cela entrave la qualité de la communication conjugale. Il faut passer de la « captation » de l’autre pour son propre plaisir au don de soi pour l’autre et, par-là, à l’amour véritable. Les couples sont invités à cheminer. Sur ce chemin, il est essentiel d’accepter et donc d’aimer l’autre  tel qu’il est. Par exemple, pour les hommes, accepter les cycles de son épouse : quel bonheur pour la femme de se sentir acceptée pleinement, dans sa féminité !

Les couples qui emploient la régulation naturelle des naissances témoignent que ces méthodes sont source de respect mutuel et qu’elles enrichissent leur compréhension mutuelle et leur complémentarité.  Les méthodes naturelles de régulation des naissances permettent d’accroître la qualité de la relation conjugale, elles sont au service d’un amour toujours plus grand ! Le respect, l’écoute mutuelle, … Tout cela s’éduque. Plus on avance dans l’acceptation de la différence sexuelle et la joie d’être différent, plus on arrive à se donner et à recevoir la richesse de l’autre pour le bonheur du couple, plus l’amour se construit et unifie le couple.
C’est aussi l’attente qui fait la joie de la relation sexuelle. Même les sexologues observent cela et conseillent aux couples de faire l’expérience de cette attente.

« Plus on avance dans l’acceptation de la différence sexuelle et la joie d’être différent, plus on arrive à se donner et à recevoir la richesse de l’autre pour le bonheur du couple, plus l’amour se construit et unifie le couple ».

Humanae vitae est un appel à accueillir la façon dont nous avons été créés, hommes et femmes, avec un corps et à ne pas nous  « couper » de notre capacité physiologique à donner la vie, à prendre nos responsabilités vis-à-vis de cette capacité, dans une pleine liberté. On se découvre de plus en plus humain et libre ; quelle joie !
Il s’agit de faire prendre conscience aux couples que la sexualité humaine n’est pas instinctive. Elle est appelée à s’enrichir par la communion, la tendresse, la responsabilité…

Dans la cadre de la préparation au mariage, comment annonce-t-on cette bonne nouvelle aux couples ?

Danièle Houssay, responsable du pôle mariage : Humanae vitae insiste sur le fait que la relation sexuelle est l’expression de la communion conjugale. Dans la préparation au mariage, nous essayons de faire passer l’idée que la relation sexuelle est la concrétisation voire même l’apogée de l’amour humain.
On invite les couples à se poser la question : qu’est-ce que la sexualité apporte à notre amour ? Le chemin à parcourir est important. Il est vrai que cela est exigeant, parfois difficile mais source de joie ! La joie de maîtriser ses pulsions, la joie de s’accueillir tout entier et de se donner totalement.

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment a-t-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : la question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ? 

Décrytage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae vitae

Lire aussi 

Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Questions à Frère Grégoire Plus

Comment devient-on moine et ensuite comédien ?

Je vais vous faire un aveu: je ne sais pas ce que c’est un moine… D’abord, on ne devient pas moine comme on devient boulanger ou médecin ! Puisque c’est se cacher pour vivre de l’attraction d’une personne complètement cachée -Jésus- et se laisser toujours plus prendre par lui. ça prends donc des formes extrêmement diverses.
Et le comédien, c’est tout sauf jouer un rôle ! C’est être porteur d’une parole qui nous dépasse, que moi je redécouvre de plus en plus en la disant, et la ‘vivre’ en étant le plus vrai, le plus simple possible; cela suppose donc de l’avoir mangé et d’avoir été porté par elle longtemps. C’est pour moi être allaité par une parole vivante, qui vient nous façonner de l’intérieur, qui imprime sa vie propre et qui rejoint nécessairement notre vie la plus intime…

Etre moine suppose un lourd accès au silence, avec la nécessité de la prière et du retrait, un peu l’inverse justement du comédien qui lui doit faire face à un public en s’exposant ?

Oui, mais le silence n’est pas nécessairement matériel : c’est d’abord une question d’amour : il faut beaucoup aimer pour être silencieux et se laisser rencontrer par le Tout-Autre; comme pour le comédien : il ne quitte pas son intériorité ni son silence intérieur en donnant son texte; c’est pour cela qu’on peut très bien en fait « jouer un rôle » dans son monastère ou sur scène si on est pas pris par un amour fervent, un
amour d’enfant, actuel, qui nous creuse, qui nous blesse et qui fait que même sur scène on n’est pas quitté par celui qui mystérieusement nous attire de partout.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré l’œuvre de Christian Bobin. Et pourquoi justement cet auteur ?

Après des années d’enseignement de la philo à l’étranger, je cherchais des paroles adaptées aux français qui ont un esprit extrêmement critique et corrosif : on a des opinions sur tout ! Et même chez les cathos et le clergé ! Et ça, ça tue la rencontre avec l’autre, ça fait de nous en apparences des petits morts incapables de s’étonner…

En achetant par hasard « l’homme-joie » de Christian B, j’ai été porté et j’ai comme senti une guérison intérieure qui se faisait par rapport à cet esprit intempestif de jugement; Et je vois de plus en plus combien Christian a porté et touché ce qu’il y a de plus humain en nous : l’émerveillement, la lenteur, l’esprit d’enfance, se laisser déborder par le réel, en côtoyant et en ne fuyant pas le banal de nos journées et les expériences les plus rudes: la mort d’un ami, la maladie d’un parent. Christian est un lutteur qui nous lègue un trésor inestimable qui devrait beaucoup contribuer à la guérison de notre pays….

Les mots de l’écrivain sont-ils toujours compatibles avec la Parole de Dieu ou bien encore avec les Evangiles. Est-ce toujours une affaire de foi, ou d’interprétation ?

La Parole de Dieu étant aussi large que Dieu, étant une parole de feu et en aucun cas une morale ou du prêchi-prêcha, les mots de Christian sont pour moi une disposition incroyable à cette rencontre avec nous-même, avec le quotidien, avec l’ami, avec la mort dans lesquels Celui qu’on appelle Dieu -mais qui a des milliers de noms- se cache… Dieu c’est d’abord une question d’attention à ce qui est, c’est une question de
quitter les wagons de nos projets pour se laisser rencontrer par Celui qui est l’ordinaire et le rien, le silence et la solitude, le rire atomique d’un vieillard et le regard fixe d’un nouveau né qui nous dévisage sans pudeur un peu étonné de nous voir là….

Vous m’avez dit un jour que Christian Bobin, était un mystique. Mais qu’est-ce qu’un mystique au fond ? Quelqu’un d’éprouvé ?

Définir un mystique, c’est un peu comme vouloir mettre la main sur le chant d’un oiseau, le rire d’un bébé… c’est quelqu’un qui fréquente tellement Dieu dans la splendeur des jours sans histoires qu’il a finit par lui ressembler : il est devenu aussi frais qu’un nouveau-né, un amoureux, un hyper-vulnérable, un trop sensible, un écoutant, un doux, un naïf, un lent, un patient, un clown, bref tout sauf quelqu’un de sérieux ou qui vivrait avec un rétroviseur permanent sur lui-même ! C’est quelqu’un qui se laisse déborder par le réel, envahir par lui jusqu’à si noyer d’extase !

Plus spécifiquement qu’est-ce que signifie pour vous croire en Dieu aujourd’hui ?

Croire en Dieu s’est mendier tout les jours à Celui qui est là, caché, de venir me dire qu’il est là, de venir me dire qui je suis pour lui, de venir me prendre dans tout ce que je vis, c’est de lui remettre très simplement tout mes échecs, tout mes murs, c’est me laisser rencontrer et rechercher par Lui sans que je ne puisse jamais mettre là main sur lui ou sa lumière ! c’est, comment dire, une espèce d’abandon confiant qui passe par le fait de prendre la main de celui qui est sur le même chemin que moi, celle de Christian par exemple.

Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 3/3

Humanae Vitae emploie le terme « héroïque » pour qualifier les sacrifices parfois liés à l’observation des principes d’Humanae vitae pour les couples.

Oui. Il y a aussi un « appel aux prêtres ». L’authenticité du don des époux, lié à cette fécondité, nous permet à nous, prêtres, de vivre authentiquement aussi notre propre vocation sacerdotale, religieuse. Pour celles qui sont consacrées dans la virginité, c’est ce qui donne le sens du don d’elles-mêmes à Dieu comme de vraies épousailles spirituelles. Il y a une dimension aussi un peu « héroïque » car nous sommes physiologiquement constitués comme les autres !

A l’époque où il y a une crise des vocations, ou il y a une crise de la famille, le lien entre « familles » et vocations sacerdotales et religieuses est absolument indispensable à développer pour un enrichissement réciproque et un approfondissement de l’identité de chacune de ces vocations, de ces états de vie.

Comment diffuser, transmettre le message d’Humanae Vitae ? Quels repères pastoraux pour la préparation au mariage puis l’accompagnement des couples ? 

La bonne manière de l’annoncer c’est d’y croire et de voir que ce n’est pas de la morale normative mais qu’il s’agit vraiment d’une bonne nouvelle pour la vie spirituelle !
Quand on prépare des couples au mariage, on ne prépare pas seulement la bénédiction d’un état de vie pour rendre le couple chrétien. On s’apprête à consacrer à Dieu une union, de manière à ce que le lien conjugal des époux, vécu dans la fidélité, l’indissolubilité, leur donne les moyens d’avancer conjointement vers la sainteté.  Si on reste à un niveau uniquement philosophique et anthropologique, on aura toujours plein de « bons conseils » à donner aux couples… Mais la grande portée d’un sacrement, c’est de porter à la sainteté donc à la vie avec Dieu !
Et en ayant cette perspective, il faut aussi proposer aux couples un chemin qui est beau et attirant. Ça passe par le don de soi, par l’émerveillement devant la vie, la capacité à donner et à accueillir la vie. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Les époux reçoivent de Dieu cette capacité à donner la vie et la donnent. Dans cette dimension d’émerveillement et de gratitude vis-à-vis de Dieu et de « conscience » (cf Familiaris consortio), les époux chrétiens ont un ministère semblable à celui du ministère sacerdotal. Ils reçoivent de Dieu la capacité à donner la vie et ils sont appelés à donner des saints.

Rien de moins !

Rien de moins. J’insiste sur le paragraphe 26, qui est essentiel à développer : l’apostolat entre foyers. C’est fondamental ! Il est vrai que le chemin est ardu donc il faut voir de quelle manière il est possible de s’encourager. Quand le foyer enseigne lui-même le foyer, un lien se fait… Au-delà de la technique, les choses se portent sur la vie spirituelle.

Décryptage avec le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment a-t-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : la question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ?

Lire aussi 

Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses

Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 1/3

Dans les premiers paragraphes d’Humanae Vitae, le pape Paul VI identifie les « nouvelles questions » relatives à la vie conjugale, entraînées par des changements de tous ordres survenus dans les années 1960. Questions sur lesquelles l’encyclique entreprend d’éclairer les consciences. Quels éléments de contexte – sociaux, économiques, scientifiques mais aussi philosophiques – est-il utile de rappeler ?  

Père Antoine de Roeck : La première encyclique sur le mariage et le bien des époux est de Léon XII Arcanum divinae (Lire) promulguée en 1880 puis il y a eu la grande encyclique « Casti connubii » promulguée en 1930 par Pie XI (Lire).  La question de la vie conjugale émerge vraiment au cours du XXe siècle, en particulier à cause de la situation socio-économique des familles, notamment en Europe, où l’on voit, avec l’essor de l’industrie, des ouvriers avec des familles nombreuses et pas forcément les salaires correspondants. Ces points sont donc abordés aussi pour le bien des familles ; comment ne pas sacrifier la vie, finalement, et la valeur unique de la vie humaine à des difficultés qui soient d’ordre social, économique ?

Il arrive que, dans l’enseignement, parfois simpliste, l’union sexuelle des époux ne soit perçue que dans sa dimension de « devoir conjugal », éloignant l’une de l’autre les deux fins du mariage et de l’union des époux : la dimension unitive et la dimension procréative.

Par ailleurs, dans la société, il y a aussi un développement du malthusianisme qui passe par la perspective de l’avortement et par une banalisation de la contraception. Le pape Paul VI a été confronté à ces questions de manière très proche puisque dans son entourage, des proches ont été confrontés à l’aspect très concret du nombre des naissances et de leur accueil.

Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale.

Dans les milieux ecclésiaux, une partie des fidèles et du clergé conteste déjà l’enseignement du Pape Paul VI, à la suite de son encyclique sur le célibat sacerdotal (lire) parue l’année précédente…

En ce qui concerne la préparation et le processus d’écriture de l’encyclique, il y a eu la consultation des évêques et les travaux préparatoires d’une commission ?

Le travail préparatoire a duré très longtemps, puisque le Pape Jean XXIII s’était déjà saisi du sujet dès le début de son Pontificat, en ajoutant au sujet strictement traité par Humanae Vitae la question de la population. Puis, lors des travaux conciliaires, une commission approfondit également la question, avant que Paul VI ne lance une large consultation chez les évêques sur ce sujet que lui-même étudie à fond.

Un livre du professeur Gilfredo Marengo sorti cette année en juillet refait cet historique de l’écriture de l’encyclique à partir des sources contenues dans les archives du Vatican. C’est un travail inédit jusque là. Une thèse a également été rédigée, et publiée en mars dernier, montrant le travail considérable de Karol Wojtyla, alors évêque de Cracovie.
En effet, après avoir eu le retour de tous les évêques, Paul VI a convoqué une commission, dont faisait partie Karol Wojtyla. N’ayant pu venir à Rome pour la réunion de la commission, ce dernier a envoyé ses conclusions dans ce qu’on appelle le « mémorandum de Cracovie ».
Ces conclusions étaient fondées sur une réflexion philosophique et théologique, influencée par sa formation personnaliste (Max Scheler) mais aussi par l’expérience vécue lors de ces temps partagés avec des foyers, notamment ses fameux séjours en montagne où les questions se sont posées de manière très concrète. Par conséquent, il ne s’agit pas d’une réflexion uniquement spéculative mais extrêmement réaliste ! Et tout ce qu’il va développer comme souverain pontife dans ses catéchèses s’ancre dans ce réalisme. (cf « Journal d’une amitié » de Wanda Poltawska).
Dans les premières catéchèses de son pontificat, sur plus de quatre années, Saint Jean-Paul II va développer sur le fondement de la Révélation et de la raison humaine le contenu de l’encyclique du bienheureux Paul VI. Il offre une piste d’approfondissement qui dépasse de loin les considérations légalistes qui peuvent susciter une certaine méfiance quant au sujet traité. On y trouve une réponse objective spirituelle à une question qui est tout à fait actuelle mais qui concerne avant tout la nature même de l’homme et le plan de Dieu sur nous.

« Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale ».

« Le plein accord n’avait pas été réalisé au sein de la Commission sur les règles morales à proposer » : en quoi les conclusions divergeaient-elles ? Sur le registre pastoral notamment ?

La question pastorale était de savoir comment allait être reçue une « illicéité » ; ce terme risquait de « rebuter » les fidèles. Les traducteurs mêmes de la secrétairerie d’Etat remettent en cause la formulation du Saint Père. Après que le bienheureux Paul VI ait retouché le texte, l’encyclique est publiée, mais est reçue très diversement. On craint effectivement un impact pastoral négatif, en pensant que l’éducation des consciences n’est pas facile à réaliser, d’une part, et d’autre part que l’idéal de sainteté est alors hors de portée des fidèles. Tout le travail d’accompagnement consistera à faire comprendre le bien-fondé de cette expression du magistère. Le pape saint Jean-Paul II veillera à expliquer, à faire découvrir sur le fond cette encyclique, qualifiée par Benoît XVI de « prophétique ». Dans le même sens, le pape François a prononcé un sermon sur le sujet à Manille (Lire). « Je pense au bienheureux Paul VI, à un moment où se posait le problème de l’accroissement de la population, il a eu le courage de défendre l’ouverture à la vie dans la famille. […] Paul VI était courageux, c’était un bon pasteur et il a mis en garde ses brebis contre les loups qui arrivent. ». C’est en mettant ce point en relief que le Pape François a procédé à la béatification de Paul VI, manifestant son intérêt pour la famille. Et il n’est pas anodin que la canonisation arrive au cinquantième anniversaire de la parution de l’encyclique Humanae Vitae.

Paul VI a été béatifié par le pape François à la clôture du synode sur la famille. Au milieu des multiples débats ayant occupé les pères synodaux, pourquoi ce coup de projecteur sur les méthodes naturelles de régulation des naissances ?

Il est beaucoup mis en avant autour d’Amoris laetitia des interprétations qui sont un peu en rupture avec l’enseignement du magistère de l’Eglise. Ce qui en soi n’est pas possible ! Le magistère ne se contredit pas lui-même. Et pour ce faire, un des arguments avancés est le « changement de paradigme » : les choses ont changé, il faut savoir s’adapter, etc. Or, par ce « coup de projecteur » sur Humanae Vitae à travers la figure de Paul VI, le pape François, avec d’autres termes mais dans le même état d’esprit, déploie ce que Veritatis splendor (1993) (Lire) a voulu affirmer de manière très claire. Le changement de paradigme ne justifie pas le changement de la vérité. La vérité sur l’homme, la promesse de l’éternité, les moyens de la sainteté ne changent pas ! Ces moyens, c’est l’amour de Dieu et l’authenticité de cet amour dans la vie chrétienne.

Quels sont les points doctrinaux développés par l’encyclique ?

Humanae Vitae développe des points fondamentaux : le bien de l’homme, le bien du foyer et cette fameuse paternité et maternité responsables, sachant que celles-ci s’exercent par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision prise, pour de graves motifs et dans le respect du droit moral, d’éviter, temporairement ou même pour un temps indéterminé, une nouvelle naissance. Mais il ne peut pas y avoir d’esprit de fermeture à la vie.
La notion de générosité est bien mise en avant, en lien avec cette responsabilité. Cette responsabilité est liée à tous les aspects de la vie humaine : ce peut être des motifs économiques, physiques, sociaux… Ce qui est très difficile c’est que la morale chrétienne renvoie à la conscience, cette voix de Dieu au fond de nous même qui nous indique le bien à faire et le mal à éviter. Et cette conscience demande à être éduquée. Elle est parfois confondue avec la morale psychologique qui fait tendre vers un ressenti – je ressens comme ceci ou comme cela – et qui peut nous détourner de la voix de Dieu.

En arrière-fond, vient aussi la valeur de la morale catholique, réaffirmée par l’encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II en 1994. Finalement, c’est l’existence d’une vérité, liée à la personne même du Christ, qui et remise en cause dans la non-réception de l’encyclique. Dans le cas contraire, on en reviendrait à une morale casuistique, à la différence près que la casuistique connue dans les siècles passés était sous-tendue par une foi vivante aujourd’hui très diminuée…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : La question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ?

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae Vitae

Lire aussi 

Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses