« Me voici ! »
45 catéchumènes adultes ont été appelés au baptême au cours de la messe célébrée par Monseigneur Centène dans la basilique Sainte-Anne à Sainte Anne d’Auray, ce dimanche 6 mars. Ils seront baptisés au cours de la veillée pascale, le 16 avril prochain. (Témoignages vidéos ci-dessous)
« La page d’Évangile que nous lisons aujourd’hui (Lc 4, 1-13) est une véritable catéchèse, non seulement pour les catéchumènes qui se préparent au baptême mais pour nous tous, baptisés. En effet, si nous avons été attentifs à l’Évangile, nous avons entendu que le récit qui nous est rapporté, l’évènement qui nous est décrit, se situe juste après le baptême de Jésus. Jésus a été tenté et les baptisés passés, présents et avenir, les catéchumènes, le seront aussi.
Cette catéchèse, admirablement construite, nous donne la synthèse des combats et des choix dans lesquels le peuple d’Israël a échoué dans le désert, les combats et les choix dans lesquels Jésus a été victorieux, les combats et les choix où chacun d’entre nous est attendu et doit se battre sans cesse. Le carême est un temps privilégié pour ce combat spirituel.
Essayons de voir toute l’actualité de ces tentations permanentes. Dans l’Évangile, il est dit qu’elles résument toutes les tentations qui peuvent exister. Ce sont les derniers mots de cet Évangile : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. »
La première tentation, c’est celle du pain.
C’est la tentation la plus banale, notre relation aux choses, notre envie de posséder, de manger, de satisfaire nos désirs, de nous enrichir. Tout cela est parfaitement normal, mais doit être maîtrisé, faute de quoi nos faims corporelles peuvent devenir nos maîtres et faire véritablement de nous des esclaves. Cette première tentation, ce pourrait être aussi de s’imaginer que l’homme pourrait aller au bout de ses désirs par le simple moyen des progrès techniques, par des situations, des organisations économiques ou politiques : « Que ses pierres deviennent du pain. » Mais la vraie vie de l’homme n’est pas là. Jésus répond au tentateur : « L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Pendant ce carême, nous pourrions, à la suite de Jésus, et avec sa grâce, essayer de nous rassasier de l’essentiel, de la parole de Dieu, et de faire taire nos faims corporelles en maîtrisant nos envies, nos désirs, nos loisirs, pour nous adonner davantage à la prière.
La deuxième tentation à laquelle est affronté Jésus, et qui vise aussi tous les baptisés, est la tentation du pouvoir.
« Si tu te prosternes devant moi, je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient. » Cette deuxième tentation est beaucoup plus grave que la première. En effet, il ne s’agit plus de pervertir notre relation aux choses, mais véritablement de pervertir notre relation aux personnes, ne voir les autres que par rapport à soi-même, ne voir les autres que comme un objet possible de domination, de manipulation. Dominer, exercer le pouvoir, écraser. Mais pour faire cela, il faut d’abord accepter de se prosterner soi-même devant quelqu’un d’autre : « Si tu te prosternes devant moi, dit le diable, tout ce pouvoir, tous ces royaumes, je te les donnerai. » Il s’agit donc de se prosterner devant quelqu’un d’autre, au mépris de notre propre dignité. Celui qui prétend prendre la dignité des autres, qui la méprise, qui la bafoue, c’est donc déjà qu’il a perdu la sienne. Jésus Lui-même a été tenté par le diable d’être un roi des royaumes de la terre, en exerçant le pouvoir suivant les habitudes des puissants de ce monde. Plus tard, il dira à ses disciples : « Les grands de ce monde font peser leur pouvoir, qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous, mais que celui qui veut être le plus grand devienne le serviteur de tous. » Pour dire le juste rapport entre les personnes, Jésus rappelle le premier commandement : « Tu te prosterneras devant Dieu seul et c’est Lui seul que tu adoreras. »
Pendant ce carême, frères et sœurs, essayons donc de retrouver la vérité de nos relations avec les autres en retrouvant le sens de l’adoration : « Tu te prosterneras devant Dieu seul et c’est Lui seul que tu adoreras. » Se situer humblement devant Dieu, c’est apprendre du même coup à servir les autres au lieu de les dominer. Adorer Dieu, c’est placer la clé de voute de toute vie sociale, de toute relation humaine, à sa véritable place.
La troisième tentation est sans doute la plus grave de toute car elle ne pervertit pas notre relation aux choses, elle ne pervertit pas notre relation aux autres, elle pervertit notre relation à Dieu lui-même :
Mettre Dieu en demeure de faire ce qui nous plait, mettre Dieu à l’épreuve, sommer Dieu de nous faire réussir les choses les plus folles, les choses les plus impensables, et puis l’accuser de ne pas nous avoir aidés à le faire. « Si tu es Dieu, fais ceci, si tu existes, donne-moi cela. » C’est la tentation de provoquer Dieu, de le faire obéir à nos désirs, d’essayer de faire entrer Dieu dans nos plans, dans nos desseins, alors que c’est nous qui devons entrer dans le dessein de Dieu.
Frères et sœurs, puissions-nous, pendant ce carême, apprendre à nous décentrer de nous-mêmes pour nous tourner résolument vers Le Tout Autre, à nous décentrer de nous-même pour nous tourner vers Dieu, pour apprendre à faire Sa volonté et non la nôtre, parce que c’est Sa volonté qui nous libère, quand la nôtre ne fait que nous asservir.
Pour cela, nous avons besoin que le Seigneur nous donne part à Son Esprit. Pendant cette messe, demandons-Lui de nous l’accorder.«
Homélie de Monseigneur Centène
Messe de l’Appel décisif des catéchumènes
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Catéchèse de Monseigneur Centène
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