Aux vœux exprimés par le Père Adolphe Mayeul au nom de tout le diocèse, Monseigneur Raymond Centène a ainsi répondu:
Monsieur le Doyen du chapitre,
Cher Père Mayeul,
Je veux d’abord vous remercier pour les vœux que vous venez d’exprimer au nom de tout le diocèse, en nous plaçant, cette année, sous le patronage de St Vincent Ferrier.
Je salue fraternellement la présence de Monseigneur François Mathurin Gourvès, mon prédécesseur, et Monseigneur Guy Chevalier, Évêque Émérite de Polynésie française.
Je suis heureux de m’adresser à vous tous, au seuil de cette année 2016 que nous voudrions meilleure que celle qui l’a précédée, marquée du commencement à la fin, par les événements tragiques qui ont endeuillé notre pays comme aussi, vous le savez bien, par des peines plus intimes.
A la peur de la violence aveugle du terrorisme islamiste, qui peut frapper à nouveau n’importe qui, n’importe où et à n’importe quel moment, vient s’ajouter pour beaucoup de nos contemporains le désarroi nourri par les difficultés sociales, la crise économique, le chômage endémique, la fragilisation de la cellule familiale, la perte des repères personnels et sociétaux, la crise écologique qui menace notre avenir et celui de notre planète, les questions liées aux migrations et aux émigrations des personnes qui cherchent un avenir meilleur, qui fuient l’insécurité, la précarité ou la persécution, ou qui, tout simplement, cèdent à la programmation de l’appel du vide démographique.
Il existe des lois physiques aussi pour les peuples. La Terre appartient aux peuples vivants, pas à ceux qui remboursent mieux les frais médicaux liés à l’avortement, que ceux liés à la naissance.
« La Terre appartient aux peuples vivants »
Nous souhaiterions que ces pages sombres soient définitivement tournées mais nous savons aussi que des extrémistes peuvent continuer de semer la terreur un peu partout dans le monde. Et de fait, leurs exploits sanglants continuent à nous bercer comme une morne litanie, France, Afghanistan, Indonésie, Burkina Faso …
Nous savons aussi que les formules incantatoires prononcées dans un déni constant de la réalité ne suffisent ni à reformer la société, ni à assurer la paix, ni à relever l’économie.
C’est dans ce contexte que le Pape François a voulu placer l’année 2016 sous le signe de la miséricorde et qu’il a voulu en faire un Jubilé, c’est-à-dire un moment de joie.
« La joie de se savoir aimé et sauvé »…
C’est cette joie que je voudrais aujourd’hui vous souhaiter :
La joie que donne la Foi.
La joie, fruit de l’Esprit Saint, qui peut nous habiter même dans les pires difficultés.
La joie de savoir que le nom de Dieu est Miséricorde.
La joie de se savoir aimé et sauvé par celui qui nous a créés.
La joie de savoir que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique ».
La joie que l’on peut éprouver quand on peut dire avec St Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour de Dieu ? ».
Cette joie, nous avons eu l’occasion de l’expérimenter dans les grands moments que nous avons vécus ensemble :
- Pentecôte 2015 qui a rassemblé plus de 20000 personnes à Sainte-Anne-d’Auray,
- Ouverture des Portes Saintes de la Miséricorde le 8 et le 13 décembre qui ont encore réuni des milliers de personnes dans tout le diocèse,
- Le « Mystère de Noël », mis en scène par les enfants de l’école de Port-Louis, les visites pastorales du pays du Faouët et de l’ensemble des doyennés du diocèse, pour ne citer que ces événements.
Nous sommes invités à vivre au rythme de la miséricorde reçue et de la miséricorde donnée : « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Le logo de l’année jubilaire invite le sauvé à regarder avec le même œil que le Sauveur. Cette année jubilaire nous invite à lutter contre l’indifférence, et pour la vaincre, à promouvoir une culture de la solidarité et de la miséricorde. Cet engagement, lui aussi, donne de la joie. C’est celle qui naît de l’attention portée aux autres, surtout aux plus fragiles.
« Le service du prochain ne se délègue pas »
C’est dans cet esprit que la Diaconie diocésaine s’organise pour nous aider à comprendre que le service du prochain ne se délègue pas mais que c’est toute l’Église qui est en service : « un hôpital de campagne » dit le Pape François.
Les rassemblements organisés par la Diaconie diocésaine à Lourdes et à Penboch, la journée de prière et de sensibilisation organisée à Sainte-Anne-d’Auray pour les difficultés dramatiques que rencontre le monde paysan, les associations qui accueillent dans notre diocèse une quarantaine de chrétiens d’Irak et celles qui se mettent au service des migrants présents sur notre département ont contribué à briser l’indifférence.
La Table des Princes le 23 janvier, les 200 ans des Sœurs du Sacré-Cœur, les 70 ans du Secours Catholique continueront, en 2016, à nous rappeler que l’amour n’est pas seulement un sentiment mais un engagement concret de la volonté au service des autres.
« Nous n’avons rien que nous n’ayons reçu »
Miséricorde reçue, miséricorde donnée … Ce qui doit nous pousser à être miséricordieux c’est le fait de savoir que nous n’avons rien que nous n’ayons reçu, à commencer par la Vie et par l’Évangile. Monsieur le Doyen, vous avez confié vos vœux à l’intercession de Saint Vincent Ferrier. IL est un de ceux qui ont contribué à nous prêcher l’Évangile. Comme tout Vannetais le sait bien, Saint Vincent Ferrier est arrivé à Vannes en Mars 1418. Il a évangélisé sans relâche notre ville et ses alentours et y est mort d’épuisement le 5 avril 1419. Nous célèbrerons donc prochainement le 6ème centenaire de sa venue et de sa mort.
Avec l’équipe épiscopale, nous avons décidé de valoriser cet anniversaire en faisant entrer résolument notre diocèse, et tout spécialement le pays de Vannes, dans une démarche commune, joyeuse et missionnaire d’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ, en centrant notre action sur les années pastorales 2017-2018 et 2018-2019.
Pour cela, j’ai nommé le Père Patrice Marivin, archiprêtre de la cathédrale, responsable de ce projet, et Monsieur Emmanuel Didier, coordinateur général des activités très diverses qui vont se mettre en place : célébrations, pèlerinages, concerts, colloque universitaire, expositions, spectacles …
Des contacts prometteurs ont déjà eu lieu avec certaines entités publiques ou privées pour combiner harmonieusement la double dimension cultuelle et culturelle, spirituelle et patrimoniale de ces événements.
En outre, une réunion de présentation du projet rassemblera l’ensemble des acteurs du diocèse à l’espace Montcalm le 24 mai prochain. Je crois pouvoir déjà dire qu’une belle aventure humaine et spirituelle va se jouer au sein de notre diocèse dans les mois qui viennent…
D’ici-là, nous aurons d’autres occasions de rendre grâce pour les dons reçus. Nous avons mis à l’honneur le sacerdoce commun des baptisés par la célébration solennelle de la confirmation pour Pentecôte 2015.