Par la manière dont il est entré dans le Jubilé saint Vincent Ferrier – samedi 17, avec les jeunes, et dimanche 18 mars – le diocèse de Vannes a rendu visible le sens de cette démarche jubilaire : revivre dans l’aujourd’hui de notre vie les grâces vécues dans le passé et que Dieu continue à accomplir. A l’occasion du 600ème anniversaire de l’arrivée du saint à Vannes en mars 1418, les chrétiens du diocèse se sont mis en route, refaisant le chemin parcouru par cet infatigable apôtre du Christ, de Theix jusqu’à Vannes : coup d’envoi de quinze mois de festivités. Au coeur de la cité où saint Vincent Ferrier a rejoint le Père en avril 1419, ils ont témoigné de leur soif d’unité et d’évangélisation.
S’étirant sur la rive gauche du port de Vannes, tandis qu’elle s’apprête à pénétrer intra-muros, la foule ne cesse de s’étoffer, au son des bombardes ; 1500 personnes, unies derrière les bannières paroissiales et Monseigneur Centène, les reliques du saint en tête. A l’approche de la porte saint Vincent Ferrier, les regards s’élèvent : si la statue est figée, l’invitation lancée par Maître Vincent à la foule qui se presse dans la ville est bien vivante. Instant saisissant dans lequel se concentrent les deux jours d’ouverture jubilaire, vécus en Eglise. La délégation d’élèves de l’école saint Vincent Ferrier de Vannes entonne le chant créé à l’occasion du jubilé : « pour la Gloire de Dieu et notre sainteté, ravive en nous la flamme ô saint Vincent Ferrier ».
Pour raviver la flamme de la marche vers la sainteté et de la mission, l’impulsion est donnée. « Il n’est pas question de célébrer seulement la mort de saint Vincent Ferrier mais cette année toute entière passée en Bretagne entre mars 1418 et avril 1419 (…) », a insisté Monseigneur Raymond Centène, dans l’église de Theix. Il s’agit de faire mémoire de cet évènement « au sens chrétien et liturgique du terme (…) C’est-à-dire le revivre non pas en souvenir mais le revivre dans l’aujourd’hui de notre vie où Dieu continue à accomplir les grandes oeuvres accomplies dans le passé ».
Répondant à l’appel du Seigneur, saint Vincent va consacrer son ministère à l’évangélisation, prêchant à travers le monde et « semant au fond des cœurs la Parole de Dieu pour qu’elle porte du fruit ». Le 4 mars 1418, il arrivait à Theix, invité par le duc Jean V de Bretagne. « Aujourd’hui nous voulons l’accueillir comme l’ont accueilli nos ancêtres quand il est arrivé à Vannes pour la première fois et pendant cette année jubilaire nos voulons recevoir les grâces qui leur ont été communiquées par sa présence et sa prédication ».
De Theix à Vannes,
guidés par saint Vincent
Tandis que la châsse contenant ses reliques a ouvert la marche, installée dans une carriole tirée par un âne, c’est bien saint Vincent Ferrier qui, dans la communion des saints, a ouvert ce jubilé diocésain. Dans la nuit de samedi à dimanche, les paroisses du doyenné de Vannes se sont relayées pour vénérer ces reliques, dans l’église de Theix. « La veillée nous invitait à une démarche de conversion qui passe bien sûr par la prière personnelle mais aussi par la prière communautaire », développe le Père Gwenaël Airault, curé de Theix. « Saint Vincent Ferrier, qui intercède pour nous au ciel, nous conduit au Christ donc il y a à réactualiser son enseignement, découvrir dans les paroles de maître Vincent un enseignement pour aujourd’hui et une belle source d’enrichissement spirituel pour les chrétiens au 21ème siècle ».
Les reliques du saint (qui reposent habituellement à la cathédrale) pérégrineront de paroisse en paroisse jusqu’à Pentecôte 2019, clôture du Jubilé. « L’objectif est qu’elles puissent être vénérées dans un maximum de paroisses », expose François Cazaban, chargé de coordonner cette pérégrination. « Lorsque nous prions devant une relique, c’est la communion des saints ; c’est à dire que les saints sont des intermédiaires. Tout ce jubilé sera l’occasion pour chacun de venir prier devant saint Vincent et par là même de s’adresser au Père, en disant ‘comment puis-je faire aujourd’hui pour annoncer la bonne nouvelle ? (…) Saint Vincent Ferrier peut nous parler aujourd’hui. Que pouvons-nous faire pour continuer ce qu’il a annoncé il y a 600 ans dans notre diocèse ? « .
Le Père Gwenaël Airault se réjouit de la mobilisation des paroissiens, qui se sont investis nombreux pour préparer cette entrée en jubilé : « Les premiers miracles de saint Vincent se font déjà ressentir ! Cela augure de très beaux fruits pour le reste de cette année ! (…) Découvrir l’histoire, c’est une chose mais il est beau de se dire que ce grand saint venu chez nous nous a apporté le Christ : le Christ qui est hier, aujourd’hui et demain ». L’enjeu est de « raviver cette confiance absolue au Christ, à la transcendance de Dieu. Avec saint Vincent Ferrier, nous avons une belle figure pour nous y entraîner ! ».
Les marcheurs ont goûté les joies de l’unité et de la rencontre entre les diverses composantes du diocèse : territoires, états de vie, générations, groupes et mouvements… « Ma joie est grande aujourd’hui de voir une grande charité fraternelle entre nous, témoigne Emmanuel Didier, « avec les visages très divers de notre église diocésaine, toutes les sensibilités représentées, toutes les générations également dans une marche extrêmement joyeuse et priante ».
Une « feuille de route » pour aujourd’hui
Monseigneur Centène a souligné l’attention de saint Vincent Ferrier pour les plus fragiles : les malades, les orphelins, les prisonniers, etc. Tandis que les pèlerins arrivaient de Theix à pied, le pèlerinage nautique « Cap saint Vincent » accostait à proximité du port de Vannes. Plusieurs acteurs de la Diaconie ont participé à ce pèlerinage nautique. Partis d’Arradon à l’invitation du Père Hervé Perrot, délégué diocésain à la Diaconie, quatre bateaux ont fait la traversée jusqu’à Vannes. Sur l’un d’eux, Stéphane, bénévole au Secours Catholique de Vannes, témoigne du « beau moment » de solidarité vécu : « Nous avons fait de belles rencontres ». Il dit avoir été « touché au cœur » en rejoignant la procession, par l’effet que celle-ci produisait sur les personnes présentes sur le port. « Entendant la musique, voyant les prêtres, les bannières et la foule, tous s’interrogeaient sur ce qui se déroulait ! ».
En ce jour de fête à Vannes, tous se sont avancés « pleins d’allégresse » pour rendre gloire à Dieu dans la Cathédrale où la messe d’ouverture du Jubilé a été célébrée. Dans son homélie, Monseigneur Centène s’est attaché à montrer comment saint Vincent Ferrier, à son arrivée à Vannes le 6 mars 1418, 4ème dimanche de Carême, a donné finalement une feuille de route pour aujourd’hui. « Son actualité est parfaite, sa fraîcheur est intacte. Elle nous met au diapason des dernières paroles de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui : « quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». Que ce soit là la feuille de route et le but de notre Jubilé ! ».
Envoyés pour porter l’Evangile
Pays par pays, le Père Patrice Marivin, curé de la Cathédrale, archiprêtre du Pays de Vannes, a remis une banderole, comme signe explicite du jubilé, « pour repartir en communion, pour vivre l’évangélisation sous la houlette de saint Vincent Ferrier ».
« Notre jubilé nous invite nous recentrer sur l’essentiel pour mieux nous déployer dans la mission : grain de blé tombé en terre bretonne et qui est mort parmi nous pour donner une magnifique moisson. Le Seigneur invite ses disciples à mourir à eux mêmes, à leurs intérêts, à leur confort, à leurs égoïsmes pour marcher à sa suite, construire avec lui un monde meilleur »(Homélie de Monseigneur Centène).