Ce jeudi 29 mars a été célébrée une messe pour le Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame, en l’église de Trédion à 11h. Elle a été présidée par le père Philippe Le Bigot, vicaire général.
« Chers frères et soeurs, chers amis, chère famille et proches d’Arnaud,
Nous sommes réunis ce matin pour prier et nous associer à la famille d’Arnaud qui célèbre en ce moment la messe de ses obsèques à Carcassonne ;
Nous sommes là aussi pour faire mémoire d’Arnaud qui vendredi dernier à la veille de la semaine de la passion et de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, a pris mystérieusement sa part d’offrandes au mystère pascal.
Nous sommes ici pour prier non pas tant pour lui, mais pour ses proches, pour celle qui allait devenir son épouse, pour sa famille, pour ses camarades militaires et gendarmes pour tous ceux qu’il a marqué et qui, aujourd’hui sont dans la douleur, dans la tristesse et dans le deuil.
Dès que nous avons su le sacrifice héroïque d’Arnaud, tout de suite nous avons pensé à celui d’une autre personne : le martyre du Père Maximilien Kolbe qui à la fin de la Seconde Guerre mondiale avait choisi de prendre la place d’un père de famille condamné au bunker de la faim. Le père Kolbe s’était proposé de prendre sa place par charité. Il y avait dans cette mort, terrible du point de vue humain, toute la grandeur définitive de l’acte humain et du choix humain : lui-même, tout seul, s’était offert à la mort par amour ».
Nous pouvons faire un parallèle : le geste d’Arnaud est bien plus qu’un geste héroïque même si nous connaissons son amour de la patrie, son sens de l’honneur (qui fait ce matin ici honneur à la gendarmerie française et à tous ceux qui donnent courageusement, jour et nuit, leur vie pour nous protéger).
Le geste d’Arnaud a une portée bien plus définitive et surtout plus féconde, il ne peut se comprendre que dans la continuité de ce qu’a été sa vie, de sa conversion et de son désir d’aimer et de ressembler toujours plus à son Seigneur.
De ressembler à Celui qui s’est sacrifié une fois pour toutes pour chacun d’entre nous. J’aimerais vous citer ici un passage de Saint Jean Paul II lors de la messe de canonisation du Père Maximilien-Marie Kolbe : « A ceci, nous avons connu l’amour ; celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi donner notre vie pour nos frères (1 Jn 3, 16.) (…) En donnant sa vie pour un autre, le P. Kolbe (comme Arnaud aujourd’hui) a
revendiqué le droit à la vie, en se déclarant prêt à mourir à la place d’un autre, parce que c’était un père de famille (ici par ce que c’était une femme innocente) ; il a revendiqué le droit exclusif du Créateur sur la vie de l’homme innocent, il a rendu témoignage au Christ et à l’Amour. »
Arnaud s’est retrouvé en face de ce jeune qui soit disant au nom de Dieu a assassiné plusieurs personnes dans ce vendredi de l’horreur.
Nous pouvons en vérité nous interroger : qu’est-ce qui pousse un jeune que l’on voit sur certaines photos avec sa guitare et souriant à devenir un monstre au point de s’acharner sur un homme à terre et blessé et l’égorger ? De quelle maladie cette société souffre-t-elle pour engendrer des monstres ? Aura-t-on le courage d’en rechercher les vraies causes plutôt que s’émouvoir trop régulièrement sur ses effets ?
Arnaud par sa conversion profonde avait fait un autre choix : celui de servir sa patrie et sa famille celui de vivre profondément en chrétien ; son choix par le passé lui avait d’ailleurs causé bien des oppositions de ceux qui n’appréciaient pas cette conversion !
Comment ne pas rendre grâce dans ce temps pascal de la valeur unique de ce choix libre qu’Arnaud à poser : non pas de celui de tuer au nom de Dieu, mais de celui de sauver une autre vie au nom du Christ !
En quoi et pourquoi Arnaud a-t-il voulu prendre la place de cette femme blessée une vie contre une autre vie simplement parce que la charité habitait son coeur : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». « La mort subie par amour, à la place d’une soeur, est un acte héroïque de l’homme, par lequel, nous glorifions Dieu.
Oui Arnaud a aimé les siens, il a aimé de charité tous ses frères et soeurs que la Providence lui faisait rencontrer ; il a aimé cette soeur dans le Christ qu’il a vu souffrante, blessée, angoissée, perdue, il a choisi de prendre sa place pour être une image du Christ : l’agneau pascal.
Entrons maintenant dans l’unique sacrifice celui de la messe celui ou dans lequel Jésus vient souffrir comme un agneau immolé par amour de chacun d’entre nous ce sacrifice unique de l’agneau innocent qui nous sauve. Nous offrirons ce sacrifice eucharistique pour que la vie offerte d’Arnaud donne maintenant toute sa fécondité qu’elle soit source de Résurrection ; qu’elle soit source de nouvelle vie pour tant d’hommes et de femmes qui vivent, travaillent et agissent pour nous protéger et pour la vérité.
Nous offrirons cette messe pour tous ceux qui l’aimaient et qui sont aujourd’hui dans la souffrance et la tristesse et nous demanderons à Jésus de bien vouloir convertir ce martyre de la charité dans la joie et la résurrection de Pâques que nous célébrerons maintenant dans 2 jours : « Aux yeux des hommes il a subi un châtiment, par son espérance, il avait déjà l’immortalité ; car la vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux. Et lorsqu’humainement parlant, les tourments et la mort les atteignent, lorsque « aux yeux des hommes ils ont paru mourir », lorsque « leur départ de ce monde a passé pour un malheur, ils sont dans la paix, ils reçoivent la vie et la gloire « dans la main de Dieu » (Sg 3, 1-4).
AMEN